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(le la plaine de Troie; mais il t’aiulra souvent recourir à celle-ci dans 1e
cours de nos reclicrclies; ces caries s’ià'lairciront mulucllemeni, et aideront
à entendre cc (|uc, sans leur secours, je n’uurois peul-ètrc jias su
expliquer avec assez dc clarté.
Lorsqu’cu 1784, je retournai à ConslanLinople ; lorsque je revis de
loin les monls Ida, cL ces rivages d’ck'rnclle mémoire, leur asp('ct
renouvela mes regrets, ct me rajipcla le découragement (|ue j y avois
(“prouvé (¡uel(|ues années auparavaiU. Je m’interdis d’abord de consacrer
à (le nouvelles ct incertaines rcclierclics des loisirs el des ciïbrls, ([ui me
scmliloient pouvoir être cnqiloyés plus utilement. J’avois, en effet, dans
l’iité (le 1776, traversé toute lu Troade à pied, depuis le cap Lcctum
jusiiiie au cap Sigéc. Apres deux jours dc marche, j’élois venu passer la
nuit, clans les ruines d’Alcxandria-Troas; et la journée suivante avoit élé
onqilovéc à parcourir les environs dc celte ville; mais persuadé, d’après
l’ouvrage de M. M ood, que cetlc contrée avoil éproiné des changemens,
({ui ne perniclLüicnl jiliis d’y rcconnoîlre les lieux peints par llomère,
ou inèine ceux cjui sont décrits dans Strabon, je n’osois me flatter
d’olilonir uu succès rei'usé aux vastes coiiiioissauces, et au zèle d’un
savant, dont ia réputation inc paroissoit avec raison si imposante. U me
scmbloit alors que c’éloit assez pour moi dc pouvoir dire; et moi aussi,
j’ai parcouru le liuritre des exploits cliaiités par le prince dos Poètes : je
ne me doutois pas que dans ce moment même, j’acquérois sur celle
iàmeusc contrée des droits que la iorlimc me dcstiiioit à (aire valoir uu
jour; assez sciublalilc à ces navigateurs qu i, abordant sur une terre
inconnue, conslatenL a tout hasard leur prise dc possession, sans savoir
quels avantages ils cn pourront retirer dans la suite.
A l'cpo(]uc de cette première course, je nc m’avançai point assez vers
les moiilagnes; je me liornai à jouir sur ces rivages poétiques des souvenirs
ct des sensations, dont leur aspect est une source féconde. Je
passai [>rès du tombeau d’iliis, que je ne sus pas alors rcconnoîtrc; et je
vis dc loin, à rextrémiU“ de la plaine, la liautcur (jui portoit jadis la
citadelle d’Ilion, mais sans lui ruiidrc hommage, sans [irévoir qu’un jour
j'y (qirouvcrois dc si vives émotions, el (pie je jumiTois Ja signabn- à tous
les admirateurs d’IIoinère.
Après avoir vu le cbàlcau ([ue les Turcs ont construit sur une pointe
(le sabli's sous le cap Sigce, je vins examiner J’i'niboucliurc de la rivière,
110 sachaiil lc(|ucl des deux noms si connus du Simoïs ou du Scamaudre,
je dcvois lui douiicr. Mou iucertiuidc éloiL augmeiitce par les assertions
conlradicloires dc quelques Grecs au-dessus dc la classe commune, qui
nc pouvaul s’accorder, m’assuroicul eu mémo temps, que par uue tradition
coiislaatc panui eux, l’uu ct l'autre do ces noms avoient etc
conserves au large torrent, tlonl je voyois les eaux peu abondantes en
cette saison, ne couler que Iciitcmeiit à iravers les îlots de sable qu’elles
ont formes.
Ne prévoyant pas que je dusse revoir ces rivages, j’avois alors rciioiicc,
non saus un vif regret, à l’cspoir dc jamais connoître le véritable emplacement
dc la ville dc Priam; mais lorsque huit ans après je rctotlrnai
dans ces cou trees ; lorsque ma position me donna les moyens de
commencer dc nouvelles rcclierelics, ct de m’occuper dc travaux suivis
sur la topographie de la Grèce, je ne pus lutter loiig-tcmps contre le
desir de faire sur la Troade dc nouvelles tentatives; cl je voulus du
moins acquérir sur son élat actuel une parfaite certitude, que je nc
Irouvois point dans la description de M. Wffiod.
Je me hâtai do faire lever avec la plus grande précision la carte de
l’embouchure dc l’ilellcspoiit, el de la côte de Troie, Ces premières
opérations suffirent pour démontrer rimperfcction dc la carte dc ÏVood;
j’csperai pouvoir bientôt me convaincre qu’il y avoil eu un peu do ma
faute, SI quelques années aujiaravaut, je n’avois pas mieux su reconnoitre
les traces des héros grecs. Je me scntois encourage par fiiisuffisaucc
même, el par la légérclé de mes premières reeherebcs.
Je nc pOLivois, U est vrai, prévoir quelle seroit ma propre opinion
sur l’accord plus ou moins exact, cl encore inconnu, des récits d'Homère
avec létat actuel dc la plaine de Troie; mais le résultat de mes travaux
ue pouvoit être mdilfércni à ceux ijui aiment à le suivre dans ces
champs fameux : j’allois leur offrir la facilité dc voyager dans la Troade
sans sortir de leur cabinet, et jusque aux moyens de combattre mes
jii'opres conjectures. Je ue m'gligeai doue rien pour me dédommager
de ce (pie je u’avois jui (aire eu 1776 daus un rapide voyage; je seotis
le besoin d’obteiilr cette fois d'uu travail persévérant les cartes les plus
exacK's (le ia conii-(à; entière. C'etoit à ce prix (|ue je pouvois adopter
lespoir dc jeier (jiielqiu“ jour sur les nomlireux passages de l’Iliade,
dont la leelurc me pirisciiLoit sans cesse des difficultés roiiaissaïUes ;
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