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2 i / | . V O Y A G E P I T T O R E S Q U E
Dirigé par ces anliques monumens qui existent encore, parce qu’aucun
intérêt ne ])ortoit à les détruire, el par la coniîguralion du terrain qui
n’a subi que des cbaiigemcns faciles à distinguer de son étal antérieur,
je crois pouvoir donner la solution de presque toutes les difficidlés que
je me proposois alors à moi-mcme : on partagera l’étonncmenl, dont
l’babilude et une longue réflexion nc me dcicndent pas encore, lorsqu’on
rcconnoîtra sur mes cartes les lieux qu’llomère s’étoit plu à décrire : il
les avoit peints avec assez d’ordre et de précision pour quo fou pût s’en
créer une juste idée, même sans les avoir vus; et ce sera sans doute
rendre en même temps hommage à l’auteur de l’Iliade, ct au poète
moderne qui cn a su transmettre les beautés dans sa langue, que d’engager
le lecteur à revoir et à vérifier l’idée que l’ilIustrc Pope s’éloit faite
dc ces lieux. On ne peut le soupçonner des mêmes préventions qu’un
voyageur : une lecture réfléchie lui avoit seule fait concevoir la disposition
générale des objcls nommes dans le poème; et cependanl, quoique la
carte gravée à la tête de sa traduction soit très-défcctueusc, quoiqu’il ait
été ('gaiement mal servi par le dessinateur et par le graveur, ({uoi(ju’ii
soit lui-même tombé en d’évidentes et nombreuses erreurs,on sera frappé
des rapports qui se trouvent entre ce que Pope avoit supposé et ce que
j’ai retrouvé : c’est la première fois que des opérations géographiques
auront appelé en témoignage la brillante imagination d’un littérateur,
et qu’elles cn auront reçu un appui réel.
En rapprochant les passages topographiques de l’Iliade, on pouvoit
donc se former une idée générale des lieux immortalisés par Homère.
Sur la côte d’Asie, à l’entrée de rilcllesponl, étoit le gollé qui reçut la
flotte des Grecs ( i) : ils tirèrent leurs vaisseaux sur le rivage, les placèrent
sur plusieurs rangs (2), ct couvrirent leur camp formé de navires
et de cabanes, par un mur cl un large fossé (3). Achille avec ses troupes
ctoit du côté du cap Sigée; Ajax à l’autre extrémité vers le cap Rbctéc;
Ulysse occupoit le centre; et c’cst près duvaisseau de celui-ci que sc plaçoit
Agamemnon pour assembler les cliefs el tenir conseil (4) : de là, scion
le poète, qui (irêtc toujours à ses héros des forces surnaturelles, il élcvoit
(1) lliad. Lib. lI .9 î.L ib .V llI ,8 fie ts e .i.L ib . IX,
36o. Lib. XII, So.I.ib. XV, a38. Lib. XVII, 43ï.
(2) lliad. Lib. I l , 92. l.ib. IV , 248. Lib. XIV, 3o et
seq. Llb. XV, G60 el seq.
(3) Iliad. Lib. VII, 338 et seq. 435 ct scq.
(4) Iliad, Lib. VIIi, 222 cl scq. Lib. XI, 5 c
Lib. XIV, 3G.
D E L A G R E C E . 21,5
la YO.x ct se faisoit entendre jusque aux deux extrcmité,s du camp (i).
Sur lo bord de la mer, à quelque distance du quartier des Myrmidon.s,
furent ensuite clevés le monument funèbre de Palrocle, cclu. d’A cliille,
qm par sa situation et sa hauteur ctoit remarqué de tous les navigalcurs
(a), el près du cap Rhétée, le temple ct le tombeau d’Ajax (3). Un
peu plus h l’est, dominoit une belle colline, Callicolone, sur laquelle
viennent se placer les dieux protecteurs des Troyens, tandis que Neptune
et Minerve s’établissent sur les hauteurs qui bordent le rivage de la mer
Egee (4). Ee Scamandre, après avoir reçu les eaux du Simoïs, se jetoit
dans le golfe (5). Le premier éloit une rivière paisible et toujours égale
dont les sources, voisines d’Jlion, offroicnt des phénomènes particuliers’
qu. bientôt nous la feront rcconnoîlre, s’ils existent encore (6) Le
second, torrent impétueux, sortoit des montagnes, et rouloit a'vce ses
Ilots précipites les sables qu’il avoit arrachés des flancs de l’Ida (7). En
avançant le long du Scamandre, on trouvoit le Throsmos où les chefs
troyens tiennent conseil au X™" livre de l’Iliade, et sur lequel étoit
le lombeau d’Ilus (8). Enfin , au fond de la plame , la ville d’Ilion
s’elevo.t sur une hauteur battue des vents (g) ; et du sommet de la
citadelle, la vue s’étcndoit d’un côté jusqu’à l’Hellespont, de l’autre
sur Ténédos et la mer Egée (lo).
Telles sont les principales indications que pouvoit fournir la lecture
do l’Iliade à celui qui cherchoit à se rendre compte du terrain, sur
lequel Homère fait mouvoir successivement les Grecs, les Troycns, et
les dieux inlervenus daus leurs querelles. Mais toutes ces c.rconstan’ces
locales n’cto.ent-elles pas le produit de la seule imagination du poète, ct
pouvo.t-on supposer que les tableaux dont son poème est enrichi,
cu.sscnt etc fidèlement copiés sur la iialurc? Nous allons les comparer
aux objcls que nous rencontrerons; et c’est sur les lieux mêmes que
nous déciderons cette question, en rapprochant du texte d’Homère les
passages de Strabon, de Pluie, ct dc tous les ancieus qui pourront nous
guider. Dc leur temps, la plupart des monumens, que protégeo.cm des
(Oliiad.I
(а) Ilk,1.1
(3) .Slrab. I ,
(4l Iliad Lib. XX, 49et.seq.45et seq.
(5) Iliad. Lib. V, 4. Ibid. 774.
(б)lliad, Lib. V, 36. Lib- XIV, 433. Lib. XXI 8.
35o. Lib. XXII, 147 et .seq.
(7) Iliad. Lib, XU, 22. Lib.XXI,3 ;4.
(8) Iliad. Lib. X, .60. Id. 4 . 5. Lib. XI, 56. .66.
Lib. XX, 3. Lib, XXIV, 349.
(9)lliad.I.ib. XX, 2.6. Lib. HI. 3o5, Lib. IX. 4.9.
(.0)1 !. Lib. IV, ;
.. Lib- XXllI, 126, Lib. XXI, 247. 256. (8) Iliarl'
b.Lib. XIII. 5qG. Til. v v 2'
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