
i I *
■li.
i i t
252 V O Y A G E P I T T O R E S Q U E
.> s’claiiccnl. au delà des sourccs; l’un I'uil, I’aiurc lo poursuit; Ic premier
» est fort ct valeureux, celui (¡ni veut f atteindre l’est plus encore— ainsi
1) trois fois ils tournèrent rapidement devanl la ville dc Pnam. .tous les
0 dieux les regardoient, etc. »
Jupiter prend la parole, ct demande aux autres dieux, s’il doit laisser
périr ainsi sous les coniis d’Aeliille un guerrier (]ui lui fut cher, ct qui
a hri'dc tant dc victimes cn son lioiincur sur le iiioiil Ida. Minerve
s’écrie ; . O mon père ! loi qui diriges la foudre et règles les tempêtes,
» qn’oscs-tn dire? veux-tu donc soustraire à la mort celui que depuis
» long-lcmps a comdamnc le destin ? Tu le peux ; mais n’espère pas que
« les antres dieux fapprouvciil. »
La déesse, avec le consentement dc Jupiter, s’élance dc l’Olympe pour
assurer la perle d’Hector.
« Le rapide Achille poursuit Hector sans relâche. Ainsi, dans les
« monlagncs, le chien presse nn jeune làoii qu’il a lait sortir de sa
» retraite; il le suit sur les hauteurs, à travers les vallées ; si fairimal
« tremblant se cache sous les buissons, son ennemi ne cesse dc lo
.. chercher, ct bientôt le retrouve ; tel Hector nc peut sc dérober au
.. rapide fils dc Péléc. Toutes les fois qu’il tente dc s’approcher des tours
» et de la porte Dardaiiienuc, dans l’cspoir qn’il cn partira des traits
» pour sa défense, alors Achille, s’élançant avanl lui le prévient, le gagne
» dc vitesse , le délonrne vers la plaine , ct court sc tenant toujours du
, côté de la ville. Tels, dans les erreurs d’un songe, nous nous efforçons
» vainement d’atteindre ou dc fuir celui qui semble nous éviter ou nous
» poursuivre.
» Hector alloit périr, si, pour la dernière fois, Apollon s’approchant
» ne lui eût rendu une nouvelle vigueur. Achille fait signe à scs troupes
« dc ne lancer aucun trait sur sou adversaire ; il craint dc so voir ravir
1) rhonneur de lui porter les premiers coups : mais lorsque, pour la
» quatrième fois, les deux guerriers approchent des sources, alors le
.. père des Dieux étend scs balances d’o r; il y place les destinées des deux
« héros, et les tient suspendues : lo sort liiiicstc d’Hector s’ahaissc,
« tombe. Cl sc plonge dans l’éternel aliiinc. Phéhns l’abandonne, clc. »
Minerve iirciid la ligure dc Déïiihohc, ct engage Hector à sc mesurer
avec l’eimcmi , tlont la victoire est assurée : elle feint tic vouloir com-
baUre pour Ini, ct disparoiT ensuite, lorsqu’il lui demande de nouvelles
armes. La dccssc secourt Acliillc, et lui rend le javelot vainemcnl lancé
contre Ilcclor, qui a su l’cviter. Celui-ci s’aperçoit dc son erreur : cn
voyant Déiphobc sur la muraille, ii reconnoît que Minerve l’a trompé,
ct déjà il sc juge dévoué à une mort certaine; il ne pense plus qu’à périr
avec gloire; il sc précipite sur Achille, ct celui-ci le frappe dc sa lance,
près dc la gorge, à l’endroit que laissent à découvert les armes enlevées
à Palrocle, et dont il est rcvclu.
Tel est le récit d’IIomcre, qu’il faut examiner, pour en saisir le véritable
sens, avec la même imparlialitc qu’on y apportcroit, si on le lisoit
j>our la première fois.
Hector, qui s’éloit avancé au devant de son ennemi, est tout à coup
saisi dc terreur, ct prend la fuite; il laisse derrière Jui la porte Sc ée, et
suivant d’abord la muraille , -il s’eu écarte bientôt égaré par l’ci'iroi qui
le trouble; il sc jette dans la grande route, passe au pied de l’Erinéos,
CL revient cn tournant aux sourccs du Scamandre. Trois fois il renouvelle
cette course presque circulaire, chcrchauL Loujours à sc rapprocher
des miu’ailles, dans l’cspoir que scs compatriotes pourront le secourir ;
mais Achille le prévient, ct le repousse vers la plaine. Lorsqu’lleclor
passe devant les troupes thcssalicnncs, rangées en bataille au pied de la
colline Balicia, Achille fait signe à scs soldats de nc point tirer sur son
ennemi, cl de nc pas lui ravir ainsi la gloire de sa défaite.
Il est bien vraisemblable que toutes les circonstances de ce combat
sont une pure invention du poète : la tradition lui apprenoit simj)lc-
ment qu’Achille avoit tué Hector devant Ilion ; son imagination lui a
ensuite fourni des détails appropriés à un Lerrain qu’il paroît avoir
parfaitement connu , el qui depuis n’a point changé, ü n a supposé
jusqu’à présent que les deux héros, cji sc poursuivaut, tournèrent autour
dc la ville. Après être parvenus aux sourccs du Scamandre, comme '
le dii Homère, ils auroient donc ensuite passé près de la colline Baticia,
el entrant dans la longue cl profonde gorge du Simoïs, ils seroicnt revenus
par ie vallon, ou est aujourd’liui le village d’Arablcr, jusqu’aux
sourccs du Scamandre , renouvclaiiL trois fois ccLLc péniljle course :
sans doute elle n’étoit pas au dessus des forces des liéros d’Homère, et
l’on cstaccoutumé à les voir opérer d’aussi grands prodiges; mais si c’étoil-
là cc <[ue le poète eut voulu faire eiiLcndre, comnicnL ce peintre si exact,
j’oserai même dire si minutieux dans ic rccil d’uu événement, dont le
Tome I L G4
i "M
eu
^ d
r
Y '
! 'if