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même que leur existence semble plus assurée, les moeurs d'une vie
aventureuse ct précaire, préicrauL aux travaux de ragriculturc rexcrcicc
des droits du plus fort, la passion du j)illagc ct de la piraterie, cflcts
inévitables de toute révolution , qui boulevcrsaiiL les rapports dc la
société , foule le talent et l’iiidnsLrie pour appeler la seule audace à la
fortune. Co n’est pas d’un seul point que ces bordes sont parties : la mer
semble les avoir vomies sur scs rivages, cn Europe ainsi qu’en Asie, dans
les îles comme sur le continent. Les Lélèges n’étoient pas une dc ces
nations sorties dc la Tlirace, tels que les Caucoues, les Aoncs, les
Tcmnices, ct tant d’autres qui, quoiqu’elles eussent une origine commune,
se distinguoienl entre elles par des noms particuliers, mais des
troupes de vagabonds sans propriétés qui associoicnt leurs misères,
ainsi que l’annonce leur nom do Lélèges ( i) . Minos 11 , qui employa
sa puisssancc à rendre quelque sécurité au commerce, transporta cn
Asie ceux des Lélèges q u i, placés dans les îles, infesloicnt les mers (2) :
d’autres sc dirigèrent vers l'Alliquc, ct pénétrèrent en Thcssalie et dans
io P(3üponèsc : nous en trouvons une troupe nombreuse établie sur les
lûtes de Phrygie; et Homère compte ceux-ci parmi les auxiliaires des
Trovcns. Des Lélèges s’introduisirent dans le sein de divers états, lanlol
en ennemis, tantôt cn supplians. C’étoient toujours des hordes d’une
nature particulière, étrangères par leurs moeurs aux autres nations,
cl qui long-temps retinrent des traits de leur caractère primitif.
Les contrées que leurs positions avoient préservées du ravage des
eaux, furent donc successivement exposées aux excès de ces Lélèges
qui en avoient été victimes, ct aux attaques des nouvelles troupes de
Scythes-Pifiasges, qui, durant plusieurs siècles encore, sorlircnL fréquemment
des forêts de la Thracc, pour sc répandre cn des climats
plus doux, ct les disputer à leurs anciens compatriotes, devenus pour
eux une iialion étrangère.
Les rits sacrés, si long-temps pratiqués à Samothrace, y avoient été
établis, si l’on eu croit une des plus anciennes traditions de la Grèce, j)ar
une reine amazone que la tempête jeta sur ces bords, cL qui, avertie ]>ar
( i ) Du mot Ar/iiv, rassembler, réunir; A6>r/s;,lcs
JRassemiléi. Slrabon paroit adopter celte opinion,
Lib. V lll. p. 3aa; ct Deny.s ddalioarnasse dit formellement
tju'oii douuoii le nom de Lélèges à des bandes
de misérables dc toutes nations, sans foyers el san.s
patrie, l o ì i y i o m te z lu i xa t p ty à e t, xxi p y iis fiim yüv
¿1; -aaTpria xareuoôai, Taanjv insrSiVT» ri;i. èyopaeim (!>; zà
■C’j'Ad. Dionys. llalic.
(2) Thnoyd. Lib. I , cap. 8. Mcm. de Liti. T. 111.
Ilist., p. 3o i ,T . IX. Meni. p. iiG.
un songe, y fonda le culte de la mère des dieux. Ou no sauroit adopter
IC , le reo.t do Diodorc, c’est-à-dire celui de Denys le M.lésien dont 11
suil lopin,on, qui fait venir celle reine amazone d’Afrique à Samo-
tln-ace ( i) . Elle ue veno.l probablement pas dc contrées si éloignées ■ et
.1 est plus naturel de croire qu’elle parut à la téle d’une dc ces Iribus
scylbcs, que les femmes accompagnolentdans leurs cxpéditious. Quoique
les peuples soumis ou éclairés par cette fameuse Myrine, n’eu eussent conserve
qu’un souvenir irès-eonfus, on plutôt par celle i-aison unîmc, sa mémoire
resta loujours cn honneur; el nous verrons dans la suite que les
liabilans d’Jlion sc vanloicnl dc posséder son lombeau près dc leurs murs
Après l’inondalion dont les liabilans dc Samolliracc cvitèrenl les fureurs
en sc rcfugiaiu sur leur montagne sacrée, le culte dc la divinité protectrice
acquit de nouveaux droits. On prétendit que Cybèle clle-mémc avoit
amené de nombreux habitans dans son île chérie; qu’elle leur avoil dicté
des loix, et donné pour chefs les Corybantes, fidèles minlslrcs de ses
mystères. Ces prclres de la mère des dieux, venus de file de Crète où
leurs dogmes avoicnl été apportés de Phénicie, pénétrèrent en effet sur
les côlcs dc l’Asie mineure, ct dans les îles do la mer Égée. Ils y répan
dirent, avec des idées religieuses, quelques connoissances utiles qui
accrurent leur influence, el hâlèrcnt la civilisation de ces peuples
Suivant les anciens, le mont Saoce tiroit son nom d’un prince, chef
d’une colonie dos Saïens, peuple de Thrace, qui s’éloit établie dans l’île
et donl le chef appelé Saos ouSaon, passa pour fils de Alcrcnre ou mciué
de Jupitcr. Dans la suite, Dardanus ct Jasion sou frère, d’originePélasre
mais alors sortis de l’Arcadic on de la Tyrrliénic, et cliercbanl à foriner
des elablissemcns, débarquèrent à Samolliracc: Jasion y fil fleurir l’ami-
culture; on dit qu’il fut chéri de Cèrès, et que Plutus naquit de celle
miion; allegoric facile à saisir. Les mis disent que Jasion périt par la
loudre, d’autres qu’il fut lué par son frère : ¡1 fut mis au rang des ,m-
nmrtcls. Cadmus, qu, avoit épousé leur soeur Harmonie, alla fonder
Tiicbcs; et Dardanus passa eu Asie, où, près dcs lieux qui portent encore
son nom, il jeta les premiers fondcmcns dc l'empire de Priam.
Nous nc rappellerons point les diverses origines que les anciens
ont assignees au nom dc filo qui nous occupe. Slrabon nous a conserve
celle qui paroît la plus claire, la plus vraisemblable. Samos signilioit
(i)Diofl. Sic, Lib. ni, Clip. 53.
Tome I I.
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