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366 V O Y A G E P IT T O R E S Q U E
Hector, avec l’aide d’Apollon, rallie scs Ivoiipcs, l'ait reculer les
Grecs jusqu’au vaisseau de Protésilas, s’en approche el y met le leu.
Achille aperçoit aussitôt la llammc, ct ordonne à Patrocle d’aller
sauver le bâtiment. Gelni-ci ])art à l’instant à la tèlc des troupes
d’Achille, se jette sur Hector et sur les Troycns, <|ui désormais ne
pourront s’approcher; el ainsi sc trouve accomplie la parole du ¡¡ère
des Dieux ( i ) ;
3 .° Achille répondant aux députés envoyés par Agamemnon pour
le fléchir, leur a dit ; » Je ne penserai point â combaUre avant qu’llec-
« Lor, massacrant les Grecs, ne soil parvenu jus<ju’â mon camp, et
» ne mcUc le feu à mes vaisseaux '> :
O'J yàp xplv -oléfioio p-sizcrofrat açaaTosvTOç,
Ttptv y’vio'j ïlpiàpioio âacŸpovoq, "Ev.Topa ôTov,
Muppuiovuv ¿Tti -rs y.hfziaç y.al vnaq usaOccc,
XTeiVoyV 'Apysiovç, xaxà rs zupt v/)aç.
lUad. Lib. Ï X , v . G4 6 - G 4 9 .
Et en effet, il nc fait prendre les armes à Patrocle que lorsqu’il voit
la flamme s’élever du vaisseau dc Protésilas. « Je uc m’étois pas engagé,
« dit-il alors, à conserver une éternelle colère; elle dcvoit cesser à
» l’instant où J’onncmi parvicndroil jusqu’à mes vaisseaux » :
OiJ$’ àpa îîsp r,v
àGXEo/Jç y.£y_olùoGai ¿vc ^pscriv. r!roi £fr,y ye
O'J Trpî'j (j-'/iyiOfiov y.KTorauaeptsv, àlX éxorav or
VRaq sfjià; doiy.RXat à.arh x s -ro lsp -o ç Te.
lliad. Lib. X V I , V. G 0 -G 3 .
4 -“ Si ce vaisseau dc Proüisilas n’eiit pas été tout ¡»rès de ceux
d’Aehille, Palrocle n’auroit pu se jeter avec tant de promptitude sur
les Troycns qui vciioiciiL d’y mettre le feu. 11 siilht dc se rappeler
comment le poète peint les ¡»rcmiers efforls tle Patrocle en celte occasion,
(¡ui exigeoit une si grande célérité. A ¡»eine les soldaLs thes-salieus
sont-ils sortis de leurs vaisseaux, ex. vrù'j syjonzo Mvpp.io'cvsi; (;».), (¡u’jIs
fondent tous à-la-fois sur les Troyens, sv $' heacv Tpueomy àoD.éeq (3).
Nous remarquerons aussi que les Grcc.s n’aperçurent les Ironpes
( l) Ilomer. lliad. Lib. XV, v. 5g — 70 , 336 el
Lib. X VI, V. la ô , 1 2 6 ,1 3 - , 384 — sgS.
(a) Id. Ibid. L ib .X V l, V. 267.
(5) Id .ib id ., V. 276.
DE UA G R È C E . 35^
d’AdiilIc pi-ai.im enfin pan à la guerre, que lorsqu’elles étoiem déj,à
engagées avec l’ennemi, eu avaut du vaisseau de Protésilas. Si les vais-
scaux de ce princc ihcssalien eussent été placés à la gauelie, ou seulement
.au milieu dc la ligue, lo poète ii’atiroit pas manqué d’indiquer la
marche des cinq hataillons dc Myrmidons; cl il auroit dit si celle
marche s’éloil effectuée cn-deliors ou eri-dedan.s des rctranchoineiis,
ainsi qu’il a soin dc l’expliquer, lorsqu’Ajax sc porle an secours d !
Méncslliéc. Dans co passage, le jioèlc no manque point (l’exjirimcr
qii’Ajax y court ie long et cn-dcd.ans dc la muraille, zs/yjK h/r-i; (i) .
Si les troupes d’Aehille ciisscnl aussi longé toute la ligne, llomère
anroil-il négligé de peindre la surprise cl la satisfaction ejcs Grecs, en
v o p u t dc sihravcs guerriers sortir enfin dc leur funeste inaction, ct leur
jircter un secours inespéré? et si les Grecs eussent vu dc loin arriver
à eux ces formidahlcs phalanges, n’auroicnt-ils pas repris courage et
attaqué de nouveau les Troyens? Nous les voyons au contraire rester
sur la défensive, ct nc s’avancer que lorsque Patrocle a déj.à tue
Pyræchmc, cliel des J'éoiiiens, qui persiste à vouloir brûler le vaisseau
de Protésilas (a). Enfin, si ce vaisseau n’eût jias été près de ceux
d’Achille, il csl évident qn’il eût été brûlé, consumé, avaut que Palrocle
pût y arriver : lorsqu’on le suppose près d’ \jax, la distanee est prodigieuse.
Homère d’ailleurs nc nons apprend-il pas que la Hotte dc Sala-
nnnc avoit à sa droite celle des Vlbénicns; comment placer onlr’clles,
cil quelque sorte furtivement, les /¡o navires de Pi'otésilas?
Dc toutes CCS preuves accumulées, cl dont une seule eût peut-être
suffi, si je n’avois à combattre d'iiiqiosantes .autorités, ct surtout de
longues liabiliidcs, il résulte qu’Homcrc a certainement entendu jilacer
la Hotte dc ProtésiLas près du quartier d’Acliillc, cl que, sous cc rapport,
le poéme se trouve d’accord avec le catalogue.
Mais si la place assignée par Homère à la liottc dc Protésilas, me dlra-
t-011, est aussi évidente que vous le prétendez, par quelle fatalité des
commentateurs éclairés ont-ils jm tomber dans une erreur dout ils
avoient les moyens dc sc préserver? Je nc craindrai point de réjionilre
qu’ils étoicnt trompés jiar des e.xprcssions dont le sens ai oit été
tl’aboid mal saisi, ct aiuxquellcs on le conlinuoil loujonrs snr jiarole
et |iar une aveugle baliitude (3). Ceux qui s’ajicrcevoieiil de l’incerli-
ludc ct du vague de leurs idées, nc s’eu tourmcnloicnt jias long-lcmiis;
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^ SîSl
(1) llomcr. llilul. Lib. X ll, V, 5;.1.
(2) la . ii)ia. Lib, x \ 1, V. 287 - 296.
ç3) l'il sclioliasic de l’cdilioii domme par Villoison
( page 5a6 ) , croit quo la lluiiJIe du IVoiiVilu!, litoit p n s
i I
) '