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pas Yers l’orclrc social. Lorsque nous la retrouvons chez dc vieilles nations,
c’csl un témoignage honorable dc leur immuable attachement à des principes
que la bonne ou la mauvaise l'ortunc n’ont pu altérer; ct clicz celles
qui sont réduites à uc plus la regarder que comme une douce llctioii, le
charme qui en accompagne l’idée, ne prouve-t-il pas que, sans sc l’avouer,
on rcgrcllc les temps où ces praliiiucs furent le plus en honneur, ou que
fou ciivic les nations t[ui les retiennent encore !
Les peuples dc rOricnt u’oiit donc perdu presque aucuns des usages
décrits daus les plus ancicmics annales du monde, dans les livres saints,
ou dans les chants efllomcrc, sur-tout dans celui de scs poèmes qui
peint le plus fidèlement les moeurs dc ces temps recules : le génie dn
poète a bien su dans l’Iliadc, au milieu des combats dont elle offre,
trop souvent peut-être, les sanglantes images, reposer quelquefois lo
lecteur snr des peintures moins pénibles; mais dans f Odyssée, quels
tableaux ! quels touchaiis détails ! relus cl admirés depuis trois mille ans,
ils conservent encore le même intérêt. Télémaquc ct son compagnon
sc présentent chez Méuélas : ce roi s’indigne qu'on puisse hésiter à les
recevoir. « N’ai-je doue pas, s’éeric -t-il, mangé le pain do fhospilalité
» chez tant de peuples divers, avant que le maître des dieux, me rame-
» liant dans ma patrie, eût mis un terme à mes peines? » Ces étrangers
ne lui sont point connus; il lui suffit de savoir qu’ils sont des voyageurs
pour leur adresser ces simples ct aimables paroles : « O mes hôtes, recevez
» avec bienveillance ce que nous vous offrons; après votre repas, nous
» vous demanderons qui vous êtes. » S’cn informer plus lo t, c’eut etc
offenser Jupiter hospitalier, de qui viennent tous les étrangers ct lous
les malheureux (i) .
La muse dTiomérc semble se complaire à célébrer cc respect pour
l’infortune. Ulysse, échappé au naufrage, rencontre des femmes dont
le premier mouvement est de fuir à son aspect; la jeune princesse
qu’elles accompagnent, leur reproche celte foihlesso, et les menace du
courroux des dieux; elle donne à l’Infortuné les premiers secours que
réclame son élat, et lui indique avec bonté la maison dc son père. Le
héros en y entrant sc prosterne sur le foyer ; c’étoit l’asyle des supplians,
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une sorte de sanctuaire où l’on plaçoit les pénates, dieux protecteurs
dc la maison. Alcinoüs le relève et lui tend la main, c’est le signe dc
la loi jurée : on lait des libations aux dieux; un superbe festin s’a|)prcle;
mais on sc garde dc demander à l’étranger son nom, avant la fin du
repas. Cc n’est pas même alors lo roi qui l’interroge; il craint dc laisser
à sa voix l’accent dc l’autorité. La reine seule adresse à Ulysse, quelques
questions timides ct indirectes. Le liéros raconte son séjour dans l’île dc
Calypso, ses dangers, son naufrage; il ne sc nomme point, et l’on continue
à respecter son silence. Cependant le roi assemble le lendemain, au lever dc
raurorc, les chefs du peuple. « Je ne connoispas, leur dit-il, cet étranger;
I) mais il nous demande des moycnsdcretourner dans sa patrie, et jamais
» étranger abordé dans cette île n’a vainement réclamé du secours ( i) .
Tableau délicieux qui reporte l’imagination au seul âge d’or que l’on puisse
concevoir, ct amène naturellement quelques réflexions que l’iatcrèt du
sujet pourra faire pardonner.
On voit le plus sublime des poètes déployer tout l’éclat de son talent
pour célébrer cette vertu protectrice du malheur, celle vertu si chère
aux immortels, que la plus aimable des déesses, el le plus redoutable des
dieux, sc plaisoicnt également à être honorés sous son nom (2).
Homère rcmplissoit ainsi l’auguste ministère des mortels privilégiés,
auxquels il éloil donné dc parler le langage des dieux. La poésie avoit
jeté les premiers fondcmens des sociétés, en frappant d'un cliarmc
inconnu les barbares (¡ui s’égorgcoieiit dans leurs forêts : elle continua
sa glorieuse mission, en chantant parmi les Grecs la bienfaisance, et
le respect pour les scrracns. Du combat entre le zèle des poètes législateurs,
et les penclians cruels de ces peuples, naquit l’étrange contraste
des pratiques les plus nobles et des usages les plus inhumains.
L ’empire dc Neptune resta le théâtre de la violence. Jamais une idée
douce ct consolante n’accompagna fidcc do cc dieu des tempêtes; partout
il est peint ébranlant la terre daus scs fondcmens, soulevant les
Ilots courroucés ct répandant l’effroi. Si son périlleux domaine éprouve
(^llel(¡ues instans dc calme, ils sont dus â la présence d’une déesse qui
se promène eu triomphe sur les vagues contenues par son aspect; nouvel
hommage (¡uc la poésie rend au sexe chargé par la nature d’alléger les
douleurs et d’ap¡)aiscr les discordes.
( 0 ütlyss, Li!>. VIII, V. aü, cl scq. (a) Veuus Ilosi.iU.
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