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V O Y A G E P I T T O R E S Q U E
» assurent qu’antcricurement aux inoiiclaüons qui ont submergé d’aulrcs
0 contrées, rîlc qu'ils habitent eu avoit éprouvé une trcs-considérable, à
» l’époque où s’ouvrireiit d'abord le détroit des (^yanécs, et ensuite celui
.) delTIolIcspoiit. Suivant eux, la mer du Pont, originaircmeiiL iermée dc
» Lous cotes comme un lac, s’augmenta succcssivemciiL par les eaux des
a ilouves qui s’y jcLlenL ; les îlots sc versèrent daus riIcllcspoiiL, cou-
ft vrircnt les terres maritimes de l’A sie, et même une partie dc I île dc
a Samothrace. C’est cc qui cxi>liquo elairciucnt comnicnl long-temps
a après, on vit des pceheurs dc l’ilc retirer daus leurs lîleLs des cluqii-
a taux de colonnes, débris des villes submergées lors dc ceLle ternblc
a cataslroplic. Les lieux les plus élevés pouvoicnt seuls ofirir uu reiugc
a aux liabitans; ceux qui y parvinrent, tant ([u’ils virent mouler les
a eaux, ne cessèrent d'implorer les dieux; et lorsqucinln elles sc iurent
a arrêtées, ils [»lacèrcuL autour dc leur île des autels qui nidiquenl les
a bornes de rinonduUoii, et sur lesquelles on olirc encore babitueUement
a des sacrifices ( i) . a
Le témoignage que je a icus de transcrire est précieux ; il lie l époque
dc celle submersion aux cérémonies religieuses qui subsisloient encore
du temps dc Diodorc : il semble nous inviler à remonter d’âge en âge
pour cliercber daus ce culte, si long-temps conservé, quelques notions de
p l u s sur cette inondation; événement cerlain, cl qu’on peut regarder
comme uu des premiers points lumineux dc riiisLoirc.
Trente-six siècles après la première cx[)losiou du volcan qui ouvrit
un passage aux eaux , ses vestiges sont reconnus , et révèlent jiour la première
fois la véritable cause de rinondalion dont le souvenir sc perpétua
dans la Grèce. Celle découverte édaire et conlirinc le récit dc Diodorc : il
nous apprend qu’on sacriiioit encore de son temps sur ces mêmes autels
que la recounoissauee des habitans dc Samothrace avoit élevés a leurs
divinités [»roLeclriccs; ct il l'ail naître le désir de rechercher quelles
étoient ces divinités, ces sacniiccs, sur-LouL de rapprocher les traits qui
peuvent indiquer une liaison entre cet événement cl lo culte qu’il dut
introduire ou modifier.
Les mystères de Samothrace et dos dieux Calùrcs remontent au-delà
de l'histoire; ct le voile religieux qui les couvroit semble ajouter encore
aux ohscuriüis dc ces temps. Les [»remiers apologistes dc la religion
( i ) Diod. Lib. V , § 47
cinf lionne se sont efforces de l’écarlcr, mais le zèle qui les a.nmoit leur
a fa.l d.küUïi ir les abus dc cc culle pluldt que scs principes.
Les ailleurs anciens/qui ii’cloicnl pas dclournès dc leurs recbcrcbcs
par les mêmes molifs, ne nous Ibumissciil guère plus de lumières à cel
égard; cepcndaiil les iiolions qii’oii puise dans leurs ccrils siiffi.sciil
pour donner une idée gcnèrale de ces rils mystérieux, source première
de la religion des Grecs.
Ou peut croire, d’après Varron, qui avoil l'ail une élude particulière
des auliquilés du paganisme ( i ) , que le plus ancien des cultes delà
Grèce, celui de Samolliracc, aiilèricur à l'iiTuplioii du Püiit-Kuxiii,
lui aussi UN des ciiilcs les ¡dus sinqilcs. Les coiiuoissaiiccs vulgaires
oui besoin d'observations, d’exjièricuces, ct 11c s’aflèrmissciil que ¡laides
lâlouiioQiciis; ec u’esl doue qu’à ia longue qu’elles se digagciit, sc
coiiqilèlciil, ol ¡larvioiincnl à celle clarlc qui les consacre : celles au
coiilrairc qui oui pour objet la divinité, quelles que soieiil les sources
d'oii elles découieiil, ne sauroiciil élre plus simples que dans leur origine;
elles ii’oiil rien à es¡lércr du temps, il uc ¡icul que les aUérer.
Les premiers liabilaiis de Samotlirace 11e coiiuoissoiciil que les g u a x d s
D i e u x , les D i e u x p u i s s a k s , le Ciel et la Terre; mais le nombre des
objets dc leur viàieralioii s’accrut , ct leurs idées s’obseureimil ¡lar le
iiuLuigc de dogmes nouveaux. Ces dogmes i'ureiit a|)¡)orUts de la Crélc
cl de ILgxqilc par des miiiislres religieux, qui civiliséreiil les habilaus
dc Lemiios ct de Samolliracc, el leur cnseigiièrenl quelques arls miles.
A ces grands dieux lionorés chez les insulaires, bu associé le ùlereiiro
égyplicii, sous le nom de Camilliis (■.,). Biciilêl des peuples qui avoieul
deja leurs p^(>¡)rcs divinilits, se ¡ilureiit à les reeouiiollre daus les dieux
dc Sainolhracc; cl c’csl ainsi que Cmès, Prosorpiiie el Plutou furenl
ranges ¡lar leurs sectateurs les plus ferions, ¡laniii les dieux Caliires;
demmiiiialioii sous laquelle les aiieiciiiics divinités étoient eollcetivemeul
dbslgiu'-cs, qui ¡laroit avoir élé d'abord celle dc leurs prêtres, el que ¡,alla
suite ou appliqua aux dieux mêmes. C’est du moins fopiniou dc i\[. de
Saillie-Croix, qui, dans son ouvrage sur les mystères du Paganisme, a
rassemble loulcs les lumières dont ces olijets èloieiit susceptibles (3):
l'rerel les avoil diqà traités ( j) . Qui pourroil sc llaltcr d’ajouter aux
( 0 Varro. De Ling. U t. I.ib.D , $ i
(al .-(¡.uH. .Scluil., a.l Lib. 1 , v. ga’a.
(3) MOm. pour servir à la religion s
.y
lens penpies, ou Recberchw l.isloriques el critiques
ir les mystères (lu l'aganisme. Paris, 1-84.
' 11 Mèm. (le Liu. T. XXVH. ilUt. p, 9'
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