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appdc Pergamiis , arriva sur ces bords avec une nouvelle troupe tle
Grecs, tua Arius dernier roi dc la TeuLlii’anic , et s établit dans la ville
à laquelle on a prétendu qu’il avoit donné son nom. 11 ne scroit sans
doute d’aucun intérêt de contester aujourd'hui au fils de Pyrrhus , le
foible avantage d’avoir ainsi désigné la capitale dc scs États. On ne
peut ccpemlanl se refuser à remarquer que le nom dc Pergama étoit une
expression générale qui caraotérisoil toutes les citadelles placées sur des
montagnes, et qu’ainsi il n’étoit pas nécessaire dc siipposeï’ un prmcc
du même nom. C’est à-peu-près à cette époque qu’Esculapc vint d’Epi-
daurc dans ces contrées avec une nouvelle colonie , qu’il s’y rendiL célèbre
par scs lalens en médecine , ci qu’il mérita les honneurs divins. Les
habitans lui élevèrent un temple magnifique , donl les fondcmcns existent
encore , cl où se rcndoieut tous les peuples dc 1 Asie , daus l espoir d y
obtenir la gmh-isoii de leurs maux.
Pergame , ainsi que les autres villes de l’Asie mineure , ne reconnut
long-temps ([uc ses propres loix ; elle tomba ensuite sous la domination des
rois dc Lydie , passa sous celle des rois dc Perse , subit le joug du vainqueur
de Darius , et après la mort d’Alexandre , fut soumise d’abord à
Antigoiic , et enfin à Lysimaquc.
Durant le règne de ce dernier prince , l’eunuque Philclærus fils d’une
danseuse, jeta les fondcmcns du royaume dc Pergame. Lysimaque avoit
déposé scs trésors dans la citadelle dc cette ville , et en avoit confie la
garde à Philctærus ( i) . Arsinoé femme dc Lysimaquc, excrçoil sur l’es-
pril de son époux un tel empire , quelle avoiL fait consentir cc vieillard
foilile et cruel à la mort de sou propre fils Agalhoclès. Philctærus effrayé
du danger dont le mcnacoit une si affreuse tyrannie , se tint loin de la
cour, dans son gouvernement de Pergame : il fit servir à sa propre
conservation les trésors confiés à sa garde , acheta sccrèlcmenL l’appui
des puissances voisines , et suscita Séleucus roi dc Syrie contre Lysi-
ma([uc, qui fut tué dans une bataille près dc Sardes.
Séleucus ne jouit pas long-temps dc ses succès ; six mois après il périt
par la trahison de Ptolemée Cerauuus. Philctærus débarrassé de ses plus
dangereux ennemis , ne dissimula [ihis ses ambitieux projets ; mais ,
fidèle en apparence à la mémoire dc Séleucus, il racliiita son corps, le fit
brûler avec dc grands honneurs, et envoya scs cendres à Antiochus Sotcr,
( 0 Tausan. Lib. I , cap. lo. Sirab. Lib. X I I I , p. Ga3.
son fils ct son successeur ; imposant ainsi une obligation publique et
sacrée à la piété filiale du jeune ro i, et lui offrant un prétexte décent, de
ne point s’opposer à son usurpation ( i ) . 11 jouit ou effet, le reste dc sa
vio, d’un repos qu’il dut sans doute encore plus à l’infériorité dc sa puissance,
alors peu redoutable , qu’aux ménagemens dont il usa toujours
envers le roi de Syrie ; mais lorsqu'Euinèncs sou neveu, lui eut succédé,
cl que par la politique la plus adroite , celui-ci cul rangé sans ctfoiTs ct
sans secousses les villes dc l’Eolide sous sa dominalion , le possesseur
de Pergame cessa dc paroîtrc un dc ces voisins si commodes aux grandes
puissances. Anliochus oublia les honneurs rendus aux mânes dc son père,
cl sc souvint ijuc lu ville de Pergamo dcvoit lui appartenir ; que dans une
première convention arrêtée secrètement entrt! Séleucus et Piiilelæriis,
celui-ci s’éloit engagé â livrer la place que lui avoit confiée son souverain.
Antiochus prit les armes pour soutenir celle prétention ; mais il fut défait,
et ne survécut que ([uclqucs mois â ce malheur.
Eumèncs , affermi dans scs possessions , régna long-temps , cl à
l’cxcniplc de son oncle, protégea les lettres et les arts.
.Altaic !"■ , fils d'un second frère dc Philclærus , reçut le sceptre
d'Euiucncs, ct peu de princes font porU' avec plus dc gloire : sa vie eniicrc
est une suite de bienfaits envers ses peuples , d’actions nobles et généreuses
envers scs alliés , dc succès contre ses ennemis ; et s’il éprouva
quelques revers , ils ne servirent qu’à développer les grandes ressources
dc son caractère.
A peine investi du pouvoir , il défait ces Gaulois jusqu’alors invincibles,
qui, maîtres dos villes <lc rilcllespont , répandus dans toute la Alvsic ,
faisoicnt ircmbler l’Asie mineure , cl levoieni dos Iributs sur les Elals
qu’ils ne laissoicuL exister c[u'à ce prix. Altaic soul osa, par uu refus sans
exemple pour ces belliqueux étrangers , braver leur vengeance ; il sut
rendre à scs troupes le courage que toiilcs les nations avoient perdu , ct
reinporlaune victoire complète; il n’eu usa que pour interdire aux Gaulois
le pillage dc ces belles contrées; il les contint daus les limites (pi’il
leur assigna , ct même il les fit bientôt servir à scs propres desseins. Ces
troupes, qu’il veiioil d’immilier , comballireul pour lui : il enleva au roi
de Syrie les provinces en deçà du mont Taurus ; et s’il fut ensuite forcé
de les évacuer, il s’en dédommagea en reiilraiiL dans Cyme , Smyrne ct
(i) Appiau, <le lidl, Syr.
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