
04 :
pi
'k \
te#
l ü
,rii'^’' iî
ÍÜI
T! .ÍH lJi 1 ., *■
3 ,6 V O Y A G E IMT TO KE SQ L TK
u promis de le consacrer ccUe elievelure el de Luiirir de riches saeri-
» lices, s’il avoil le bonheur dc me revoir; .mais tu n’as ])as exaucé scs
» voeux, cl, puisque je nc dois pas retourner dans ma eliére jtatric, quo
» cc soit Patrocle (jui emporte avec lui l’oHraiidc qui l'cloit desliuec ».
II dit et place sa chevelure daus les mains ilu guerrier tombé sous les
coups d’Hector. Tous cciux qui le i>leureul, lui l'ont le même sacrifice.
On dépose au centre du bùcbcr le corps, enveloppé de la graisse tics
nombreuses victimes qui viennent d’ètre immolées; c’est Achille liu-
mémc qui veut rendre ces derniers soins à celui (péil a si tendrement
chéri; il Jilacc autour du corps des urnes d’iiuiic ct dc miel, el daus sou
désespoir, il dévoue à la mort ctaux ilaiiiiiics qualre elievaiix superbes,
deux des chiens qu’il nourrit de sa table ; enfin il égorge saus i>itie les
douze jeunes Troycns dont il a, dans sa l'ureur, promis l’affreux sacrifice
; i! met aussitôt le feu au bùclicr, eu adrcssaiil à sou ami un dernier
adieu.
Cependant les flammes restent inactives ; Achille, qui s’eu alfligc,
adresse sa prière à Borée et à Ziqiliyrc; les veiils de Nord cl dc Nord-
Ouest sont, eu effet, les seuls qui puissent frapper dircctoinciit la jilagc
oil étoicnt campés les Grecs. Uuc coupe d’or à la main, il lait des bb.a-
tioiis, leur i.romel des sacrifices el les conjure dc venir liiitcr les derniers
honneurs .[u’attcnd le giierricr si viveiiieut regretté dc toute l’armée.
Les Dieux appuient de leurs ordres la prière d’Achillc; ct leur rapide
messagère. Iris, va trouver les vents qui obéissent à sa voix; ils s’claiiecnl,
ils partent; et, chassant devant eux les nuages, soulevant les Ilots dc leur
souffle impétueux, ils parviciineill jusqu’au rivage troyen; le bois s’cii-
llamme à leur approche, et toute la nuit ils nc cessent d’en accroitrc
l’acüvilc devorante.
Ce qui semble d’abord ici uuc pure invciuion du poète, suggérée par
une croyance fabuleuse jilus anciciirie encore , est la peinture fidèle d’uu
effet fréquemment répété sur la plage où furent campés les Grecs. On
pourroit dire qu’à l’entrée dc l’Hcllespoiil, il ue règuc (|uc deux vciits,
celui du Nord Ct celui du Midi.
Zépliyrc et Borée ont soufflé jusqu’au lever dc l’aurore; les flammes
s’appaisciit faute d’ahmcns. Tous les clicl's dc farméc .jui étoicnt allés
|>rcudrc du rcjios, sont revenus prés d’Achille; ils l’aident à éteindre
avec du vin les charbons qui brûlent encore, à recueillir Igs os de
Patrocle; il sera facile tle les disLiiiguer, ils sonl au centre du bûcher,
tandis que ceux des autres victimes, hommes ct chevaux, eu occuiiciit
les bords (i).
Les os du guerrier, lilaiieliis par la flamme, et revêtus d’une douhio
enveloppe dc graisse, sont reçus dans une urne d’or, qui, couverte
d’uu voile, esl aussitôt déposée dans la tente d’Achille. 11 ne reste plus
qu’à élever la masse conique, le <]ui doit recouvrir l’emplaccmciit
du bùclier el le signaler aux siècles iiiUirs.
To p fiiJirav rc Si crn/j.a., r s 7T0 ctAûvro
A f c f i TTupiiv Si im ycLicLv i x i v a r
Xiiicivreq Si TO oLficc, ttcÎ L v y.iov.
a Les (..rccs, dit le poète, tracent jiar un cercle la ¡»lace du monu-
» ment; iis en jetLent.lcs ioiidcmens autour du bûcher; et aussitôt ils
fl se biiteiiL tous dc verser par dessus uue terre Icgcre ; après avoir
» ainsi élevé ic inonuincnl, ils se retirent » (2).
Les expressions cboisics par Uorncrc pour indiquer la forme circulaire
de ces monumens, ou Jcs terres amoncelées pour en l'ormer la
masse, si diirieiles d'ailleurs à rendre dans les langues modernes, dévoient
paroîtrc bien cxlraordinaircs aux traducteurs, qui s’étoicnt fait
dc CCS tombeaux une idée beaucoup trop moderue.
Lorsque les iuiiéraiilcs de Palroelc sont ainsi terminées, Achille fait
célébrer des jeux en son hoimcur, et distribue des ¡»rix aux vainqueurs.
Jusque-là rien ([ui nc soil convenable dans l’expression des vii's regrets
du héros; mais le lendemain, c’est une nouvelle iureur qui paroît
s’emparer de son àmc cl troubler sa raison; elle le porte à des excès que
l’on a bien foiblemcnt cxcus(Y en les rejetant sur la férocité des moeurs
de son siècle, ou sur un aveugle désespoir. Une si basse vengeance exercée
sur les restes d’un guerrier digue de Loule resLime-dc son vaiiK|uciir,
ne peut s’allier avec les princi[)cs généreux, saus lesquels, dans aucun
siècle, il lie sauroit exister cio vérilable bcroïsmc. ü n soiilfrc de voir
le üls d’une Déesse, jusque-là lier, irascible, mais toujours grand, toujours
juste, s’avilir par un acte do cruauté, et démentir ainsi son ori-
(I) Ili.nl. Lib. XXIU, V. 240 et seq.
y'o//ie I I. 80
'A ■
/
1.
1 -S'..'2.
t e