
^ ;1
f C'
pas su sc dcfendrc, parce qu’elle étoit, de son temps, généralement
adoptée, embarrasse son récit, et le jette lui-méme dans une incertitude
qu’il est loin de dissimuler. S’il n’a pas su reeonnoître et éviter la méjirise
populaire qui prolongcoit sur l’ancien Simoïs le nom de Seamandrc, ct
le Taisoit prendre alors pour la partie supérieure de ce dernier fleuve,
Démétrius a, du moins, le mérite de soupçonner cette erreur; il annonce
scs doutes, sc plaint des contradictions qui le frappent, et semble
demander dc nouvelles iumicrcs à ceux qui verront ces lieux après lui.
C’ctoit encourager et justifier d’avance le voyageur qui, après les avoir
parcourus, et long-temps médités, croit avoir aujourd’bui trouvé lu
solution dc ce problème : elle n’auroit pas, sans doute, échappé à Démé-
Irius, si, lorsqu’il composoit son Commentaire, il n’eût été, déjà depuis
bien des années, loin du pays qu’il décrivoit.
Nous reviendrons sur cette question, après avoir aclievé une première
rcconnoissancc générale de la Troade, sans laquelle il seroit difficile de
saisir les détails que j’exposerai successivement. C’est du mont Cotylus,
fune des cimes du Gargarc, que sortent les foibics, mais nombreuses
sourccs du Simoïs; et ce monl Cotylus, père à peu près inconnu des
ruisseaux les plus cèlèlires du monde, verse en même temps au nord-
est les eaux du Granique. Tous les blets argentés qui sillonnent ses flancs,
cl portent ensuite, durant quelques heures, de si beaux noms, avant
d’aller sc perdre dans la mer, lui sont fournis par les sommets voisins,
encore plus élevés, et qui, loujours couverts de neiges, ou enveloppés
d’épaisses nuées, reçoivent sans cesse les vapeurs condensées dans l’al-
niosplière.
Le Gargarc est la masse centrale des monts Ida, le point d’où partent
les diverses chaînes qui s’abaissent à mesure qu’elles s’en éloignent; c’est
le réservoir qui distribue les eaux destinées à fertiliser ces contrées. Les
sourccs du Simoïs se réunissent d’abord en deux foibles courans qui se
confondent près du village de Tsatal-klian, daus l’ancienne'Cébrènie : un
peu j)lus avant, il reçoit le ruisseau nommé par les anciens, Andrius; ct
il coule ensuite dc l’est à l’ouest, à travers les montagnes, jusqu’au
bourg d’Enaï : alors grossi des Iributs que j)lusieurs vallées amènent successivement
dans son lit, il se dirige vers le nord, et vient, dans un
profond ravin, ceindre, du côté de l’est, l’emplacement de 1 antique Ilion
pour sc joindre ensuite, dans la plaine, au Xanllie ou Scamandre. C’csl
ce donner qui, sorti dos racines dc la montagne qito couroimolt la
Tille de Priam, coiiscrYoit son nom au cours des deux fleuves rcuiiis,
el sc jclolt entre les caps Sigce et Rlictce, dans un golfe de l’Hel-
lespoiit ( i ) ; mais en conservant son nom, le Scamandre pcrdoit son
iiidépcndaiico : le lorronl inégal el impétueux auquel il venoit dc s’unir,
lui imprimoit sou caractère , lut faisoit partager ses variations ct scs
fureurs.
En effet, le Simoïs une fols sorti des montagnes, n’étant plus contenu
par les ravins et les rocliers qui jusque-là lui commaiidoicnt sa route,
a souvent change de ht. On reconnoît encore, en quelques endroits,
les ancieimes traces dc sou passage; ct je ne doute point, d’après ces
indices ot une inspection soigneuse du terrain, que le confluent des
deux fleuves n’ait été jadis plus haut dans la plaine, c’est-à-dire, moins
éloigiic d’Ilion. C’est le propre des lorrens de so creuser successivement
dilïercns lits, lorsqu’ils coulent sur une surface égale qui ne maîtrise
pas leur cours, ct nc peut contrarier leurs caprices. Les sables qu’ils
ciitraîncm s’accumuloiit alors dc préférence à l’endroit où un autre
courant vient, par son impulsion, retarder la marche des eaux, et des
malièrcs^qn’clles charient vers la mer. Les débris descendus des moii-
Uigncs s’arrêtent plus facilement encore dans la saison où le torrent
safloihlil, ct quelquefois même cesse ciuiércmcnt de couler. Los sables
sc consolident pendant les sécheresses dc l’eté : les flots à leur retour
trouvent fobstacle qu’ils sc sont eux-mêmes créé, so détournent, et vont
clicrchcr, souvent daus une direction toute nouvelle, la pente que leur
offrent les jilus légères inégalités du terrain.
C’csl ainsi quo le Simoïs s’cst égaré successivement en diverses directions,
à iravers la plaine do Troie, et quo le point dc réunion de ses
eaux avec celles du Scamandre a probablement varie plusieurs fois. C’est
ainsi ipi’après leur jonction, le lleuve forme par les deux fleuves réunis
a eu jadis son cmljouchiirc près du cap Rhétée, a comblé la partie
orienlale du golfe compris entre les deux caps, et s’est ensuite rejeté sur
sa gauche, pour déposer sc.s sables aux environs du Sigce, ct achever
de rcnipllr la baie qui reçut, il y a trois mille ans, la flotte des Grecs.
Nous Icrous bientêt ces observations locales sur une carte plus détaillée
(0..................... Hvtuxvipc;
Oha Stmui ci’ns'xUüùpéa-xilr.çv. Ilitid. l.ib. XXI , v. laS.
To/ne n .
Ì
K; '
te
, i
) L
i
t e ,
-