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fortune ailleurs, ctoit allé s’établir près de Gaëtc. Ccst cette tradition
que rappelle Virgile, lorsqu’il dit,
T illio t ii prima quot abesl ab origine Coesar.
Georg. L ib . I I I , 48.
C t dans le même poème ,
N e c n o u A u so n ii, T r o ia gens 1 is s a , coloni.
L ih . I I , 385.
Le père Ilardouin adopte cette opinion avec une confiance à laquelle
on 11c s’attend pas cn pareille matière; mais ce n’étoit pas, suivant lui,
Jules-César qui descendoit de Tillioii, c’éloit Octave-Auguste qui avoit
seul le droit d’ètre appelé A s sa ra c i p ro ies ( i) . On me pardonnera sans
doute de nc point discuter une question, dans laquelle je pourrois
facilement me faire honneur d’une érudition empruntée à Buchart et à
Méziriac, mais qui sorliroit des l)oriics que je dois me prescrire.
Ce scroit d’ailleurs avoir grand tort, que d’avoir trop raison contre le
chantre d'Enée. Malgré lous les calculs dc la froide ct sévère chronologie,
n’cn doutons point, Didon a brûlé pour le fils dc Vénus : cn
dépit des plus anciennes traditions, l’hymen dc Lavinie a fondé l’empire
dn monde; c’est aux inspirations dc la plus sublime poésie qu’il
faut croire avant tout; et si jamais il fut une fable qui pût usurper
les lionneurs dc l’histoire, c’est celle qu’a consacrée le talent le plus pur
et ic plus enchanteur. J’en atteste Pindarc, lorsqu’il défend dc jamais
résister au pouvoir des Muscs, surtout à la Grâce, leur compagne fidèle,
et qu’il s’écrie : « C’est elle seule qui, charmant les mortels, sait donner
à tout nn nouveau prix, ct prclc souvent à de douces illusions les
couleurs ct les droits de la vérité : les temps, témoins révérés, viennent
dans la suite passer sur ces fictions, et dciposcnl en leur faveur (2). »
J’ai donc tout accordé aux pretentions romaines dans mon tableau
généalogique dc la famille troycniic des Empi-rcurs: je suis même tenté
de croire avec Ovide, que Vénus avoit amliitioiim; l’iioiineur de donner
dos ancêtres au plus grand des Romains, et n’avoil été séduite que [>ar
(1) Ilardouin; Apologie d’HoniiTi;, pag-70.
(2) àT.t>.v.x-.tô-
yu xà iicrnyxOmxoîi
Ipiiivat xi Tídúmii.
Áfitpoi o' ít.Cmit.u,
(io'.îvpcç coçtÔTatoi.
Pindar. Oljrup. J,
un si noble motif, lorsque s’égarant dans les belles retraites dc l’Ida,
elle mit tant d’ardeur à séduire un simple mortel,
Assarac i qui nurus dicta e s t ; u t scilicet olim
Magnus lu lo s Cæsar liaberet avos.
O v id . F a s t . L ib . I V , i23.
A l’aide du tableau que je place ici, on peut embrasser d’un eoup-
d’oe.l toute la postérité d’Aneh,se, jusqu’à Num.tor et Amulius, dont
on fil descendre la famillo des Jules, lorsqu’elle fut devenue l’une des
plus puissantes de Rome : j’ai cru devoir rapprocher les opinions des
anciens sur la postérité d’Enee i ,1 est assez simjile qu’ils ne soient pas
parfaitement d accord, en rapportant une généalogie dc cc genre: ct il
scroit d.lbcilc d’alléguer aujourd’hui des motifs plausibles dc prcfé
reucc, cn faveur do l’opinion de Titc-Live, ou de celle d’Eusèbe; encore
moins de se declarer ouvertement pour celle d’Ovide, qui probablement
nc s etoit pas cru oblige dc faire, sur cette question, des recherches bien
proiondcs.
Après nous être fait nue idée assez claire, si elle n’est pas bien
certaine, de la noble maison issue de Dardanus, qui a fait tant de bruit
dans le monde, et dout les litres ont péri, saus que sa célébrité en ait
reuffcrt, nous chereberoiis quelles étoient les possessions des princes
les uns soumis au chef suprême de leur nombreuse famille, les autre!
alliés du souverain , doul la puissance faisoit leur sûreté , el qui tous
réunis par uu intérêt commun, for.uoic.it l’empire de Priam, ou a’voieiit
envoyé des troupes à son secours.
L ’ctat fédératif compris entre l’ilc dc Lcsbos, la Phrygie et f Hellespont,
étoit divisé eu neuf provinces, ou états distincts , régis par des
chefs particuliers (. ) ; la Dardanic, la Troade proprement dite, la province
dArisba, lAdrastie, la Lycie sous l’Ida, les Léléges, les Cilieieiis
soumis a Ectioii, ceux que gouveruoit Jl.nès, et l’ilc de Lesbos.
I. La Dardaiiie, AupJjm's. Teucer, sorti de l’ilc de Crète pour
Cl.crcl.er nue nouvelle patrie dout il fut le chef, s’êtoit établi dans les
nmiuagnes dc l’Ida : son gendre Dardanus étendit ses domaines le long
(i) Ôcacv AsuSci ¿VCO JI«Ka«04 fo'o,- k-.k ckya ,
K«¡ xxOizioOc, xai ÈUriraovTo;
lliiul. Lil), XXII , 544.
•Strab. L. X in .p ag , 584 et acqq.
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I -cf.