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celui d’Ajax, qui porleiiL encore lours anciens noms 1 Voyons si nous
pourrons rclronver avec la mcuic cxaclitudc les aulres Lombcaux cgale-
mcnl célèbres dans l’anli(|uiLè, mais donl peuL-clrc les vesliges ue sonl
pas d'uuc aussi inconlcstable évidence, ( f Auteur.')
PLANCHE XXVI l .
V u e du tombeau d ’A ch ille .
Au pied du cap Sigéc, sc voit un tomlicau conique, lori élevé, qui
par sa posilion appcloit plus que lout autre les regards, cl scmbloit
rcnq>lir les données que nous tenons des anciens sur io monument d’A chille.
J’avoue donc sans peine que je me suis laissé tromper ¡»ar ces
apparences, juscju’au moment où, étant parvenu à le làire ouvrir, jy ai
trouvé des objets, curieux sans doute, mais c{ui par leur style ne pou-
voicnt être rapportés à une si haute anli({uiLé. Mes doutes confirmés
par mou illustre ami, l’abhé Rarlliélemys m’engagèrent a faire de nou-
\ elles recherches sur la cote dc rilellespoiU: elles nc furent point iiifruc-
lueuscs, el je parvins à reconnoîlrc les foibics restes du Lombeau d’Achille;
à retrouver <[ueh{ucs fragmens du temple consacré à scs màncs, lorsque
la nouvelle ilion eut acquis le degré d’o{»uleucc autpiel elle parvint après
Alexandre. Cet édifice a été totaloniciit détruit; ie tombeau lui-nièine
est prcsqu’ancanli; il n’en reste plus que la base, dont la masse circulaire
est devenue, comme le tombeau de Myrinc, un cimetière turc. Les marbres
du temple renversé par les ordres des empereurs cliréliens, ont
servi à former les cippcs que les Musidnians ¡»lacciiL toujours sur leur.s
scqmltures; ct le peu qui en reste encore nc tardera ¡»as à être taille,
défiguré pour le même emploi, cause journalière de la dcslruction com-
¡»lètc dc tant de ¡»récienx monumens. Quel({ues années plus Lard, j1 eut
élé impossible dc reconnoitre cette position que j’ai heurcuscmcuL pu
déterminer (i) . Les mêmes auteurs fjui nous ont ibunii les Lilres du
(il Ce lumulus,quoique moinsélevéqueplusieurs
autres, esl pourlanl recomioissable. M. C.ell (ibe topography
ol' JVoy, pag. 43, l’avoit pris pour le lombeau
commun des Grecs, 5/,-a«; lâg&ç ; mais M. de Choiseul
a retrouvé ce tombeau dans un autre tumulus qui
est dans la plaine, près du village de Kouni-Keui
(p. 218 de ce volume); ainsi le plus voisin du rivage
peul très-bien avoir élé celui que les anciens regar-
doieiit comme le tombeau d’Achille. J»’ailleurs il se
trouve dan.s i'emplaecmeiit qu'occnpoit le camp de
ce héros. Ce tumnlus esl silué sur le lioi il du .Scuman-
dre, sur lequel esljetéun ponldebois d'euviroii 5o
tombeau d’A jax, uous attestent cgaicment l’cxislei»ce de celui d’Achille,
objet (l’iiiic vénération encore plus fervente, et qui, dtq»uis la guerre dc
Troie justpfà l’établissement du christranismc, recul de constants et pu-
])lics hommages.
Homère avoit le premier consacré le lombeau d’Acliillc, par le récit
qu’il fait dans l’Odyssée, dc scs funérailles, et des regrets de l’armée. Le
poète suit aux enfers les amans dc Pénélope tues par Ulysse, et celle
fiction, donl ii nc s’agit pas ici dc juger le plus ou moins dc convenance,
hü donne le moyen d’introduire sur la scène l’amc d’Agamcmuon
avec les amcs d’A jax, de Palrocle cl d’Achillc. Againcmnon inslruil ce
dernier dc ce (¡ui s’cst passé après sa mort ; il lui raconte les honneurs
l'unèbrcs (¡uc lui ont rendus les Grecs; la douleur de Tliétis, sortie du
sein des eaux ¡»our le pleurer; les gémissemcus dont toute l’année lit
retentir la plaine de Troie ct les rives de l’IIellcspoiii, lorsqu’on pla(\a
son corps sur le bûcher. « Enfin, ajoute-t-il, quand les ilammes curent
» achevé de vous consumer, nous recueillîmes à la pointe du jour
» vos ossemcns blanchis, nous les lavâmes avec un vin pur , el les enve-
» loppâmcs ensuite de graissci. La déesse votre mère donna une iirue
fl d’or à deux anses, qu’elle dit être un présent dc Bacchus, ct l’ouvrage
» de Yulcain. Dans cc vase sont vos os confondus avec ceux dc Patrocle,
» cl 1011 y a place s(q»arémcnt les restes d’Aiililo(juc, que, (hq»uis la mort
» du lils dc jVIénoelius, vous préieriez à tous vos autres com])agiions.
» Secondés dc tonte l’armée, nous imns sommes ensuite empressés,
fl illustre Achille, dc vous élever sur le rivage dc rilellesponl uu grand
fl monument digne de vous, afin qu’il soit remar({ué de tous les iiaviga-
» Leurs de notre temps , el de lous ceux des siècles futurs (i Y »
Les destructeurs d’Ilion pouvoicnt difficilement cs{»érer que leurs voeux
seroicnt si l)ieii exaucés, et qu’a{)rès lanl do sièelcs, leurs tombes recc-
vroicnt encore les hommages des voyageurs. Ccst à rexaclilude d'I Îotoises
<le langueur, souvent emporté par le torrent
el aillant de l'ois renouvelé. 11 sert de base à un
ciinclière turc dont les murs d'encciiite ont peul-
èlre élé bàlis .sur les Ibiulcmeus de ceux de l'aiicieniie
Achilloeum, qui avoit élé construite par les
Myliléiiéeus pour l’opposer aux Athéniens alors maî-
trosdc Sigée (Héroilot. Lib. V , cap. 14. Slrab. Lib.
X lll, pag. üoo). Ce fort n'oxisloit plus au temps de
Phiie l’ancien (l’Un. Lib. V , cap. 3o, Tom, 1 , p.ig. 282.
Solin. cap. 4o). Dans reuceiule sont des tombe.iux
turcs dont quelques-uns assez bien sculptés; ¡dus
loin, dans la vue qui est ici gravée, on distingue le
nouveau cliàtcaiur.Asie des Dardanelles, appelé Koum-
Kalessi, ou château de sable, ct dc l'aulre côté du
détroit celui de Sedd-til-Bahar-Kalessi ou chàleau,
digue de la mer. liu avaut est-un autre cimetière turc
avec tous sescippes ou pierres tiiinulaires. {l'Editeur.)
^ üdyss. Lib. XXIV, V. 71 et seq.
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