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loiir-à-tour accncilloit, sacriCoil, cl pcrdoil l’un par l’autre, tous ces rois
rangés et courbés sous sa protection.
Eumciics II accrut ct enrichit la blbliolhcquc clc Pergame, au point
trcii être regardé comme le véritable Ibndalcur ( l) : elle contciioit deux
cent mille volumes, lorsqu’Aiiloinc en lit présent à la reine Cléopâtre.
Ou prétend que le roi d’Égyptc , jaloux dc ec genre de gloire dont il
vonloit jouir cxcinsivcmcnt, défendit dc laisser sortir le papyrus dc scs
États ; mais qii’Eumèucs sut découvrir ct employer des feuilles plus
duralilcs, dont le nom atteste après deux mille ans , que le mérite d’une
si licurcusc invention appartient à Pergame (2). Il est digne dc remarque
qu'il y existe encore des manufactures dc parclicmin. C’est d’EumèiicsII
que Polybe fait cc bel éloge, qu'il ne fut inférieur i aucun des monarques
de sou temps dans les choses ordinaires , ct qu’il les surpassa tous dans
les grandes (3).
Altaic 11 , surnommé Pliiladclplio , occupa le trône après lui :
Eumèncs 1”avoit désigné pour son successeur , quoiqu’il laissât un lils
en bas âge ; mais Altaic eut la vertu de ne sc regarder que comme
le tuteur de sou neveu. J1 avoit contre lui , en prenaul les rênes du Gou-
vcmemeiit, la haine de Prusias , l'ambition dc Démétrius , ct la politique
des Romains qui commenroiciit â craindre qu’un roi de Pergame ne
devint trop puissant en .Asie. Il sc signala par divers exploits , rétablit
Ariarallic dans le royaume dc Cappadoce , malgré les efforts de Démé-
triiis ; contraignit Prusias , qui étoit aux portes de Pergame et avoit
inômc pillé le temple d’Esculapc , â subir une paix dictée par les
Romains ; fortilia bientôt après le parti de Nicomèdc contre Prusias , ct
affermit ainsi la couronne que sa tendresse conservoit à son neveu.
Attale 111 fut accusé d’avoir hâté par le poison l’iiislant oit il dcvoit
jouir dc tant dc bienfaits ; ct toute sa conduite ne justifia que trop le
soupçon d’uii si grand crime. Il crut en détourner l’idée, en se montrant
implacable contre des malheureux qu’il acciisoil d’avoir fait périr par des
mahificcs sa femme ct sa mère. Cette accmsation ne fut qu’un prétexte â
de nouvelles cruautés. Sos soupçons toujours suivis d’im arrêt de mort,
tomhoicnt au gré de sa haine sur scs plus proches parens, sur les amis
3„3 (3) x . i , 1. , 1. ™ ,(0 D¡»g. 1. . » , 1« . , , M , , 1, ..!■
G) jEmulalionc circa. Ribliothccas rcgum J Iole-
miri et bumciiis, supjirimcnte cliai'tas Plolemico idem
Varrò membranas Pergami iradidiL reperlas. Pfoi.
L. S U I , cap. II.
I yivipfrcf , Tifi ii ri fToufaiimu »«.
Ÿ xu! Xap-itf‘Tarte. Pülyb. Exccrj). p. G.
tic son père cl de son oncle : son inquicLc icrociLc ne méprisoit aucune
injure, ue dèdaigiioit aucune viclimc ; il ü t , dit-on, craeilier un grara-
mairieii , accusé d’avoir fait une épigramine contre l'Iiiletoerns mort
dej)iiis })lus d’un siècle ( i ). 11 est vrai qu’on rapptJoit dans ces vers
quelques détails peu honorables sur l’origine de sa maison ; et il eût
voulu sans doute que lous les poètes se coiiduisisseiiL comme Nioandre ,
qui n’Ju'sita pas à le faire tiesc.etulre d'iiercule et d’IIippodamic (2).
Allait; III cultiva la bol.anitjiie ; l’on firéicrulit tjue c’étoit pour en
ülilenir de j)Iiis sûrs poisons ; c’est du moins ce que tlit Justin, et ce que
donne à cult;ndre Plutarquc (3). Varron el Colimiellc nous apprennent
qu’il avt)il composé des livres sur le jardinage (/j.) ; Ccise et Galicn, qu'il
avoil étudié la médecine ( 5 ) , qu’on lui doit même quelques découvertes.
Du reste , l’iiorreur dc ses crimes paroît avoir troublé sa raison
vers la fin de scs jours : lous les détails dc sa vie portent alors le
caractère de l’égarement; il se renferma dans son palais, ne voulut plus
entendre parler des affaires du Gouvernement, ct sc livra exclusivement
à la pratique des arts. Il construisit lui-raème un mausolée pour sa mère,
et il faisoit couler les figures de bronze donl il vouloit l’orner , lorsqu'au
milieu des fatigues dc cc travail il fut atteint d’une maladie mortelle. C’est
alors (ju’il lit ce fameux tesLamcnt donl l’ambition romaine sut si bien
sc prévaloir : Populus romanus honoriun meorum hoeres eslo (6).
Arislonicus , fils naturel d'Eumètics [1 , disputa qiielijuc temps avec
vigueur le royaume de scs pères : il remporta une glorieuse victoire sur
le consul Licinjus Crassus (7) ; mais enfin abandonné par scs alliés, vaincu
ct fait prisonnier , il servit d'ornement au triomphe du consul Aquilius,
cl fut làchcmctil égorgé à Rome dans sa prison.
Ainsi finit, cent vingt-six ans avant l’èrc chrétienne , avec le dernier
desAttalides, le royaume dc Pergame qui avoit subsisté cent cinquante-
trois ans avec gloire, el qui présente le phénomène singulier, et peut-
être unique, d’une suite de rois qui, Lous, si l’on en excepte Attale I I I,
sc distinguèrent par des talons, des vertus guerrières ct politiques, ctpar
l’amour éclairé des sciences et des arts.
(1) Sirnb. Lib. X IV , p. 647. Valcr. Maxim. Lib. I,
cap. 8.
(3) Aul. vit. Nie. pag. 3.
(3) Just, Lib. X X X V I , cap. 4 - Plutarcb. T. I ,
pag. 897-
Tome I I .
(4) Varr. Lib. I , cap. i. Colum. Lib. I , cap. i.
(5) Ccls. Lib. V , cap. 19.
(6) l'iorus, Lib. I I , cap. 20.
Ò) Veli. Patere. Lib. I l , cap. 4,