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communs de défense; les uns ne cullivant que pour un instanl des
terres, dont une horde plus forte nc tardoit pas à les expulser; les autres
courant les mers, s’honorant du titre de pirates, sans lois ct sans frein,
nc conservant pour toute religion que quelques pratiques bizarres, et
tous éprouvant ou inspirant nue terreur qui ne permettoit d’habiter
que loin des côtes, sur les sommets les plus escarpés, ct dans les
montagnes inaccessibles ( i) .
La Crète avoit etc préservée par sa position, des invasions étrangères,
et par l’énergique prudence dc scs rois, des troubles de ranarchic ; ce fut
à Minos, qui sut rendre sa marine redoutable, que les autres îles et les
mers de la Grèce durent le retour de quelque sécurité : mais, malgré
tous scs efforts, il nc put que réprimer, et non pas étouffer l’esprit dc
pillage, qui fut long-temps la passion dominante des peuples établis dans
la Grèce, le premier mobile dc leurs entreprises. Long-temps ils n’avoient
pu attaquer que leurs voisins, détruire des récoltes, et s’essayer à enlever
dc frôles bateaux; c’étoient les premiers essais de la piraterie, l’enfance
de l’art de la guerre. Lorsque la civilisation eut fait chez eux quelques
progrès, qu’un commencement d’aisance eut étendu leurs besoins, et
que chacun eut des propriétés à conserver, il s’établit entre ces petites
puissances une sorte d’équilibre qui suspendoit ou modéroit les guerres
inlérieures : il fiilloit cependant un aliment à leur inquiète ardeur; alors
ils sc réunirent pour de plus grands exploits. L ’opulence des contrées
lointaines excita leur cupidité, ou, pour parler leur langage, les
cnilamma d’une noble ambition.
L ’expédition des Argonautes est la première de ce genre dont le
souvenir nous ait été conserve. Malgré tout l’éclat poétique qui
l’environne, ce ne fut bien probablement qu’un armement de corsaires,
dont l’audace tenta de pénétrer dans une mer inconnue, entourée de
riches contrées, vers lesquelles les feux d’un volcan avoient ouvert uu
passage long-temps redoutable.
Les succès dc cette expédition, et les merveilles qu’en racontèrent
ces célèbres navigateurs, inspirèrent de nouvelles espérances : on ne reva
plus qu’excursions ct conquêtes; ct environ un siècle après, la Grèce
entière s’arma contre les opulens rivages dc l’Asie mineure (2).
(i) Thucy<lid- l.ib- I. P- Traduot. (l'Héro<li)tc , par M. f.üiclier , Cliro-
(a) Joseph Scaliger. Aiiiinaiivorsionfs io F.usebium, nologie , Tom. VII, pag. 35a.
Déjà l’cublisscmenl formé par Dardanus, près de l’Hcllespont, avoit
appelé l’avidité des aventuriers qui couroient les mers; et si la fable
aecusc des premiers malheurs de Troie Hereule irrité contre Laomédon,
d en faut conclure qnc cette colonie, encore foible et incapable de
résismncc, avoil été pillée par l’un de ces guerriers, dont les exploits
réunis composèrent la renommée du demi-dieu, célèbre par ses pénibles
et glorieux travaux.
La grande expédition dirigée depuis contre ces mêmes rivages,
fut l’ouvrage des Atrides, la famille la plus puissante dn Péloponèse :
Ils surent faire adopter leurs projets et leurs espérances par les princes
doul le concours leur étoit nécessaire; mais il paroît que cette confédération
employa aussi la violence pour grossir ses forces, et que parmi
tous ces Grecs qu, marchèrent contre T ro ie , plusieurs ne quiltoient
qua regret leurs foyers ( i) . Jusque-là nul accord n’avoit régné parmi
ces bandes belliqueuses, que la dénomination générale d’Hellènes n’unis-
soit pas encore; elles vivoient, elles combattoient, indépendantes et
séparées d’intérêt, sans commerce, et sans aucun des rapports qui constituent
un corps politique. La prépondérance d’Agamemnon et l’espoir
d’un riche butin les déterminèrent pour la première fois à se rapprocher,
à diriger leurs efforts vers le même but.
Plusieurs années furent employées par les Atrides à former cette ligue
redoutable, et par les peuples confédérés, à fabriquer des vaisseaux. Ils
partirent enfin, entassés sur dc frêles bâtimens incapables de résister
aux orages, et ils parvinrent d’île en île, cl toujours en les pillant, jusque-
sur les côtes de l’Asie ; ils y trouvèrent une longue ct vive résistance ;
et ce ne fut qu’après neuf années de combats que Priam, successive-’
ment dépouillé dc la plus grande partie de son empire, vit les Grecs
attaquer les murs de sa capitale.
On a dit que l’cnlcvcment d’Hélène étoit l’unique cause de celle
guerre mémorable, ct du soulèvement de tant de princes, de tant de-
nations : pour supposer que le malheur de Ménélas avoit inspiré un
intérêt universel ct si v if, il faudroit ignorer combien les Grecs, à
cette époque, étoient rarement accessibles au sentiment, né dep’uis
daus les loisirs d’uiie civilisation plus avancée, qui fait de l’objet aimé
un trésor sans prix, ct dc sa perte uu malheur irréparable. Mais si l’on
(1) Uiad. Lib. xm, v. 6Cg. XXlll, ag i. XXIV , v. ,,o„.
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