
m rcjnitation du pieux Éiicc, et sous lcs([ucllcs il auroit peut-ctre succombé
sans les puissans déi’cuscurs que les IMiises Jui ont donnés. Nous ne nous
permellrons jamais de croire, qu’ennemi secret de Priam, il ait trahi sa
patrie, et facilité la prise d’Jlion ( i) . Certainement Encc nc se retira du
combat (|uo lorsqu’il n’y cul plus aucun moyen de résister. Sauvant
alors à travers les (lamines sou père, son ilis et scs dieux, il se rélùgia
avec une nombreuse troupe do Dardanicns daus l’intérieur des montagnes
(•>,); el loul ce que nous pouvons accorder, c’est qu’il fit alors
une capitulation honorable avec les Grecs, qui lui pcriiiirciit, ou dc
rester dans le pays, s’il est vrai (jiie scs dcsccndans y aient régné, ou
d’aller chercher une nouvelle patrie, si l’on adopte l’opiuion contraire.
Dans lous les cas, un héros doit être à l’abri do süiqiçons injurieux,
lorsqu’il a Homère et Virgile pour garans dc ses principes ; d’execllcns
vers ne sont-ds pas les titres impérissables d’une éternelJe renommée,
et l’égidc la plus sure sous laquelle puisse se reposer une grande réputation?
Si le règne d’Auguste a lait oublier les liireurs d’Octave, c’est
sur-tout aux [loètes dont il récompensa les hommages (|uc sa mémoire
cn a robligalioii. Saiislesvcrs d’Horace, de Virgile, dcTibulle, ct même
ceux d’Ovidc pour lequel il fut si cruel, il n’y auroit point de siècle
d’Auguslc : leurs voix ont prévalu; et seules elles en ont proclamé la
gloire. Les prosateurs, plus calmes, se sont de tous temps montres plus
difficiles; ct l’on est aussi moins indulgent à leur égard. Ne pouvant
attendre ([uc rarcincui des succès pareils à ceux des souples ct heureux
enfans d’Apollon; découragés d’ailleurs par le peu de coniiance accordé
aux panégyristes contemporains, il se rencontre souvent parmi eux des
esprits sombres qui, à tort ou à raison, dédaigneux des suffrages vivans,
se résignent à n’ambilionrier que rcstimc dc la postérité, et lui conlicnt
trop exactement, quel(|ucfois même avec un peu d’aigreur, des détails
f|uc dissiniulcroit, ou que dcnaturcroit la poésie en vertu dc son droit
de fiction.
Jl. La Troade, Tpoù. En nous rapprochant de ia mer, nous entrons
sur le LernLüire de Troie, dans les propres domaines de Priam, dont
Hector devoit hériter, et rjuc défcndoit sa valeur. C’est sur celte terre
(i) lleyiie ad Ænckt. Lib. IV, pag. 369. Slrab.
Lib. X lll, pag.ÜoS. Uai'ts l’bryg. uap. XXXIX, edil.
Uacier, pag. 3 io.
(9) Dionys. llalic. Lib. I, cap, XLVI, edit. Hudson,
p. 36.
sacrcc pour tous ceux qui chôr.ssonl les arts, et leur demaudout quelques
mstaus de bo.dteur ou de consolation, que nous allons eherel.or L trLes
du poelc, dont les chants ont si glorieusement traverse les siècles, et
atteint I époque ou l'art eonservatcur des productions dn génie lui
assure d ctcriicls hommages.
Cette contrée va devenir l’ohjet parlieulier de nos recherches; et
plusienrs cartes, aussi exaeles que détaillées, nous la léroiu hieiitôt
coimoitre. Nous nous horiicrons pour le moment à fixer nos idées sur sa
position et son étendue; à remarquer qu’elle est traversée par le Simoïs,
7 1 . deeoule du point le ,,h.s élevé de la longue chaîne des monts ida.
Le Xaiithe, on Scamandre, sort, par des sources très-rapprochécs,
de la base du morne qui portoit Ilion, et qu. termine une des branches
latérales do cette chaîne, qne Strabon compare à nn scolopendre armé
de scs nombreuses pattes ( i) . Ce ruisseau si fameux reçoit à peu de
distance de sa source les eaux du Simoïs; ct tous deux réunis Îonlont
V rs I entree de I flellespo.it. C’est snr ce rivage, qu’après une guerre de
plusieurs an.iees, et la destruction des villes maritimes de l’empire de
1 nam, les Grecs débarquèrent, et s’établiront dans un camp retranché
Nous verrous bientôt comment étoit fortifie ee camp devenu une espèc!
de ville, don Ils sorloiei.l pour des expéditions particulières, et où ils
rapportoient Irer butin. Jfion, par sa position et par ses hautes niu-
laillts, etüit a I abri dc leurs attaques : vaiiiemc.it Ajax et les deux Atrides
essaient trois fois do su.q,rendre la ville par le côté le plus foible (-A-
c cto.t a do telles tentatives que se bornoiciit les premiers efforts des’
Grecs, fis n’avo.eut encore aucune machine qn. pût renverser des remparts,
que leur solidité faisoit attribuer aux Dieux; mais ils dévasloieut
toute la contrée : aussi cette guerre devint-elle la cause générale de
toute 1 Asie m.nctue, celle dc tous les peuples policés qui voyo.ent leurs
possessions menacées de pareils ravages. La ville no fut jamais entourée ■
puiiais les Grecs ue purent lu, couper ses eommunicatious avec les
montagnes qui lui fouruisso.cnt des vivres ; mais après des combats
meurtriers, cpi, diminuèrent le nombre dc scs défenseurs, et sur-tout
oprcs la mort d’Hector, les murailles d’Ilion furent enfin renversées-
toit que le laineux cheval de bois fût nue machine qu’o.i appcloit
C ') Slrab. Lib. X lll, p,ig. 583.
(2) Ilitid. Lib. VI, V. 435.
p“
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