
vue «l'un silc agréable ou piltoresqiie, surtout rpiam] il
¡acssouveuirs, la Ira.litiou d’un usage, d'uiio céréinoiiie, d’uii
, d un vèlenieut, d'uiie parure, que les Grecs actuels lui pa-
•Uérilés de leurs ancêtres. Cliaque lieu qu’il vi»ila paya tribut
t quelqurruispérillciisos invcsligalions; il observait avec porrappelail
quel,
jeu, d'un non
raissaicnt nvoii
h scs actives c . , .
sévérance et sagacité, rl.oisissait avec discernement, cl cnrog.slra.t u.c.
exacülnde tout ce .[ui lui paraissait digne de (i.ielque mléret.
De retour en Franco . il travailla sans relàclie à mellro eu oeuvre les nom-
btvux et rieUos matériaux q.ül avait rasseml.lés, pour faire ¡o.ur le pnbUc
du fruit de scs doctes conc|uêtos, et il lit paraître en .:Sa le iirem.cv volume
de son royage piUoraqne. Cet ouvrage attenrlu avec impatience, fut accueilli
01 lu avec cmpressemoiU; el les louanges qu’on lui prodigua furent
la noble cl juste récom|.cuse des fatigues, des travaux et dos talents de l’auteur
11 y parle en olfet de la Grèce en digne élève <lc l’illustre écrivain qui,
depuis, l’a déroulée tout entière à nos yeux, ou plutôt l’a transportée parmi
nous, nous a rendu familièics scs institutions, ses moeurs, ses lois, ses
e d’intimité avec tous les grands
doclrii
;s du grand siècle do Périclès. Tous les récits de M.
clairs, concis, sans sécheresse, nbondaiiU sans louguour; scs .
sont vives et animées, et sou style, loujonrs d'accord avec les dilh
qu'il liaite, est aussi lonjoursnoble, élég.
le Choiscul sont
' m voyage (|ii’clh'
;riplions
Its sujets
facile, l.’érudilion se fait ¡.lu-
h découvert; il i
qui l’aconsait d'avoir violé «ne convention, par la(|ncllc les memlmes de
celle Académie s'étaicnl engagés à ne jamais solliciter de place il l’Académie
Française, el mennrail de dénoncer celle violation au Irilninal des
maréchaux de France. On dit dès lors, et on a répété depuis, que la |)laiiitc
y fut en eilèt portée, cl que le tribunal sc déclara incompéleiil pour prononcer
sur une pareille alliiivc ; mais nous avons les [ilns fortes raisons tie
croire que le sévère et ïélé défenseur des règlements intéiieur.« de l'Académie
se contenta de innvmurer, et s’épargna le tort d'une dénonciation.
Quoi qu'il eu soit, j.imais séance académique ne fut plus nombreuse et
plus lirillaiite que celle qui eut lion pour la réception de M. de Clioiseul.
Son discours, du meilleur goût el du meilleur ton, fut tout entier consacré
.à l’éloge de d’Alemlieit ; el, à la vérité, le sujet était assez ridie,
pour qu'il ne fôt pas obligé de recourir aux épisodes. Ce discours, Irès-
applaudi h l’époque où il fut prouuncé, se distingue encore aujourd’hui
dans la fuiile de ceux que de pareilles circonstances font éclore ; M- de Clioi-
seul apprécie 1rs l.alcnts divers du géomètre illustre el de l'élégaiil é
I lionimc qui seuUiil le
amies; et tandis que l’.acad.
compnguir, et qui avait l’a
un ami, iicp.ayail .à sa niéiii
M, de Clioiseul, mieux ins|
de d'Alembeil les accents dt
rail craint qu’une plus forte dose u’eiraroucliût les gens du monde, cl il n'y
en a mis qiûuitanl .¡ne le goût en permet dans un ovivr.agc inspiré plutôt
par reiUl,ou.siasme des arts et de l’antiquité qu’cutrcpris dans l’intention
iragramlii- le domaine de l'bislolre. Celle de la Grèce actuelle y trouvera
crpriidmil c|uolc|iies observations profoiides et lumineuses, quelques faits
ie-noiés ou mal connus dont elle ponnait s'cmpaice. Une ame sensible et
élevée ne pouvait voir avec iiidiflcrence une ])opulalion noiubveusc et spi-
riUielle, livrée sans réserve au despotisme lirutal do quelques chefs mili-
laiies ignorants cl fanatiques; un homme du monde, avec un esprit délicat
et cullii'é, ne iiouv.iil voir des moeurs si dillérentes de celles de son p.ays,
sans .¡u'ellcs lui fournissent l’occasion el le sujet de remarques el de inflexions
intéressantes et utiles. Mlles sont en grand nombre dans l’ouvrage de M. de
Clioiseul-, <>1 toutes .annoncent un vénlable ami des hommes qoi regrette
qu'il y ail sur la Icnc tant .l’errenvs qu’il ne ¡»eut détruii-c, el tant de mal-
hom-s .¡u'il ne peut ni i.iéveiiir ni consoler, l-imbrassant dans son ardente
pliilanli-opic tous les peuples de la Grèce, il s’indigne de leur servitude, il
évoque les gi-atides ombres de Milliade, de Thémislocle, d’Epaminondas,
do Pliocion, de Léonidas; il voudrait quo la Grèce, cndiaînée au milieu de
leui-s li-opliécs immortels, s'écriât exoviare aliquis; mais, ajoute-t-il avec un
scnumenl douloureux, les vertus mâles cl auli.iues de ces héros de la liberté
ne sont plus à l’usage do leurs descendants. 1! cherche néanmoins à
les faire revivre parmi eux'’; il les exhorte à secouer le jong qui les op|.rime,
à conquérir leur indépendance; il leur en indique les moyens; el pour ou
assurer le succès il veut que les miuislics des autels, sanclilianl cette
entreprise et associant l’esprit de religion à l’cspril de liberté, ouvrent
le ciel h scs généreux martyrs et lancent l'analhêmc contre ses lâches
désevlcurs.
Ces exhortations vigoureuses, ces énergiques conseils, ces appels réitérés
à la liberté, pourraient povlcr à croire que M. de Choiseul, imbu des principes
et des doctrines qui su propageaient dès lors dans toutes les classes de
la société, oîi elles ont trouvé tant de prosélytes, s’cn était fait l’apôtre; mais
sa vie entière fournit une preuve ii-iécusable du contraire. 11 n'implorait la
liberté que pour les peuples ojipvimcs par le desjiolisme : ses voeux pour les
Grecs en particulier sont dos élans de son coeur; ils lui sont inspirés par la
passion des ai ls et de la belle antiquité, p.ir le regret de ne plus l ocoimaUre
la Grèce dans la Grèce, par l’ardent dcsir de la voir renaître aimable, polie,
puissante, comme elle l'était an temps de Périclès; et par la )iersuasion
.pi’elle ne rcconvrcrait jamais ces avantages qu'après avoir recouvré sa
liberté.
Peu de temps après que M. de Clioiseul fut revenu d.ans sa patrie, et
.avant qu’il eût publié son ouvr.age, l’Académie des Belles-Lettres, sur le
compte avantageux que lui en avaient rendu quelques-uns de scs membres,
ctoliéissant à la voix publique, élut l'auteur, en 17-9, à la place vacante
par la niovl de Jl. de Foncemagne. L’Académie Française, cédant à la
même impulsion, et plus encore au désir de compter parmi scs membres
un éa-ivain élégant el poli, qui réunissait rillusli-atioii de la naissance à
celle des talents et des liimièi es, s’empressa de le donner pour succcsseui-
ù >1. d’Alombei-t, qu’elle perdit en 178.',. U satisfaction que dut ressenlii-
M. de Choiscul en recevant cette seconde couronne, fut un moment li-oulilée
pat- 1.1 réclamation d'un de ses confrères de l'Académie des Belles-Lettres,
il ulfiaiL l'exemple des
licien, chargé de lui répondre au num de la
uitagc de eclébver lui iiiattic eu regrellaiit
■le que le triliul d’uiic sensibilité assez froide,
é p.ir son coeur, lit entendre sur la tombe
éloipieiice la plus noble el la plus toncliaiite.
' Il de la délicatesse
du sentiment et do l'élévation de l’amc, où l'urateui-, liiillanl do fccl.it
d’une haute naissance , rap[ielle la naissance plus qu’obscure de il'Aleuiberl,
pour lui en faire un nouveau litre de gloire.
M- de Clioiseul se disposait alors â quill
la France [lour i ctourner dans
la Grèce; mais ce n'était plus seulement avec :
les illusions d’iinc ame
ardente et d'un esprit éclairé; ce n'était plus
s en simple: alunni des arls, en
simple citoyen de la république des lettres,,
qu’il allait revoir lonr pairie
commune oil le rappellaicnl tan
irs, cl où il lui restait tant de
flaltcuscs espérances à réaliser. Cliaigé
représente r le sonvcniiii d’un
grand royaume et de défendre les inlérêl
line nation puissante, il rep.arut
dans la Grèce ; et, eu cliangc.ini de caractère,-e,
il n’eut rien à changer à la
niaiiicie dont il s'y était montré
noble et généreux, ami de tous
les peuples, aussi-bien que de tous les arts, il employa constamment à les
servir pendant le coura de sou ambassade, autant que le lui povmellaieut
les intérêts de son gouvernement, tous les moyens dont il pouv.ail faire
usage ; cl ce fut surtout en icndaiit de bons offices aux aulres nations
qu'il fit respecter la sienne. Il avait réussi de bonne licurc à se concilier
la confiance du grand-visir llalil l’.iclia et du prince M.auro Cordato, premier
di-ogmiin de la Porte, cl il en profita pour iiisiiirer au |)remici- le
désir d’éclairer sa nation et de la faire participer à la civilisation de l’Ku-
rope, et au second la noble anibilioii d’y conli-ibuer. Par ses conseils, des
officici-s du génie, de l’arlillei-ie et de l'élal-mnjor de l'armée fraiiçai.se et
des ingénieurs de m.arine, fiiront appelés à Constantinople pour y enseigner
la lliéürie et la pratique des diiréreiiles armes cl de.s différcnU services.
Excités par le zèle de l’amb.assadeiir et soutenus par l'inléiêt qu'il prenait
à leurs travaux, ils réparèrent les places fortes de l’empire et les mirent en
étal de défense ; ils perfcctionnèvenl les fonderies et les parcs d’arlillei ie ;
ils améliorèi-ent considérablement le système militaii-ede l’armée ottomane;
et on vil avec un sentiment d'.admiralion descendre des clianliers do Constantinople
un vaisseau de 7,4 canons, consliuil par M. Leroy, ingéniciir-
consli-ucleur, suivant le système usité en France el en Aiigleten-e; système
adopté dès lors dans tous les clianliers de l’empire, el dont on ne s’est point
éc.arlé depuis. Le grand-iisir, convaincu de l’importance des scn-ices que
les Français rondaienl à la Porte, ad.ipla le projet que lui préseiita M- de
Clioiseul d’envoyer Irctile jeunes Turcs à Paris pour y être iiisli uiis dans les
sciences et dans les arts, el lépaiidre ensuite parmi leurs compatriotes,
lorsqu'ils seraient de retour dans leur p.ays, les connaissances qu'ils auraient
acquises. Ce projet, qui était susccplililo d'une grande extension, et qui
devait avoir des résultats très-iiiipoi taiils pour l'empire oUoman, fut repoussé
p.ar le fanatisme religieux, et Hali -Pacha ne vécut pas assez longtemps
pour le faire Iriomplier et en assurer l’exécution.
Lorsque la guerre eut éclaté entre la Porte et la lUissie, malgré les
cfToi-ls qu’avait laits l’ambassadeur de France pour cmpêdier la niptui-e,
il conlimia de jouer le be.aii rôle do conciliatoui-, et liouva le moyeu de
servir milcmcnl les deux puissances, sans devenir suspect à l’une ni à
l'auti-e. 11 eut le bonheur de réussir, par fliabilelé de ses négociations et
par son crédit personnel, è faire rciulie la liburlé an miiiisti-c de Bussir,
enfermé aux Sept Tours, cl à le faire cmbai-cpici- .aux D.ii danelle.s sur une
frégate du roi, commandée par le prince de Kohan, qui le conduisit è
Trieste. 11 oui encore le bonlioiir plus gi-and, lorsque l'Auliiche se fut dé-
loi-minéc à faire cause commune avec In lUissic, d’ciiipê.-lier la réclusion
de l’intci-noncc el de le faire cmharquer avec sa famille et toute sa légation,
sur doux n.ivii-es français qui le liaiispoi-Ièicnt à Livourno. Dans le même
temps il pi-olégenil ellieaccment les piisonnieix russes cl autrichiens délemis
dans le b.agne do Conslantiii.iplc ; il leni- fiiisail distribuer soigneusement
les secom-s que Iciirs gouvcinemeiils et !eui-s famillo;
11- faisaient passcr
par sou eiilremisc, cl .adoucissait Icm- captivité par
s les moyens qui
étaiciit en son pouvoir. 11 porta même la bonlé jusqi
1 i-acliolor qiiel-
ques-iins de scs propre.? ilciiiers, et p.ai-licniièi-omcnl
111 jeune olfieicr
auli icliion tombé ciilrc les mains d’uu mailre cruel, cl
triste situation, ne paraissait s'alliigcr que de la douleur que causorait à
son père et i sa mère, avancés en âge, le malliem-cux sort de leur fils
unique. 11 ne montra pas moins de zèle pour les iiilérêls do lu Turquie ;
non-sculcmenl il povlégea de la même manière Ic.s sujets liircs piisoiiniei-s
en Russie, et leur prociira les mêmes secoiii-s cl les mêmes consolations ;
mais ils fit fournir par le commerce français des bâtiments pour ti-anspni-ler
à Constantinople les denrées nécessaires à la subsislancc des habilanis; et
le double dcsir do servir utilement la Porto el de voir flotter le pavillon
do France sur la Mov-Noii-o, loi fil prendre le parti de payer de sa boui-sc
ce que les bâlimenls exigeaient, pour le Iransport, de plus que ce qui leur
ét.ait alloué par le divan.
Au milieu des soins iinporlants elassidus qu’exigeaient de lui la politique et
l'état critique de l'Empire ottoman, dont notre GouveriiemeDl avait à coeur
de consoi-ver rallhance et l'intégrité, il ne négligeait aucun moyen pour fiire
pi-os)iéi-ci- notre commerce el acci-ottrc la considération (¡ne la France s’élait
acquise par sa loyauté et sa fidélité à i-cmplii- ses cngagcnienls. Les négociants
français, établis à Constanliiioplo et dans les Echelles du Levant, rece'aient
journellement des témoignages de sa vive solliciludc pour Icuis intérêts; et
ils n’ont éprouvé de la part des ofiicicrs turcs aucune ve.valion, aucune in-
juslicc, qui n’ait été punie cl réparée presque aussitôt que l'ambassadeur en
avait eu connaissance. Il a toujours mis au premier rang de ses devoirs la
pi-otcclion de la religion catholique ; cl il n’a jamais perdu de vue les obligations
que lui imposaient cnvci-s elle la foi de ses pères el le caractère d’ambassadeur
du Roi Très-Cbrélicn. Sa conduite, pendant tout le temps qu’il
est resté dans l’Empire ottoman , a vérifié la prédiction du philosophe qui,
en répondant au discours qu'il prononça pour sa idception à l’Académie
Française, avait osé ,.résager le succè.s de son ambassade ; et l'on peut maintenant
assurer comme cerlain, ce qui n'était alors, dans la bouche de M. do
Condorcct, qu'une espèce de prophétie iusphco peut-être p.n- la bienveillance
et la politesse, que « l'art des négociations, qui a été si long-temps
V l’art do tromper les hommes, fut dans les mains de .M. de Choiscul celui
<1 de les instruire, de les servir, el de leur monliei- Icm-s véritables
0 intérêts. »
Le culte particulier qu’il rendait aux lettres et aux arts, objets de scs ]>i-c-
mièrescl de ses plus conslanlosalTeclions, ét.ait le plus .agréable doses délassements,
el il lui consacrait presque tous lesinomenlsde repos que lui laissaient
les alliiii-cs. Il est le premier qui ail fait planter le graphomclrc sur les liaulom-s
qui dominent le Bosphore, pour tracer le plan de ce long cl magaiifiquec.anal;
il est aussi le premier quiait fait mesurci-géométriquement la vaste cteuduo de
Constantinople el qui en ail liiit lever le plan. Il a, pendant le coiii-s de son
ambassade, visité, ïlliada à la main, la Troade et les lieux chantés par
Homèi-c; il a déterminé l’emplacement de Troie, reconmi le Scamandre cl
le Simoïs, découvert et fouillé avec un respect religieux, les tomhcaux
d'Ajax, d’ilcctoi-, d’Achille et de Palrocle, el rassemblé de toutes p.irls un
grand noml)VC de monuments p\-écicux pour les sciences bislorique.s ou poulies
arts. Par scs soins, à ses frais et d'après les directions données p.ai- lui,
des artistes habiles ont parcouru la Syrie, des parties do l'Egypte et des
contrées voisines, pour cx]>lorer et dessiner les monuments, les ruines, 1rs
sites jiittoresqucs et en général tous les oljjcls dignes de curiosité. Les cii--
conslanccs l'ont privé do l’honncui- de publier lui-mcmc ces iiiléress.anls
travaux; mais celle privation a été .adoucie p.ar l’idée qu’ils n’étaient p.as
pcriliis pour le public, et qu’ainsi il avait atteint le principal but qn'il s’était
)>roposé.
Un des memln-cs du coi-|>s diplomatique, aucjucl lo crédit dont l’ainbassa-
ilcur de France jouissait h la Porte faisait ombrage, rrmil au divan nn exom-
phiii-c du Voyage en Grèce, en faisant olisci vcr (juc l'auteur, dans son discours
préliminaire, excitait les Grecs h sc révolter, i briser leurs cliaines et
è sc rendre digues de leurs anoêli-es. Cette altacpie peu noble fut si adroitement
i-e|)ousséc par M- de Choiscul qu'elle ne porta aucune altcinto à son
crédit el h sa considération. Il les conserva l'une el l’autre pendant tout lo
cours de son ainljassade, et en jouit sans trouble jusiju’au moment où la révülnlion
vint lui susciter dos embairas plus grands et dont il Ini fut plus
difficile de sortir. I! fut nommé en 1791 .à l’ambassade d’Angloloirc; mais
comme soS pi incipe.s politiques ne lui ppnneltaicnt pas de reconn.Titrc le
gouv-ci-nemotil qui lui doiiu.iit celte mission, il refusa do se i-ondi-e à Londres
et resta à Conslantinoplo, d’oii il .adrcssail tontes ses dé|)êches aux princes
frères de Louis XVI, qui élaioiil alors en Allemagne. Celte correspondance
fut saisie l'année suivante en Champagne par rarméc fiançaise, et M. de
Clioiseul fui décrété d'ai i cstafion lo au novembre 1 792. Il piu tilliiontôl après
de Constantinople, honoré des lémoign.agcs les plus marquants d’estime cl
de coiisidéi-Hlion de la part du sultan el du grand-visir, et regi-cllé de tons
les Français élaldis dans le Levant, et de tons les ministres des puissances
élrangèi-es près la Porte. Ne pouvant renliev en France, il se retira en llus.sic,
où rilkistrc Callicrino, bon juge de l'cspiil cl des lalents, l'accueillit do la
tnanièi-e la plus distinguée, l'.adinit .h son inlimilé, et lui accorda la protection
la plus éclatante. Paul Dr, ù son avéncnioiit au trône, le combla de
nouvelles graces, le nomma son conseiller intime, directeur de l’Académie
des .Yi-lsel de toutes les biliiiolèqucs impériales, cllui donna d'aultos marques
encore plus .solides de son estime et de sa iiiimificcncc. Celle liante faveur,
suivant l'usage ordinaii-e des cours, ne fut cependant pas d’nne très-longue
durée; les relations d'amitié qu’il continua d’entretenir avec .M. le comte do
Cobciil-zel qui était tombé dans la disgrace, déplnrenl tellement h l’empe-
reni-, que .01. de Cboiseid crut devoir prendre le p.ai ti de s’éloigner de la
cour; mais il ne larda pas h recevoir l’ordre d’y icvcni)-; cl la première fois
qn'il y reparul, d’aussi loin que l’empcreui- put l’apercevoir, il lui fil signe
d’approclier, et lui tendant la main, il lui dit avec le ton de la bienveillance :
le M. lo comte, il est des jours d'orages, des Icmps iiébulonx oii il pleut
a des mal-cn tendus; il en e.st tombé un sur nous; mais, comme nous sommes
a gens d'espi-iL, nous l’avons secoué (fais.iiU un geste de l’épanlc) cl nous
11 n’en sommes que mieux ciiscmiile. »
Quelque .agréable <|iie fût pour kii
e rclüui- de faveur, la crainlc do
la perdic une seconde fois, c l , plus 1
coi-e, lo dcsir de revoir sa pati-lo
le déterminèrent bientôt à rentrer i
France, cl il y icviiil en ellèt
en 1802, dépouillé de ses biens, de sc;
ili-cs, et réduit à sa coiisidéralioii
personnelle. Il aurait pu réparer, du
oins en panic, scs pertes el pai-
venir aux premières dignités de l'Etat
i'il avait pu cunsentii- ii se i-anger
parmi les
de celui qui tenait alors dans scs mains les deslinécs
de la France; mais les principes qui le dirigeaient étaient innoxiblcs ; il ne
fut rien parce qu'il ne voulut ctro rien. Il borna son amliitiun h rctiouvei-
sa place h fAc.adémie des Bcllcs-Lelti-cs, qui avait été sa prcmièie paiiie
lilléi-aire, el qui l’accueillit avec empressement; cl libre désormais de
toute espèce d’aiTaires, il reprit presque aussitôt ses travaux interi-uinpns
par tant d’événemenls et do contraiiélés. Mais, dans le long espace de
lciii|is qui s’élait écinilé depuis la publication du premier voluiiio de son
ouvrage, une foule do voyageurs avaient visité les mêmes conliéos cl en
avaient publié des descriptions, d'autres avaient profilé de ses rediei-ehes
cl de celles qui avaient été faites sous scs auspices; cl pnsque tons lui
avaient fait l’iionncui- de le traiter comme un Ancien, cm du moins comme
un homme qui ne devait plus revenii-- D’aillcms une grande parlic do scs
maléi-iaiix avaient été dkpcrsés ou perdus pour lui ; il fallut donc que,
pour n-nti-cr dans la ))iO|iiété de sos anciens travaux, il e , réunit les
éléments éjiais, el que, pour les lajcuiiir, en assurci- l'exacliliidc <T remplacer
ceux qui manquaient, il fit entreprendre do nuiivollcs reclieiches,
lever dos ]ilaiis, recueillir des monuments cl des dessins dont on ne pût
ini r.avii- le fruit el parlager avec lui l'iiunneuv. Tels sont
qui
ont rempli la vie presqu'cutièio de M. de Clioiseul depuis son i-cluur
II y avait plus de vingt-cinq ans que le premier volume de son ouvrage
avait paru lorsqu’il ]iublia, en 1809, la |ii-ciiiièrc par tie du second. On y
aperçoit, an premier coup-d’oeil, avec le même talent, l’iiilluencc do la
maUii-ilé de l’âge cl de la gravité de la mi.-sioti dont l’auleni- était tliargé.
Ce n’est plus le jeune voyageur entliousiasle, qui ne clieiehc que l'aiK-ieiiiie
Grèce, brillante de l’éclat do ses arts et des pioduclioiis de son gchiie.
L'illusion a fait place ;i la réalité ; le peintre cl le poète cèdent souvent lo
pas .an savant critique, plus j.iloux de parler à l'ospi il qu'à finiaginalioii ;
il sc livre presqu’cntioicmcnl à des opéialions géographiques, h des rc-
cherclics d’érudition, à des obscn-alions géologiques; à la reconnaissance
des faits nnlmels propros .à répaiidie du jour sur quelques faits oUsciii-s
consignés dans i'iiistoiro. Son imagination semble êlie devenue immobile
cl silencieuse ; il 110 lui échappe que i-aieiiiciil do ces traits vifs el |iii|nants,
si noinlii-eux dans son promiov Voyage- Il ne veut presque plus voir dans
Homère que l’Iiislorion et le géographe dont il admire l'exaclilude; sur les
rives du Bosphoro il ne rolrouve ijuc lus traces du volcan qui le forma;