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Los Tcuthraniens résistèrent plus long-temps. Leur premier roi, Teu-
ihras , avoit adopté pour sou successeur Tclèphe fils d Hercule et d Augé.
C'est pendaiiL le règne de Télèplie (luc les (irecs, armés conLre Troie,
vinrent ravagt'r la '.reutliranic. Télèplie les attaqua , Hia J'hcrsaiidrc
chef des Béotiens , et resta vainqueur ; mais , blesse par Achille , il ne
dut , d it-o n , sa gmuison qu'à la rouille de la lance ({ui I avoit atloiiiL.
Il lit ensuite alliance avec les Grecs. Son tils Eurvpylo , entraîné par
son amour pour Cassaudrc, rentra dans le parti dcsTroyens, et fut tué
par Pyrrhus (i). Ainsi , à répotpie où les Eoliens entrèrent clans l'Asie
mineure , le pays qu avoient occupé les Lclèges et les Ciilicieus éloit
prcsc|Lie désert : la Teiuhraiiic seule etoil habitée.
Les Eoliens, selon Slrahou ct Pliiic, s'élendoicnL sur les côtes dc l’Asie
mineure, depuis le promontoire Lcclum jusqu'au lleuve llermus, el
même un peu au-delà , puisque Smyrne avoit fait d abord partie de
l’Eolide. ils furent maltraités par les Ioniens arrives après eux , et par les
Phocéens , ciui, au mépris dc la foi jurée , s'approprièrent tmc partie dc
leur territoire.
Les Eoliens , pendant long-temps , ne reconnurent point dc maîtres :
iis sc gouvcrnoicul par leurs propres loix; ils furenl enfin subjugués par
Crésus,el bientôt après soumis aux Perses. A dater de cc moment, ils .se
confondent avec les Ioniens , ct existent à peine dans l Histoire : on peut
ccpemlanl les suivre encore, et les discerner dc loin en loin. On les voit
d'abord gouvernés au nom du grand roi, recouvrer ensuite , ainsi que les
autres colonies grecques, une sorte dc gouvernement populaire par la politique
de Mardonius ; suivre Xcrxès dans son expédition contre la Grèce;
rabandonner lorsqu’il fut vaincu; s'allier au gré des événemeiis, tantôt avec
les Athéniens, tantôt avec les Lacédémonicns ; subir de nouveau le joug des
Perses, par la servile paix qui fut imposée àLacédémone, et enfin se perdre
en partie daus la Lydie, en partie dans la province dc 1 Hellcsponl: c’est du
moins ce qu’on infère avec ([uelque vraisemblance du récit d’Arrien (2);
car ces peuples s’effacent à tel point, qu'on a peine a découvrir le moment
précis où ils perdent leur nom el leur existence. On remarque seulement
que lorsqu’Alexandre distribua les différentes provinces (ju’il avoit conquises
sur les Perses , nulle part l’Eolide n’est particulièreraenl désignée,
quoique cette province fît partie des états d’Anügone.
(i) üdyss. Lib. X I , V. 5 . 8, G) Arrian. Expedil. Alex. Lib. I.
Nous partîmes dc Ménémen : nous marchâmes une heure sur des
tcrrcins couverts dc sables qui paroissent avoir été déposés par l’Hermus,
dont le lit a souvent changé, ct nous passâmes ce fieiive dans un bac. On
marche ensuite environ une heure ct demie dans la direction de l’ouest-
nord-oucsL pour contourner le mont Sardcna , sur la base duquel on
appcrçoit un vieux château élevé pcuL-ctre sur les ruiues de Neon-tichos.
Si l’on n’a d’autre objet {|uc dc sc rendre directement à Pergame , on
laisse à sa gauche le chemin qui conduit â Larissa, à Phokia-nova , ol à
Cyme ; mais le voyageur curieux sc détournera pour voir les ruines dc
celte dernière ville, jadis une des plus florissantes de l’Éolido , aujourd'hui
entièrement détruite.
Cyme, placée sur le bord de la mer , étoit traversée par le Xanthus,
très-petite rivière dont le cours n’a point changé. Dc la grandeur passée
dc cette ville, il ne reste que des ruines sans nom , presque sans intérêt ;
des fragmens méconnoissablcs, au-dessus desquels on n’appcrcoit qu’un
petit nombre dc cabanes isolées. Cyme avoit été , dit-oii, fondée par une
Amazone sujette ou compagne de Myrina, de cette reine dont le nom
sc représentera plus d’une fois ,• qui fut conquérante el législatrice dc ces
contrées , et dont on a long-temps honoré le tombeau près de l’enceinte de
Troie. Cyme fut dans la suite surnommée Phriconis, ou Phriconitis , par
dc nouveaux colons , qui , avant de passer en Asie , hahitoient le mont
Phricius près des Thermopyles. Les Grecs, qui vinrent â diverses époques
s’établir sur cc continent, sc plurent à transporter dans lour nouvelle patrie
les noms les plus coimus des contrées qu’ils avoient quittées. Dans tons les
temps, dans tous les pays , ceux qu’un sort contraire a forcés de chercher
uu asylc sur des plages lointaines , jettent leurs regards en arrière , se
consolent par des souvenirs , ct daus une douce illusion essaient de
reproduire des lieux chers â leur enfance. C’est ainsi qu’en Asie et en Grèce
l’on voit des villes et des fleuves du même nom ; que les montagnes de la
Troade reçurent de Tcuocr celui des monts dc la Crète, ct qu’un second
Olympe domina sur la Propontide comme le premier sur la Thcssalie.
Ainsi dans un autre hémisphère , les Espagnols oui fondé une nouvelle
Carthagène , les Anglais une nouvelle Yorck : ainsi nos compatriotes
dirigeant Loujours leurs pensées vers le beau pays dc France, donnoient
le nom chéri de leurs Soavefains à une île de l'Océan indien , ou à la vaste
région qu’arrose le Mississipi.
Tome I I . 5