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luiulcar. Ou ne ¡»cul rcconnoîtrc le ibnd dc cc caveau parce <pic des
terres y sonl amoiicckx's. C’est sans doute là <jue rcposoit le corps
du héros. Au-dessus, sur la sommité du lumulus, sont des restes de
conslruction, mais si peu conservés qu’on ne sauroit dire quelle éloil
leur forme. On peul croire que cette bàlissc étoit circulaire comme la
montagne, ct qu’cllc formoit rciiccinto dc l’Aiantcion ou lenqilc consacré
à Ajax. Cc temple ne fut pas construit d'une manière fort solide, car les
pierres qui sc sont détachées ct qui ont roulé sur la pente du tumulus
sont composées la plupart de petits cailloux fortcmoiil liés par Je
même ciment c[ui a servi à la construclion des caveaux. Le tout pouvoit
cire recouvert dc marbres donl on trouve dc foibics débris; uiais jamais
l’édifice n’a pu être considérable. Néanmoins celle construction étoil encore
entière, dit-on, cn 1770, lorsqu’un commandant Turccn üt tlémoiir
la plus grande parlic pour on employer les matériaux à bâtir uu ¡»ont à
peu de distance. Si le sommcL, Ici qu'on le voit dans le dessin, 11c paroit
pas applati, comme il a dù l’èlrc, c’esl qu’en atlaipiant celte masse pour
en arracher les pierres, on a rejeté vers le centre les terres (¡ui les recou-
vroienL (i).
En examinant les restes de ce monument, il esl aisé dc juger ¡¡uc ces
constructions n’ont aucun des caraclcres d’une anli(¡uité Ircs-rcculée,
ct qu’au contraire ils montrent lous ceux d’un ouvrage romain. En effet
Philostratc nous apprend qu'il fui reconstruit par rempcreur lladricn,
qui, visitant la Troade, avoil vu avec peine le squelette d’Ajax cn danger
d’être détruit (2). On nc sauroit donc douter (¡uc cc monticule élçvé
sur le ca[) Rhétée ne soit le tumulus d’Ajax, cl que les conslriiclions
(¡ui le couronnent nc soient sur remplacement du loniJjcau et du lcm¡)!e
qui avoient été consacrés à ce héros, des la haute antiquité, édilices
dont Ovide, Strabon, Pomponius Mêla, Lucain, Pline, etc., nous attestent
l’existence ct la posilion. il doit ¡»aroître également certain que ce
(i) Ce tumulus est Irés-distinct. Il jieut avoir a3
pieds d’élévation perpendiculaire sur environ 8o dc
diamètre à sa base- L’ouverture des caveaux est tournée
vers le midi; et au nord,sur le bord de la mer,
on voit trois grandes pierres informes, enfoncées dans
lo sable, tpii peuvent avoir été détachées dc son sommet.
Au bas est le pont construit avec les débris enlevés
au temple d’.Yjax. Il sert à traverser le torrent qui
vient delà vallée de Thumbrek, ou dc llalileli, el ou
a élevé auprès une funlaine turque. Des environs dc
cc lumulus on disliuguc lrès-bien les deux principales
soaimilés <>u tombeaux qui sonl dc l’autre coté
delà plaine, au pied du .Sigée, et doul AI. de Choiseul
a fail fouiller le plu.s grand. Au-dessus de ces lombcaux
est remplacement de la ville de Sigée même,
occupé aujourd’bui par le village d'Ieni-cliebr, qui se
fait remarquer par la situaliou élevée do ses iiiouliiis.
{l’EUUeur.)
( j) l’hdostrat. Heroic, cap. i , § a , pag. ÜG8.
monument fut riiparépar l’cmpcrcur lladricn, qui n’étoit. ¡n’obablcmenl
pas un aussi habile architecte qu’il cn avoil la prétention; mais qui eut
le mérite, plus convenable à un souverain, de protéger et d’encourager
les arls, ct qui donna tous scs soins à conserver ct relever les ¡»lus beaux
édifices de la Grèce.
La statue (¡ui décoroit l’Aianteion éloit sans doute duc au ciseau d
un
liabile artislc, puisqu’Anloinc la jugea digne d’être olTcrle à Cléopà
àtre :
rendue aux regrets ct aux instances de scs h-gilimcs possesseurs, il paroît
qu’elle arcçu leurs hommages, jusqu’à l’c^ioque à laquelle les empereurs
chrétiens achcvèrenl dc détruire les temples de l’antique religion du
pays (i).
Enfin pour dernière preuve, cl cc n’est pas celle qui doit inspirer le
moins dc conliancc, les restes du tombeau d’Ajax porlcnl encore son
nom; les habitans Grecs les iiommcnl Ai'ai'r ’ rcttSoç ou A ia n t - 'r ë p é ,
joignant ainsi le nom propre du héros avec uu mol grec, ou un mol
turc, lesquels signifient Lous deux un toinheau. Le dernier ¡lourroit bien
être la racine scytlic du mot grec raôoç et a dans tous les cas la même
signification. Les Turcs qui, comme tous les Orientaux, ne conservent
jamais en écrivant que les consonnes, et qui, dans les mots incoiiiius d’eux,
tels ({UC les noms propres, suppléent les vovclles à leur làiilaisie, ont
fait d’a iW , contraction d’Aikvro;, les uns I ld n l , les aulres l l in t (2), ou
tout autre chose encore, suivant le caprice de celui (jui jiarle ou les
habitudes dc celui à (¡ui fou s'adresse. Ce n’est ¡)us à des barbares du
Caucase qu’il faut demander uuc prononciation pure ct des élA-mologies
exactes : les ( j I'o c s ont seuls le droit de prononcer les noms des héros
d’Uomère. \ oilà donc dans la Troade deux lombcaux, celui d'ilus ct
(t) Alcx.iiulre le Grand rendit an tombeau d’.Ajax
les inéme.s hoiuieura qu’ii celui d'Achille (Diod. .Sic.
Lib. X V ll,§ 17, Tom. II. pag. 172), car le premier de
ces héros n’étoit pas moins révéré des (liées que le
dcrincr. Les liahitans de la Troade leur offroientà lous
des .saciilices pour sc les rendre favorables; ils cher-
chüienlà appaiser leurs mânes qui leur paroi.ssoient
toujonr.slerribleset irrités contre eux. On disoit même,
dans la coulréc, que leurs ombres sim uloieiit souvent
Icscombatsqiii.s'éloient autrefois livrés daus la plaine.
Ajax éloil le plus redouté; et, parce que duos sa fureur,
il avoil égorgé quelques trotquMux , les paslcurs cm-
péelioieiU leurs brebis d’approcher de sou tombeau,
regardant les herbes qui croissoiciU aux eiivirous,
J'oine 11.
comme uni.sible.s ct maifaisantps, Suivant l’opinion
accréditée, ce héros sortoit fréqueniineiu de son sépulcre
pour effrayer les habilaus du voisimige, et alors
il puussoit des luirlemens affreux. Ou prélcudoil que
son ombre avoil onze coudées de hauteur, c'esl-â-dire
environ ib pieds 6 pouces de France, ce(|iii éloit sans
doute calculé sur la profondeur du caveau qui reii-
l'ermoit son corps(Phiiostiat. Heroic, cap. i, § 2, pag.
068 ; cap. 2, § 9 , pag. 681 et 682. Icon. Lib. I I , § 7,
pag. 820). (JÉditeur.)
(■1) Les Tu res prononcent haut on hint ou hind, mot
qui signilie dans leur langue caverne , parce qu’ils ont
cru voir dans le uom de aianl ou oeaiU la désignation
tlu caveau qui reufermoit le corpsd'.Ajax. {VÉditeur.)
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