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la iiii de l’Ajax Furieux, Sophocle fait dire au choeur des Salami-
nious : « Tcuccr, pcndaiil cpio vous cn avez le lemps, liâlcz-vous de
1) choisir un lieu pour la scj)u!turc d’Ajax. Vous y clablirez uu large
» lombeau qui éternisera lu mémoire du héros ( i) ».
Miiis c’est dans Slrabon, dans Pline cl dans Pausanias qu’csL consignée
avec quchpics détails ropinion générale dc ranlitpiite, sur le lombeau
d’Ajax. Æanthmi à R hodiis conditum in altevo cornu, J ja c e ibi se-
p u lto , X X X stadiis intervallo a S ig e o , e l ipso stalione classis suce,
dit Pline : « sur la pointe opposée est Æanlium ibndée par les Rhodicns
a a 3o stades du Sigéc; c’est là que i'uL enseveli Ajax sur lo mémo lerrain
» où sa flotte ctoit placée (2) 0.
Strabon, décrivant cette partie du rivage dc rilcllespont, s’exprime
ainsi : « vient ensuite Rhoetcum. ville située sur une bailleur, et immédia-
» toment après, im rivage peu élevé sur lequel csl l’AianLcion qui con-
» sistc cn un lombeau et cn un icmjilc décoré dc la statue d’Ajax. Celle
» slaluc avoit été transportée cn Egypte par l’ordre d’Antoine; mais
0 Auguste la fit rendre aux habitans dc Rhoelcum (3) ».
Pompoiiiiis-Méla dil ; « E x t r a sinum siinl Rhoetea littora, Rlioeleo
■> et Dardania claris urbibus, A ja c is tamen sepidchro maxime ilLus-
•> tria (4) “ •
Par une erreur peu excusable, parce qu’cllc étoit facile à cvitcr, on a
cru trouver Pline cn contradiction avec Strabon, le premier assignant 3o
stades de distance entre le Sig(ic cl le Lombeau d’Ajax, tandis que le
second indique une dislancc de Go stades, entre cc moine cap Sigéc, à
l’endroit où est le tombeau d’Acliille, cl ce qu’il désigne sous le simple
nom dc Rliétéc (5). Rien n’est au contraire plus exact; l’un parle de la
ville dc Rhéléc, l'autre dc l’Aianteion, cpii sont à des distances bien différentes.
La ville dc Rhétée, dont les ruines se IrouvenL auprès du village
de It-Guclmès, étoit cn cfrel, comme 011 peut le voir sur la carte, à
environ 4 3oo toises des tombeaux que l'on trouve ¡irès du Sigéc, c’est-
à-dire à-pcu-près à 60 slades dc cc cap, si, comme le dit Slrabon, on
navigue cn droite ligne (6). 'Ato tou YaiTtiw 'S.tymv kmtûv ’A;/îAA£oî
(1) .Sophocl. Ajax. V 83.
( î) Plin. L ib .V , cap. 3o. Tom
(,3j Slrab. Lib. X lll, pag. 5ç,5.
(.'il Pomp. Mcl. Lib. I,cap. 18.
(5) Slrab. II,id.
s deux it encore en stades Pylliiqiics
(le 75 ou 76 loiscs chacun. Les 6u sUulcs font
4Ó00 ou /|5Co loiscs que l'on doit pieiidic eu droite
ligne, entre les ruines de Ithéiée el iVndioit où .sont
le.stomlieauxprésduSigéo; ei les 3o slades font ?a5o
ou 2280 loises que l'on parcouroit en suivanl les replis
du golfe qui n'existe plus aujourd'hui. (/’2í</¡/i;íír.)
macLToi signifie donc depuis la ville de Rliéléc jusqu’au Sigéc cl au
loiubcau d’Acbillc, ct non pas depuis le cap Rliélcc.
Au lemps dc Pausanias, le lombeau d’Ajax avoit éiu-ouvc de grandes
di^gradatioris. « Uu Mjsicu, dit-il, m’a j.arlc dc la grandeur prodigieuse
• d’Ajax, donl il avoil [lu juger, les elïbrls des vagues coiUrc le rivage
0 ayant ouvert une entrée dans rintcricur dc son lombeau. Pour m’cii
» donner une idée 11 m’assuroit que sos rondes étoicnt grandes comme
. les disques dont sc servent les atblèlcs cnians pour l’cxcrcicc du Pcii-
i> lallilc ( i) ».
Ue Mysien sc permcttoil probablement uu peu d’exagération sur la
taille colossale d’Ajax; mais son récit confirme que le corps du béros
n’avoit poiul été brûlé, Calchas ajanl déclaré que la religion ne [icrmet-
toit point dc rendre ce genre d’iionncur à ceux qui s’éloieiit cux-mémcs
ôté la vie. C’étoit l’opinion générale, à cc qu’il paroît, par cc qu’en dit
Phdostralc (2). 11 est vrai qu’elle n’a élé suivie ni jiar Dictys dc Crète ni
par Cointus; m.ais lo premier a peu de droits à la confiance, ct quant au
poète, il avoit besoin de magnifiques funérailles pour imiter les honneurs
rendus li Acbilic; il lui falloit uu bùcbcr, cl il s’csl décidé a faire brûler
Ajax, eu dé|)it de la tradition ct dc Sophocle (3).
Sorlis dos ruines de la nouvelle llion, nous avons traversé la vallée
nommée par les Turcs Thumbrek, 01 nous sommes montés sur l’exlré-
milé dn cap Rhélia:, qui porte le cône encore existant du tombeau
d’Ajax. Nous Toilii aux pieds de cetlc masse qui a peu subi de cbangc-
mens iiuoiqu’clle ait souffert des réiiaralions pcul-clre à jilusieurs
époques. Ajirès avoir gravi cette monlagne aux deux tiers, nous pouvons
pénétrer dans son intérieur par une ouverture qui sc trouve devant nous.
C’csl un double c.ivcau formé cn voûte construit avec uu tuf calcaire lié
par un ciment extrêmement dur. L ’entrée du caveau peul avoir i 3 pieds
0 jiouccs dc profondeur sur y pieds 8 jiouccs daus sa largeur, et 3 pieds
6 [louccs dans sa plus grande liauleur. Ce premier caveau donne passage
dans un antre jilus étroil, qui n’a guèrcs que 5 pieds 4 pouces dc largeur
sur environ 12 pieds de profondeur, ct environ 2 pictis 6 jiouces de
(1) Pau.sai), Lib. I, cti|>. 35,
{2) Philo.slnl. IJéroic. cap. II, § 3, p.ag. 721. Il
éloil cgalcniciu ik-fcmlti tic biiilcr ceux qui avoicut
péri par la foudre, saiutlotilc parce qti’oii le.s .»uppo-
soit cimeiuisdes Dieux. Plin. Lib. U , cap. 5.j. Tom 1,
I>ag. 102 , ilit ; cremavi fa s non est, condì terra religio
tradidit.
(3) Dictys Cret. de bello Troj. Lib. V , p. îiq. Coint
Smyrn, Lib. V. 635. ■I } :