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dur, si je l’ose dire, outragée par la Provklcneo, se vit eondamirée
aux caprices coninic aux l'urcurs d'un iiionslrc en délire.
Caracalla devenu, Jiar l’assassinat il’uii I'rcre, seul eu droit dc totir-
,neuter l’uuivers, ct craignant les ressent,nieus eomprnnés dc <inel-
qucs citoyens, cn ipn son inquiclc et juste méllancc croyoit suri>rciulre
uu reste d’énergie, éloit sorti de Rome. Pour avoir le ,>rélexte de sc
croire un coiuiuéraiit, il yoyagcoil dans ses provinces soumises ct consternées
à la téle d'une armée ipii les iiilloil.
C’csl ainsi qu’a|irès avoir parcouru une parlic dc sou empire siluce en
Europe, il arriva sur les l'routiércs dc la Macédoine. Devils llattciirs qui
vivoient dc ses désordres ct s’enrichissoicnt dc scs folies, ceux même qui,
sans .avoir rien à y gagner, é,irouvcnt en pareil cas nn i„exi>lieable besoin
de s’avilir, ne manquèrent pas dc le placer au-dessus dc tous les héros
de l’aiitiquité. U eut, dans le iiremicr moment, la modestie de ne se
croire que l'égal d'Alexandre. II prétendit lllirc revivre en lui le vciigerir
delà Grèce; il cn adopta les vètomens ct ramiiirc, plus faciles .à imiter
que scs grandes qualités; ,1 lit plus, il c i prit le nom , forma une phalange
macedonieiiiie, ct fon portoit avec les aigles romiiiiics dans les rangs lie
son armée, la double image d’uu monarque à jamais cher à la gloire, et
d’un vil tvran (|u’attciidoit la justice des .siècles (i).
Parvenu sur les bords de nicllcspont, il s’embarqua, voulut braver la
tempête, ct man<iua périr (ii). Nous l’avons vu arriver cn pompe .à Pergame
liour solliciter des Dieux raffraneliisscmcnt de scs remords (3),
7 acc qu’lieurcu.scmciit la siq,renie justice ii’accordc jamais. De retour
daus la Troade, il visita les iiioiuimcus des héros ct rendit aussi des
liommagcs publics aux miu.es d’Aehille. Le to.nl,eau dn Ills dc Péléc
est orné dc festons ot de guirlandes, l’empereur y prodigue de pompeux
sacrifices; mais-Yc n’est déjà plus assez pour lui d’être uu Alexandre,
c’cst le divin Achille lui-mêmc qu’il veut on tout imiter. II lui falloit uu
ami dont il pilt célébrer les funérailles. Festus, jus<liic-lè le (ilus cher
do scs favoris, meurt subitement; ct fliisloire nous a transmis cc ([u’cn
pensa toute l’armée : le soupçon injurieux est le ,,renier cbîitimcnl du
crime qui perd pour toujours le droit de s’en plaindre.
Caracalla, fidèle observateur des moindres ilétails consignes dans
çQ l)i„u. Cass. Lil,. LXXVII, c.
Lib. IV, c- i 3. Spavliaii. Caracalla.
llerodian. Uisl. (2) Uioii. Cass. Ibid. c. iG. .Sparliai,. ll>id.
(.1) Voyez pag. £|G dc cc volume.
¡’Iliade, fit élever, prés du cap Sigéc, un vaste bûcher sur leiiucl il plaça
le corps du nouveau Patrocle; il immola des milliers de vicliuics, lit des
hbations, implora le secours des vents, et mit ensuite le feu au bûelier.
Sou rôle lie l’avoit cilibaiTassé qu’un momeul, lorsque, toujours comme
Acliille, d avoit voulu coiqicr sa chevelure : il éloil à |ieu [ires chauve;
ct, au méjiris de la dignité souveraine, les soldats i'iirciit l'rappés des
ridicules cfiorls qu’il mulliphoit pour consommer sou difficile sacriliee.
(.eux memes qui u’eusscut pas balancé à servir sos ('lueurs insensées uc
|Hire,it coLilcuir des rires iiisullaiis ( i) . Les moiiiciis d’oubli sont un
court soulagement que le ciel daigne par l'ois accorder aux victimes
mêmes du pouvoir le jilus redouté; il doit s’y allciidre, cl s’y résigner
avec lous les dehors d’uuc parfaite iiisouciaiicc ; e’est-là sa iiliilosojilûc.
Les prétoriens de Néron, parcourant les gradins du Llié.alrc où l’élève
de Senèque el de Biirrlius se donnoit eu spectacle, ue poiiToicnl arracher
qnc des signes d’admiration déiiieiilis jiar la coiiteiiance iuvoloii-
Ulirc de ceux qui les prodiguoieiiL (2),
Le monument funéraire dc Festus dépend aujourd’hui d’une petite
métairie, dont le propriétaire avoit adossé sa niaisoii à cc monticule,
auquel il ne supposoit d’aiilre mérito que dc la garantir des vents du
Nord. Craignant les vexations du commaiidaiil de la forteresse, il s’étoit
constamment refusé à mes sollicitations, c’cst-à-dirc à toutes mes offres,
pour en obtenir ia iiermissioii dc tenter uue fouille sur sou terrain. Par
bonheur, il fut oliligé l’année suivante dc faire un voyage cl confia le
soin de sa propriété à un frère qni, moins prudent ou plus iiilércssé
feignit d’ètre jihis crédule. 11 adojita ou parut adojiler l’espoir dc trouver
uuc source abondante qui eût fertilisé ses champs; ct, eu sus du prix
très-avantageux pour lui, dont nous conviuiiies, j ’ajoutai la promesse
dc jiaycr à une valeur double dc leurs poids les objets d’or et d’argent
qui pourroicnt être trouvés ; ce fut ce qui le décitla ; car il ue pouvoit
renoncer à l'idée d’uu riche trésor, qu’il persistoit intérieurement à
croire le véritable but de mes reelierehes.
■Le sommet arrondi et tronqué dc la loiiibc dc Festus n’est aujourd’hui
elevé que dc 20 [lieds au-dessus du sol qui fcmironue, mais ce sol est
évideinineiiL exhaussé jiar les terres que les pluies en ont détachées; et,
( i) Dion. C;
Lib. IV
1. Lib. LXXVn, c. iG. Herodi.311. ilisl.
cn]>. 14. 7'urne I I .
(a) Tacit. Amial. Lib. XIV, c. i 5 ; Lib. XVI, c. 4.