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souvenir cloit cher aux Grecs, auroit-il négligé une moilic enlièrc de
sou lahlcau ? comment auroit-il totalement omis les dernières circonstances
de cette course, dont il a si bien désigné les premiers pas? Il conduit
les guerriers de la porte Scée au cbemiu pulilic, à rErimios, aux sources
du Scamandre; ne les auroit-il pas également roprésenU's courant sur les
bords du Simoïs? N’auroil-il pas exprimé riiiquiétude des assiégés sur
Tissue d’un combat dont la scène venoil de changer, ainsi que l’empressement
dc Priam cl d'Uécubc, à sc porter sur la parlic opposée des
murailles, pour suivre des yeux leur clicr ct malheureux Hector? Les
li'oupos d’Achillc scroicnt-cllcs ainsi restées loin dc leur chef, hors d'état
de le secourir, dc le voir, et dans l’incertitude absolue dc son sort?
Hector, frappé de terreur, et-sc inéfiaiil do scs forces, essaie dc sc
rapprocher des murailles dont il s’cst imprudemment éloigné; il espère que
les Troycns, spectateurs du combat, pourront, du haut des tours, l)lesscr
Achille à coups de llèchcs; mais celui-ci parvient toujours à le dcvaiiccr,
ct le force de sc rejeter vers la plaine. S’ils eussent tourné autour dc la
ville meme, c’cstalors que les Troycns auroient eu sans cesse les moyens
d’accabler Achille; cl les deux guerriers u’auroientpu se poursuivre dans
la profonde gorge du Simoïs, sans passer au pied même du rocher perpendiculaire
qui portoit la citadelle ctla lour d’Ilion. Vainement vondroit-
on objecter que je tire cel argument d’une simple présomption sur lanatiire
du terrain, où je prétends j)cut-ètrc trop légèrement, dira-L-on, que lut
la ville dc Priam : car quand bien même il nc se réiiniroil pas autant dc
preuves eu faveur dc mon opinion ; (juand bien même je me Irompcvois
sur cet emplacement, l’observation (|ue je viens dc présenter n’cn scroit
pas moins juste, puisque nous savons qu’Ilion éloil inaUaquablc de tout
autre coté que le couchant, à cause de sa grande élévation cL dc la jyroibn-
dcur des gorges qui Tcntouroicnt. Ainsi, lors même qu’on lui assigncroit
uu autre cmplaccnienl, il l'audroit encore qu’il offrît les mêmes crrcons-
lanccs locales, et il n’en .scroi l pas moins invraiscmblaljlc que les guerriers
en eussent faille tour.
Toute la diflicLilté de cc passage consiste dans la signification du nioL
TTfp'i SiTonveullirc ces vcrsavec attention , on s’étonnera bientôt
que les traducteurs aient choisi, de toutes scs acceptions, prcciscmcnl
celle qui s’accorde le moins avec le sens général du passage. Le poète
s’est attache à décrire cxactcmcnl la course des deux guerriers; cl nommani
successivement les lieux où ils passetti, il les fait tourner réellement
cn face dc la ville, ct non pas autour do la ville. Les deux derniers
vers dc cc passage 11c sont que la rccapiudation des dclails prcccdens, ils
lie peuvent donc pas cn contrarier le sens formel ; c’csl cependanl cc qui
scroit, si 011 leur faisoit signifier qu’AcliilIc et Hector ont tourné trois
fois autour de la ville; circonstance dont rien n’a jusque-là fait naître
l’idce, ct quo rien n’indique dans cc qui suit. On attribucroit ainsi à
Homère un défaut d’ordre dans sa marche, qui dcvicndroil une làute
dc goût, et de cc goût essentiel ct primitif, qui uc varie ni avec les
moeurs, ni avec les siècles, parce qu’il tient à la liaison des idées, loujours
également nécessaire aux bons esprits.
On sait que les prépositions grecques sc prêtent à rendre divers sens
quelquefois assez éloignés, ct quo cc sont presque toujours les expressions
qni les accompagnent, ct l'intention de la phrase, qui déterminent
leur vraie signification, ntpi signifie bien, il est vrai, dans beaucoup de-
cas, autour, c ircùm ; mais presqu’aussi souvent il veut dire au devant,
proche, contre,p rò, co/itra (1 ) . nipi a évidemment co dernier sens dans
plusieurs vers d’Homère, très-analogues à celui qui nous occupe; et il
seroit facile d’accumuler ici un grand nombre de citations ; mais ce vain
étalage dc la plus facile érudition ne feroit qu’arrêter, sans aucun fruit,
le lecteur, ct me détourner dc la route que je voudrois parcourir plus
(l) Aaoi p iv Ÿ itn S a u a i m p i m h v .
lliad. Lib. VI. 317.
Les troupes périssent dei’ant U ville.
no).Xoi yxp rsp! âazj piéyx Tlptiaoio futyovTii
riéaàOxAkuv,
Lib. XVI. 4 ',8.
Car les fils des immortels combalteut en gi
nombre devant la ville de Priam.
T« (f cO.yiov, xi sSCtpaiv,
iOSiiv éx vnàtv, r.sp! ze,'xi9t àuui /uaxcoSai.
Lib. XVIII. 279.
Alors tnallicur à lui, s'il veut, sortant dc ses \
seaux, venir combattre contre nous devant nos 1
railles.
raiioiè, f«.z>;«psvoi 7ip! âazu.
Lib. II. 5o8.
Les Grecs, dil Politès. s'avancent dans la plan
combattre prés ilc la ville.
Lorsque Cointus do Smyrne dit qu'on pinça le
tombeau de t'amazonc Pcniliésiloe snr une tour
snillanle, coiiirc le rempart, il emploie ces mots ; Fspl
Tflyo; rJô)j>iToy ¿7!zrjpytp rtpavyoyzi. Coint. Srayni. Lib. I,
798.
Ou pourroit trouver d'aiilre.s exemples également
frappans dans les orateurs ct les liisloriens'; mais je
serai dispensé de les citer, lorsque je dirai qn’ayaut
coiisiillé l'abbc BarlKeleini avec une grande méfiance
de mon opinion. il me répondit : « Vous avez tellement
raison, que je ne crois pas nécessaire dc faire sur ce
passage une note aussi étendue que celle que vous
avczpréjiarée: je lastqtprimerois, et je me couteutcrois
daverlir que les traductions de madame Dacier ct de
quelques autres trailucleurs offrent une négligence
d'autant plus inexcusable qu'Homère ditfovmdlémcnt
qu'IIeclor faisoit do vains efforts pour approcliee de la
ville; il n'avoil donc pas tourné autour des murs:
T.cp! rèv rûOzv signifie aux enviroii.s dc la ville , proche
la ville. 3.C texte d’Homère ilil ; .. de même Achille et
» Hector tournèrent trois fois avec rapidité devant
>■ la ville de Priam..,
M. Itilaiibé a fait la même faute que madame
Dacier : a tels ces deux liéros volent trois fois autour
do l'enceinte dc la ville de Priam ...
Lciirc tic l’abbé Baiihdemi, à l'Aulour.
2Î novembre
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