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qui s’élève pai’ des pcnLcs successives; nc scroil-cc pas celle que sa
beauté avoil,au temps d’Homère, l'ait nommer Callicolone, KaAAixoAàii-«,
et où ic poète suj»pose cjuc Mars cl Apollon s’éloienl {»lacés {»our jouir du
speciaele des combaU, tandis que les divinités qui l'ormoicnl des voeux
contraires, so lenoieul dc l’aulrc côté dc la {»laine, sur les rocliers qui
bordent la mer Eg(:o? Sur une des proéminences qui i'ormenL la base de
Callicolone, j’appereois un liaul tombeau; c’est saus doule celui d’Æsyélès,
sur lequel un üls de Priam, distingué {»ar son agiliU;, venoit sc placer
pour découvrir les mouvemens des Grecs : Polilès {»eut seul risquer
de s’avancer ainsi {»rès de leur canqj; la ra{»idité de sa course no leur
permettra pas de lui couper le chemin de la ville, s’il csl découvert (i) .
Saus céder au désir dc {-»ousser plus loin, de cc coté, ces {»remièrcs
rccoiinoissaiiccs,il l'auLreqjasscr le ilcuvc, donl le lil sablonneux est arrosé
{»ar un couranL assez l'oiblc eu cc momciil, mais que toul annonce sc
grossir en d’aulrcs saisons : le {»oinL dc réunion du Simoïs cL du Scamandre
nc doit pas être éloigné. Je nc vois d’abord que la conlinualion
du marais f|ui in’a déjà o{»{»osé uu obstacle insurmontable ; il couvre
tout l’espace com{»ris entre la rive gauche tlu ileuve, et les hauteurs qui
bordent le rivage dc la mer Egée. Cc n’est qu’en m’avaneaul, et eu
proülaiil dc quelques foibics (3évations,quc je découvre sur ma droite uuc
rivière, dont les eaux me paroissent sc perdre dans le marais. Je promène
ma vue sur ces cham{»s troyens, qu’enl'erme la chaîne dc l'Ida; je les
vois arrosés par deux fleuves dc nature bion différente : à roucsL le
Scamandre , comment le méconnoîlrc ? promène scs eaux Lrantiuilles
entre deux rives couvertes dc ileurs, à travers uuc campagne ferlilc;
j'ap{»rends qu’il sort du pied de celle bauteur encore assez éloignée,qui
s'avance sur la plaine; que deux sources bien distinctes lui donnent
naissance, ct que bientôt je pourrai, cn les voyant jaillir sous mes yeux,
les comparer à la descri{»Lioii (ju’eii fait Homère.
A l’est, cc sont les traces d’un torrent redoutable, qui, sorti d’une
gorge {»rofondc, {»rèscnle l’idée dc la destruction, et le souvenir des
ravages qu’il a causés pendant l’hiver; il étale une surlàcc en queltjues
endroits large de cent toises, renqilie de cailloux, de troncs d’arbres,
de rocliers ai'racliés des flancs de la monlagne. Des sables amoncek-s
en cml»arrasscnt le cours, ledivisent, cl forment des îles, qui élargissent
(i) lliad. Lib. 11, 791.
encore son lu, inég,-il cl ilcsordonnc. Dans l’auloinnc, lorsque les Ycnls
du nord onl aniené du Ponl-Euxni ces nuagc-s formés, ou grossis par
l’cvaporalion des eaux qu’y verscnl lanl dc grands lIcuYcs ; ou vers le
prinlcmps, lorsque les vcnls opposés, apporlanl les premières chaleurs
des conlrées du midi, viennent à fondre les neiges entassées snr la enne
des monlagncs ; alors le lorrenl, méconnu des hahilans, mais que les vers
d’IIonièrc nomment encore aux voyageurs, reçoit toutes ces eaux, les
Yomil daus la plame; el les flots précipités roulent jusqu’à la mer,
doubiciuciil accélérés par la hauteni' d’où ils descendent, cl par leur
passage Ciilre les rochius ipii les rcsseiTcnl, L ’année même où j’ai vu
le Simoïs, il avoil causé les ravages décrits dans l’JIiado; el scs eaux
d.éjordées avoicnl inondé la campagne, déraciné des arbres, el noyé
des bestiaux.
Le Seamaiidre nc pouvoit, ni dc]iloyer les mêmes forces, ni exercer
dc semblables l'iircurs : aussi, lorsqu’irrilê contre Achille qni a souillé la
pureté dc scs eaux, il veul le combattre, se semant trop foible pour
arrêter seul cc héros, il appelle le violent Simoïs à son secours ; . JIou
» Ircre, liu dibil, joignons nos forces pour résister à cet ennemi terrible;
. ouvrez, toutes vos sourccs, réunissez tons vos ruisseaux , tomes vo!
. romaines, entraînez les arbres, les rocliers; ])récipitez vos torrcns,
. inondez la eampagiie; que tout reteutlsse du bruit elfroyablc dc vo!
» eaux (1). » Eietion Inge’nieusc dont la nature diîréreiile de ces deux
(leuTCs a lourm l’idée an poète, loujours exact, toujours vrai, lors même
qu’il semble s’abandonner le plus à sa brillante imagination.
Il devient facile d’expliquer les cliangemcns qu’ont iquonvés ces
lieux. Le Scamandre, rencontrant les sables qu’a déposés le Simoïs, ne
parvient plus daus le lit qni leur étoit commun; scs eaux rete,mes !crs
le coiillucm sont lorcées do sc reverser sur la plaine, ct ce n’est que
dans les grandes sécheresses que l'on peut encore distinguer le lit daus
lequel elles ont coulé. C’est vaiiicincm qu'un commandant turc a essayé
dc les didourner en creusant uu canal, dans lequel ii croyoit recevoir le
Scamandre tout entier, et le conduire jusqu'à la mer Égée, à l'aide d’un
lietit ruisseau qui lui eut formé une nouvelle embouchure : il espéroit
amsi dessécher le marais, ct fournir cn même temps des eaux plus
abondantes à un moulin construit à quelque distance de la mer; mais
(!) lliatl. Lib. XXI, V. 3ü8-
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