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2-hs y o y a (; K r i x x o n e s q u e
Irouvrr icl que le déjiciiU flouièrc, scrpouUmL ciilrc deux rives ver-
dovaiUcs el couvcrlcs dc licurs. Ou Iravcrse ainsi la plaine ciiUèrcmonl
dccouverLc ct bien cullivoc : nous clions brûles j»ar rardcnr du soleil,
mais n est-ce rien que dc se désallcrcr avc(' les eaux dn Xanlbe, lils de
Jiqiilcr? A 2200 toises du Lombeau d’Ilus, on reneonlre nn moulin : cn
col ondroiu le lleuve a Ireiilo pieds do largeur; cl ses eaux resserrées
jiassciil dans un chenal de sept j)ieds d'ouverture, sur dix-iiuil pouces
dc profondeur, eoiisLruil eu pierres, et destiné à donner au couranL j)lus
(,1e rapidité. Cependant, si l’on avance, on Irouvc bientôt un grand mnnbrc
d’ai-bnslcs, puis des touffes dc bois, des massifs dc saules, d’ormes et
de peupliers, dont les teintes variées conlrastcnL avec les noirs sommets
des roseaux, el les nuances plus claires des jilanles de toute csjiècc (jui
croissent sur ees bords. QuoUjiics arbres j»lus grands, jilus vieux, s’élèvent
et dominent : l’imagination les grandit, les vieillit encore; elle sc demande
s’il u'on est j»as qucbjues-nns cjni onl couvert dc leurs ombres les scènes
(jue ces lieux rappellent; cl ee n’csl pas sans uu moment d’illusion que
l'on aj)pcr(;oll auiourd'hui sur le Scamandre un grand orme renversé,
.semblable à celui dont Achille se servit pour éviter la fureur du lleuve,
daus le combat terrible (juc lui livra cc dieu, indigné dc voir souiller
la pureté de scs eaux ( i) . C’esl un hasard heureux sans doute que celui
(pii reproduit, après trente siècles, les mêmes accidens que le poète so
jilaisoil à copier dans scs vors.
Je ne sais si l’cspèec d’cnebantcmcnl qu’il est naturel d’éprouver sur
les lieux les jrlus célèbres du monde, leur jvrêtoil des charmes qu’ils n’ont
rcellenicnl ¡»as; mais il me semble avoir vu pou dc ruisseaux qui, par la
parure de leurs rives, ct par la variété de leurs contours, offrissciiL dc plus
délicieux aspects. Bicntôl je m’aflligeai dciiejioiiiL partager les impressions
<pic j’éju'üuvois, avec l’ami le jvliis digne de fouler ec sol [)oéti(jue. Le
brillant émule de Virgile s’éloit laissé enlever aux apjdaiidissemcns dc
Paris; je l’avois coiidnit à Albènes, à Smvrnc ; et une année enlièrc
j’avois joui sur les rives du Bo.spliorc de loiiLes le.s (pialilcs dc sou coeur,
de toutes les ricbes.scs dc son talent. Il n’avoil jni, cn entraiiL dans
l’Jlellcspont, que saluer de loin le nioal Ida; cl inalbeureiisemcnl il
O illk d . l.ib. XXI, V. 2/|2,cl Si-q.
n’étoit plus avec moi, lorsqu’il me fut possible dc m’cn rapproclicr, CL
tic rcconnoîtrc les ruines d’Ilion ; il obtcnoit alors de nouveaux succès
dans cette même patrie, tpic bicntôl il fut force de fuir, ct dont les
mallicurs dévoient montrer eu lui la rare alliance d’un art enchanteur ct
du plus hcau caractère. Dc quel enthousiasme ne se fût pas enivré lo
chantre dc l’Imagination, cn parcourant les champs où fut Troie? ct
quel jilaisir pour lui dc redire, à l’aspcct du XaïUbc ct du Simoïs, les
beaux vers que sa musc lui avoil inspirés pour le princc des poètes ( i) !
C esl par une suite dc tableaux toujours variés que jo parvins au pins
mtcrcssaiit dc tons, i rendroil on une source aboiidanlo s’cclnquie par
des jets nombreux de diverses grosseurs, à travers les débris ct les
crevasses d une ancienne construction. En montant encore près de deux
cents toises, on retrouve an pareil groupe dc sourccs, qui réunissent
leurs eaux dans un bassin carré, dont les bords sont soutenus par quelques
longues ¡lièccs dc granit.
Ces eaux limpides, après avoir traversé un bocage cliarmanl, sc
joignent, pour former lo Scamandre, au ruisseau déjà sorti des premières
fonlaiiics.
Homère fait la doscriiition de ces deux sources : « L ’une, dit-il, verse
« des eaux tièdes, d’où s’élève une fumée semblable à celle d’nn feu
» brillant; l’aulrc, pondant l’été, roule des flots aussi froids que la grêle,
» la neige, on le cristal des eaux. Là, sont de larges el magnifiques
Il bassins revêtus de pierres, où les femmes ot les aimables filles dc
» Troie alloicnt laver leurs précieuses robes pendant la p aix, avant
» l’arrivée des Grecs (3). »
Elles sont bien recomioissahlcs ces deux sources fameuses; les débris
dc CCS bassins, peut-être bien des fois réparés, subsistent encore : mais
(1) Lorsqiiü je me Klieitais Uc pouvoir rendre
ce foible lioramage à celui donl l'Iionorablc et douce
amitié répandit Uint de cliarrae sur les belles aimées
de ma vie, nous possédions encore le grand poêle, qui,
par sc.s qiialilés persomieiles, aulaut que par la su-
péaoi'ité de sou laleiU, placé au-dessus de la jalousie
contemporaine, occupoit déjà ie rang qne lui cou-
finnora la poslérité. Il vient de nous être enlevé; ct
cesl uuc perle irréparable pour tous ceux qui l’ont
connu : mais nous devons nous redire que jamais
morlcl n'a parcouru une carrière |ilus forluuée ; que
sa brillante ct mobile imagiualLuii,en nuiltipiiaul ses
(a) lliad. I.il). Xll, v. i/,7,
Tome i l .
jouissances, l’a fait vivre des siècles. Ricbe de gloire
et de vrais plaisirs, content de lui-raème et des autres
toujours honoré, fèlé, chéri, il a traversé la vie par
des champs dc fleurs, en jouant avec les couronnes
qui de toutes pans lui étoient prodiguées ; il a quitté
la terre sans y laisser un reproche ; sans impo.ser à
l'amitié le besoin dune e.xcuse; sans avoir jamais
affligé personne; ayant, comme il le disoit lui-mème,
commence vingt épigrammes, saus pouvoir jamais
en achever une. L’homme de génie a fini pur comme
laiinableeiilhuce, doul, jusqu'àsa dernière heure, il
eut i'iiinocciice et ia gr.ice.
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