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gine cl ses nobles habituaos. Tous ne recounoissez plus le guerrier qui,
après avoir vaincu le ¡»ère d’Amliomaque, lui avoit accordé les derniers
lionneurs et avoil voulu que, ¡lar une glorieuse dislinclion, il fut enseveli
avec scs armes ( i) . Vous nc pressentez, vous n’espérez ¡las celui
qui,bienlüt accessible à la pitié, accueillera les larmes et les prières de
Priam (2); et lorsque le poète nous peint Aelnllc, trainant le corps
d’Hector, un g o ù L délicat rácense d'avoir outré ses couleurs, ct méconnu
cetlc juste mesure que d’ordinaire il sait si bien observer.
Méilons-nous de nos jugcmcns; Homère et le cruel Achille lui-mème
vont trouver des censeurs moins sévères, lorsqu’on saura (pie c’étoit en
Thcssalie un usage aulicjue, consacré par le teiiq>s et par les lois, de
traîner lo corps d'un meurtrier autour du Lombeau de sa vicLimc; Ciinori
le Xlicssalicii eu avoit donné le premier exemple, après la mort de son
frère ThrasvlUis, tué ¡»ar Eurydamas üls de Midias (3). Achille nc lait
donc, dans son désespoir ct sa vengeance, que suivre une coutume de
son pays, cl célébrer en (¡uelque sorte uu culte expiatoire. II oublie seulement,
ct c’esl déjà beaucoup trop sans doute, les égards dus au malheur
d'un noble adversaire. La douleur le rend injuste; i! traite le guerrier
déléiiscur dc ses loyers, comme un coupable odieux; mais cet emportement
d’une âme toujours passionnée jusqu’à la violence, ne paroîtra
plus un acte si révoltant. Le tableau ¡»lus adouci nc produi'-a qu’un
elïct parfaitement d’accord avec le caractère connu du héros; le bouillant
Achille a pu être un instant égaré par ramitié désolée, mais le poète
toujours moral, fait aussitôt intervenir les Dieux (¡ni eoiidamncnt sa fureur
et lui prescrivent des sentimcns plus humains (4).
J e n’ai pu faire ouvrir le monument (¡neje suppose être le cénotaphe
consacré aux mânes de Patrocle. Le pro¡»riéiairc n’a jamais voulu, ni le
permettre, ni vendre le terrain où il est placé; mais nous allons dans
l’article suivant examiner finnaicur d’un tombeau semblable, copie probablement
très-fidèle de cekii-ci. Si (¡uelque voyageur plus heureux
que moi, profilant des notions (¡uc je lui aurai fournies, et de quelque
cbangemcnl favorable dans les préjugés des Musulmans, progrès dout
il V a de récens exemples , obtient la permission d’ouvrir le monument
dc Patrocle, je suis persuadé qu’on y trouvera les (hibris d’uu bûcher ,
(1) lliiid.Llb. VI, V. 4 i 8 et seq-
{2) Id. Llb. XXIV , V. 507 el seq.
(3) Pseudo-Didym. ad lILid. T.ib. XXll, v. SgS.
ç4j lliad. Lib. XXIV, v, 1 12 et scq.
peut-clrc quelques ossemcns dc victimes, mais je scrois bien suiquis
qu’on J trouv.ît une urne cmcraire. Les restes do lous les guerriers morts
sur ces rivages étrangers, etoicnt reportes dans leur j,atrie; le seul Ajax
y avoit etc enseveli, parce qu’il u’avoil point été brûlé ( ,) , J’ai fait ouvrir
près d’Atlièiics le lombeau qui, du Iciiqis dc Pausanias, passoit pour
celui do l’ama/,0110 Antiopc; cl M. Fanvel, ijui a long-temps secondé
mes rcclierclics avec une [larfailc intelligence, n’y a trouvé qu’une grande
quantité dc cliarbons, des fragmens, des plats d’une terre cuite grossière,
des osdc victimes cl des feuilles d'or battu, qui avoieul sans doute été
employées à en orner la téte (2).
Les usages funèbres des anciens ont souvent varié; mais il esl bien
l.robable que, dans les temps anciens, le jibis grand nombre dc ces
lombes tuiiiiilaires ripxra., liimidi, étoit destiné à transmeUrc lo souvenir
du personnage qui avoit péri dans la contrée, ct à constater qu’on lui
avoit rendu les derniers lionneurs (pu seuls pouvoicnt ouvrir les porles
de l’eloruel séjour. Ou élcvoit dc pareils céiiotapbes à ceux même dont
on n’avoit pu brûler les corps , et recueillir les restes; ct c’est ainsi que
Ménélas, apprenant dc Prolcc la funeste mort d’Agamemiioii, lui élève
un lumulus sur la cote d’Égyptc (3). ( l'A u t e u r )
PLAXCIIL XXiX.
J ue du tombeau de F e stu s.
C l! tombeau, pour n’être pas celui d’Achiilc comme je l’avois cru
d’abord, n’cn csl pas moins fort curieux; el, si la Poésie u’a aucun droit
sur lui, il n’eu est jias dc même dc la redoutable Histoire. Le monument
que je crois être celui dc Festus, indiqué par Hérodicii, rappelle mie des
époques trop nombreuses, où l’csiiccc Immaiiic châtiée, ct ce qui est
(i) Fersomic n’a jusqu'ici remarque qii’.iuciine des
expressions employées p.ir Homère ne donne lieu dc
croire que l’urne il'Acliille ait été enfermée dans le
monument qui lui fut élevé par les Grecs. Le.s restes
du héros, réunis à cetixde Hatrocle el d' ViUiioque, furenl
sans doute reportés en The.ssalic. Comment siqi-
poscr qu’on eût négligé dc rendre cet hommage A la
mémoire d'Aehille; qu'on ctit refusé cette cousolaliou
au roi son père, ior.sqti'on voit par ie discoiirsde
Nestor, qu'oii devoit reporter eu Grèce les osseinons
des simples guerriers, dont le bûcher, commun à
tous, avoit élé recouvert par l’/Loco; «uSb; (lliad. Lih.
V ll.v , 334,)?
(a) Pour une plus .ample description de la fouille
de ce tombeau, voyez les notes sur la traduction frau-
çaLsc de,s voyages de Chandler, Torn. Il, pa». 54o , et
Je Tome Y P de la 7 ' année du -Magasin eiteyclopédi-
que, pag. 023 et suiv. (l'Editeur.)
(3) Odyss. Llb. IV, V. 584.