
i|ui le (üi igèreul. 11 (it lo clianne do quol([iics sociétés par l’agréineiil do
son es[« il cl la ricliesso de ses souvenirs. Personne ii’avail plus vu, plu.s
olisorvé, ne savait plus do clioses, ne connaissait plus de personnes, n’avait
une conveisalinn mieux soutenue cl plus notirrie, une diction plus facile
et plu.5 élégante, des manières plus polies; il e’iail du petit nombre, el au
jiremier rang do ceux <]ui coiuservcnt la tradition de rancieniic uibanilc
française- 11 cultivait toujours avec le luèiiie goût les lettres cl les ails :
il publia, en iSog, une première [Kii tie du second volume do son Voyage
pitloresquc dans la Grèce, Cc second volume, inachevé, est plus savant,
11 aniionoe uu esprit plus mûr que le premier; il est moins varié, moins
décoré par le luxe des arts. Tout porte à croire tpi’on trouvera dans les
pa|iiers de rauleiii- lous les matériaux nécessaires pour le compléter. Plii-
sieui-s de ses savantes di.wcrtatioiis orueiil les 3Iéinoires de l'Académie des
Jnscriplious et Belle.s-LcUrcs dont il faisait toujours partie- Il se dcla.s.sail
de ses travaux littéraires par d’auti-es occupations qu'il afTcclinniiail d'aulaut
plus <ju’elles lui rappelaient scs pieiiiicrs voyages, son principal ouvrage et
ses pix-mieis succès. 11 faisait cousliiiirc, dans un beau jardin, au bout des
(llianqis-ltlysées, lui magnillcpie palais dont le fioniis|nee, failsm- le modèle
il’uii de.s leiu|ilcs les plus célèlires de la Grèce, était décoré des superbes
carialidcs du tcnipla de Minerve, et rempli des monumeiLs qu’il avait actjuis
il gi ancls li-ais dans so-s voyages :
JIJur.
Aucun Français n’avait été [dus lidèlc à la cause (lu Roi cl dc la inon.arcbie
française; ancmi ne fui [dus sensible au siiccds do cette cause sacrée. .M. de
Ghoiseul devint membre du conscil-privé, ministre d’ I'llal, pair de Franco;
il prononça, en celle dernière ipialilé, plusieurs discours où rcs¡>iienl
l’amour do son Roi cl do sa patrie, ot les scnlimcns nobles et géuéeciix dont
il était animé. Sa sauté, forte jiisipùilors, éprouva une .secoii.vsc alarimmle
il y a un an. On lâchait en vain do sc di.ssimuler que e'était une véritable
attaque d’apoplexie : l'organe de la parole en resta fort embarrassé, et il en
était péniblement alTeeté. Gepemlaat, ses facultés intelleeliiellcs étaient
toujours les imanes; el il lit encore iinpiimer, au mois d’avril dernier, une
Opinioti sur lo Budget, (ju’à-la-vérilé il u'avail |iu prononcer à la ullniiie
des Pairs, mais qtii était pleine dc vues clendues, profoiiilcs, patrlollques.
On espérait tout d’uii voyage aux eaux d’Aix-la-Glui|)elle , lorsque la funeste
lettres et do rj'ilal- 31. dc Clioiseul, ayant eu le mallieur de perdre sa iiro-
iiilère feiimic, avait épousé en secoiiiles noces 3I.""' la princesse de llaufre-
moiil, qui l’avait accompagné aux eaux, et ipii ont la douleur de le perdre
lorsqu’elle lui donnait les pins doux et les plus tendix's soins, el avait les
meilleures e.spéraueos. J’aimerais ii retracer ici sc.s aimables (¡iialités, Ct colle
confonuilé de goût ct d’agrément dans l’esprll qui l’avait alUiehéc à 31. de
Giioiseul ; mais elle tic me pcrmeliraii que de parler dc sa douleur, et il est
trop dilllcilo dc la poindre.
E x t r a i t d u D is cou r s p ron on c é p a r M . I j a y a , le 5o no\>embre 1817,70117- d c sa réceplLon ci l'A ca d ém ie
F r a n ç a is e , oit i l rem p laça il 31. le ConUe de C i i o i s e u l - G o u f f i e r .
M. le comte de Clioiscul-Giiunier , auquel je succède paenii vous,
Messieurs, s’éluit livré à un genre d'étude el de travaux scicnllliqiies qui ne
potiiraicnl (ùalilir, entre lui cl moi, que dos rapports éloignés; mais, entre
lui ctinoi, il est poiitlam un point de confonnité que je m’ap|ilaudis de
trouver. Gonimo lui, je m’honore d’avoir montré, dès ma jeunesse, dc
l’aversion pour riiidépendaiice anarcbique, qui ramène les peuples à la
barbano par les excès; non moins i|uc de l’éloignemenl pour le despotisme,
qui les pousse àl’imarcbic par le désespoir. Dans icsécriLs dc 31. do Choiscul,
je rciiconli c im ami des iiistitu lions immarcliiques, mais un de ces sages amis
(|ui no comprometlenl point, )>ar tin zèle aveugle, la cause qu’ils cmbrasscnt-
Jiclalrc par les lumières dc sou .siècle, il jugea que les progrès de la raison
étaient tels, qu’il u’y avait plus à Cniindrc ni à e.spcrcr do lui faire faire des
[las retrogrades- L’bommo uu’u- ne .saurait reprendre les penclians, ni les
habitudes de l’adolcseeul; o.l le prudent législateur songe ii prolonger, poulies
peuples fail.s cpi’il goua-ome, cc point si ¡irécieux dc niatnrilc qui les
miiintieui oulic les brusques saillies el tes cgaieinciis du jeune âge des
nations el les faiblesses, les faiix-pas el les cluiies des siècles de décrépitude.
11 seul (|u’oii ne [icul loi-drc impiincmenl leur c.sprii et leur caiacièi-c : eo
ressort, que vous voulez couflacr, éclatera dans vos mains; ce lleuve
eiiU-ainanl, .aucune force liuinaiiic ne pourra le rcnioiiter. Ces remarques
sont devenues commîmes, 3Icssieiii-s, dejiuis que nous bciiisson.s le gouvcr-
iicmciil tl'im pi-iiicc qui lui-niéine a posé devant la |niis.sanr,c royale ie mur
d’iiiraiu dc la loi; qui a voulu régner par la loi, voulant ne régner que par
la jiislioo; (jui a mis eu pralique cette théorie du bonbcui- gciiéi-al, conçue
el enseignée par les sages, soiiiie el embrassée [lar les pciqilcs, dcvemie eiilbi
10 codccpii désormais doit régir le monde, nu nom de cette raison souveraine,
h laquelle les puis.sances de la tei-rc doivent .se .soumettre, coimnc autrefois
le maître de.s Dieux sc soumellail aux airt-Ls iri-évorablcs du Destin. Voilà
ce que de bonne liciirc a su i-eeounaîlrc un raonat-quc qui exerça sou jeune
âge dans lo.s it-avanx dc l’esprit, el fortilia sou àmc dans ces épreuves
salutaires do l’adversité, où l’on nn prend que des priiici(>es généieux.
Hommages soient dniu: vcudus, dans ec temple des lettres, au prince qui
liouoi-e le.s lolU-e.s en les piolcgeant, cl s’honore liii-mibne en 1rs cultivant;
ainpiel son vaste savoir au rail iiiéiilé des coiii-onncs lilléraires,»! .sa naissance
C’est sons do paittüs cbcis,
mérite elà la vci-lii, (pi'ils
i-ceoi!i:aili-o el lioaorer aulour d’eux; c’csl sous rcinpirc de ces juges
•Mipi-èmes (les lalens el de.' sers ice.s, ((ii’il est gloi-iciix d’allii-ei- sm- soi rpiel-
ques témoignages d’estime, ou de resvcgaixls d’encoui-agcmenl qui sont plus
liiilieiir.s quede.s i écompense.s;ol l’iiiie des di.slinclions paniciilières atl.iobces
11 la famille des Gbiùseiil, c’est d'avoir, presque eu tous les temps, obtenu l.a
eonfiaiice dc nos rois. D’augustes suffrages (el je dois m’en féliciter) ont eu
(|uclipiesoi-iepi-(k-cnn tout le bien que j’.ai àdliedc l'uu dc leurs desccmlims.
Gorlcs celui que noms regrettons ne doimeia point d’embai-ras ;i scs jiaiié-
g-y-visle.s. On peut le louer sans détour oi-atoitx-, san.s toutes ces pi-dcaulions
arli/icielles, ipii .sont une insulte, et quelqiicfuis une acte d’accusation.
Les aiicèlces de 31. de Gboi.scul avaient brillé p.aimi ces .avenlnreux
ebcvalicrs qui ilissipèronL, loin do leur ixitrie, tant de courage cl d’esprit
franonis. Sous l’élondaiil de bi croix, ibs avaient lumioeic de leur sang les
plaiii(.-s dc la Palcsliue. De siècle on .siècle, ils avaient conservé rbércililé
(le grandeur (|ui devait ¡lasseï- iiisqu’ii leurs derniers neveux. M- de GlioiseuI
ani-ait pu peii.ser que sa seule tâche, à son tour, éiail de IransmcUrc aux
siens ce dépiil honorable. Non, Me.ssicui-s, une-illiistralion tpi'il n’eût
reçue i|iie de redet ne pouvait .salisfaire .sa généreuse aiulillion. Quelle
gloii-e jxHii- im grand (.se dkall-il ) do ii'olrc qu’ime simple cprenvc dc
1 iimigc de ses iiuoi'-li-es, loi-sqii'il n’ajoute point à leurs traits quelques traits
parliculioi-s qui dislingiienl 1rs signes dc famillo.sans les effacer! Reprodiui-c
.ses aïeux lois qu’il.s sont, ce ii’csC que 1rs copier. M. de Clioiseul lit doue
ooiiimo .-.’il u’avail |ws déjà un giiiud nom; il travailla à .s’cn faire un. Dans
un lige où fou i'j.1 ;i-peinr eajiiible de .seinir le prix du savoir, déjà il
l'bouorait. dans le.s luilies; il était déjà l’appui des Icltres, avant d’oser ci-oii e
'|ii il eu .serait uu join- rbnimem--
N’atiemloz poiiil de moi, Mes.siein s, (pie je suive pas à ¡xis 31. de Glioiaenl
dans sou liimoialile cari-ièri-. Je ne [lüun-ais que rcUaccr incomplélcmcnl
le dc ne eiidrc à sa mémoire
l ¡lilis digues
Il fait d'avance admirer
toute la pan d’éloges ((iii lui est duc, je risquerais dc la conipi-mnelli-e par
iiii nialadroil liouimagc. Un prinlre plii.s habile x-oiis a préparé sans doute
ic portrait fini du digne collègue f|uc nous eélidji-oiis. Exercée ;i l’école de,s
La Rocliefoiicauld, des La Jli-uvèi-c, des Vaiivcnargiie, ihm.s la définition
descri[itivc des inoeiii-s de la société ct des traius cai-aclcrisliijncs de l’iiiimmc,
sa plume, i-iclic en aperçus lins et péiiétrans, ingénieux cl pbilo.sopliûpic.s,
aura saisi, Cl sama vous i cndre ces H alls dc pbysioiiomle niiii aie qui écliap-
pcraienl à la mienne, puisi|uc je n’ai ¡las coiimi la personne de 31- de
Ghoi.sciil, ct que je n’cxprinici ais pas .avec imo élégance aussi précise, quand
j’aiii-.ils eu riionneui- dc le connaiti-c.
Je me iioi-iierai donc à rappeler rpiclques éjiüqiie.s de sa vie, el qucl(|ues
productions dc sa plume qui ont, les unes précédé, les antres suivi lo
¡lubücation dc son Voyage pilloresque de la Grèce. Ces pi-odiiclions sont
des 3rémoires qu'il ne me serait ¡icrmis d’ajiprécier (pic sous le rapport de
rexprcssion, ne me i-ccoiniaissaiil p.is, .sous celui de la doctrine, juge
conijiélciil de leur solidité ou de leur mérite.
Jfamiée dernière, Messieurs, dans x'olre séance du l.'î avril, riiistilni,
cri corps, a entendu la leelriie d’une Disseiinltoit sur Homète. C’était
comme menibi-e dc ï Academic des Inseriplions el Belles-Letlres, que
.M. dc Cboi.seul-Gouflici- venait joindre .sou tribut à ceux que les Uois
aulres sections dc i'Insliuil royal offi-iiiciit au public en celte ine'iiKii-abl(î
jom-néc. Dans cet écrit polémiijuc, l’auleui- di.seiilc axoo goût rupiiiion do
deux savans étrangers, lous deux |iai-lis;ms obstiink du ¡laradoxo. Il les
vile.s dont (111 doit toujours
actes de sa vie; et, ce qui serait pis que d.
tiser envers des bominos d’im esprit sujn
qiioicpr’oii les réfute. Les aulres écrits,
|iii sont un Mémoire sur l'IIippo-
drome d'Otympie, et AesRecherches si
r le Bu.sphoro de Thrnce, oUi-onl
1111 résumé d’indiiclliins plus Ou moiii
encore à la sagacité des vrais juges eu .
es matières. Gcue lecture, instrucles
live pour quelijues-ims, ne petit être qu’agré.iiilo pour tous, par rallv.-ilt
des sonveiiii-s (¡u'ellc réveille dans les es|>iits, ct ¡xir cet iiiléi-èt ¡lai-liculici-
qui se i-aiwcbe lonjours à co qui nous vieiiL dc l’autlqiiilé. S’il était vrai
que ces Mémoire.s i-eiifennassenl (¡iiclqucs opinions cn-niici-s, rautoiii-,
condainné par les savans , serait ali.soiis ¡xir ces nonibi-eiix leclciirs qui
n’aperçoivent ¡ilii.s de fautes oii ils reneoiurcnl des idées fines, el ce qu’un
nniimie de l'esprit ; Or on ne .saurait disciiler avec ¡Jus dc lléIicatc.•s^e, ni
peindre avec plus (le rliamie. 11 semble, en |>liiMeurs eiidi-oils, que ces
écrits scieuliliipies soient la prodiiciiou d'un poète.
TotilcfoLs, le vrai litre litlérairc de 31. dc Glmiscul, Messieurs, c’osl 1«
Voyage piltoresque de la Grèce, coinposilion ¡miiicnsc, beau momuneiit
qui mérite d’ari-èter vos regards, tout iiiaelicxé (pi’il est dans pliisieur.s do
ses parties.
Les coimais.ymoes bninaitie.s, 31c-ssiem-s, forment un domaine ¡ivesque sans
lionie.s, que les ilii-ors csiirius se pavUagonl et cullii enl avec dos procédés
coiiiine avec des pi-oduits difféieiis. Uu seul homme, quelle (¡ne fût .sa
ctqiacilé, iic saïu-ait véii.ssii- à faire cgaleracnl lotit valoir dans ces cultures
si xariées: mais il ¡leul, en .s’alUicbanl do I'rclerence à en bien connaître une
seule, éiuilioi- le.s aulix-s, et stinoul ne les pas dédaigner. Ainsi 31. de
Gboiseiil, porté par vmc ciiriosilc vive, Irès-natiirollc an jeune âge, vers
les objets qui fiappciil les yeux avant de frapper respi-it, conçut un grand
amour pour les arts cl pour les reclicrclies de l ei iuliliou ; mais, doue d'une
imagination ardente, (¡ui voulait èli'c satisfaite, et (¡ni ne pouvait l’étre pav
ccs simple.s notions tcclmiqiies que saisis-senl toutes les intelligences, (pie
rclicniieul toutes les mémoires, il pensa que la science, pour (¡u’ellc soit
honorée auUml qu'elle est lioiiorable, ne doit point rester à la porléo du
vulgaire ; qu'en laiss.aiil à lovi.s le pouvoir facile d'aequérlr les connaissances
positives, il fallait étendre l'ctmle au-dela d’une observation .sYsiéniali(|UO
et matérielle. Persuadé que la seienco, belle de soi-im'mc. pouvait cneoi-e
èli-e embellie pai- la culture de.s leltrcs, dès sou jeune âge, il .songea à se
former au talent d’écrire; et il eut le lionliour d'apprciuii-i-, d'ini iiiaiue
excellent, l’ai t dillicile de |ieliidro la pcnsie ¡lar rex]>rcssIoii. lA’iiigénieiix
aiilciii- des Voyages du jeune ylnncharsis, qui, dans ce lix-ro d’une
éi-udilion pi-odlgieiisc, sans (¡ii’il olIVe l'-ibiis du savoir, avait jeté à pleines
mains ces lleurs d’alticisme, el pavlout icpaiidu ce doux parl'imi d’auliquitc
' Il