
fri
i1Î7E';,r i
«'â-ù'-'
m
un pareil voyage; et c’csl en marchaiiL sur ses traces, eu profilant dc
scs inslructions, que j’ai pu, ou éclaircir cc qu’il n’avoil {»as su ènoucer
assez clairemcnl, ou ajouter à scs recherches ( i) . J'ai dù iaire mieux, parce
que je suis venu après lui, ct, sur-tout, parce que j’avois des moyens el
des secours que sa position ue lui donnoit {»as : mais il jugea bien les
objets qui s’oiTroiciit à sa vue; il sut ap{»liquer sur les lieux une grande
(»arlie des notions conservées dans Slrabon; il reconnut l’exislencc,
et annonça l’anlique origine des tombeaux lüiig-lenij»s méconnus; ct
je n’aurois eu probablement qu’à confirmer scs récits {»ar mes cartes et
mes dessins, s’il eiU jiassé quelques jours dc plus dans la plaine dc
Troie, s’il eût trouvé les sources du Scamandre, el saisi cet indice
certain de remplacement de la ville d’Jlion. Je m’étonne que sa relation ,
malgré tout ce qu’elle laisse à désirer, n’ait pas été plus utile à Robert
Wüod : celui-ci a, sans doute, été découragé par l’obscurité, par le délàiil
absolu de méthode ({u’on peut rciiroclier à son savant compatriote, et qui
souvent rendent {»enible la lecture de son ouvrage.
M.M'ood étoit un des trois voyageurs anglais qid se réunirent cn i y5o
pour visiter tout l’O rient, ct rendre à rantiquilé le plus bel Iiommage
qu’elle eût jamais reçu. Avant de quitter la Grèce pour aller constater
les richesses que Palmyre conserve au milieu des sables du désert, ils
voulurent lire Homère sur les lieux célébrés {»ar cc {»oèle immortel; et
"Wooda tenté de les décrire à la suite d’un essai sur le génie original
d’Homère, ouvrage plein d’intérêt et même de charme, dans lequel ,
malgré quelques erreurs, le goût et le savoir {présentent à chaque page
des observations ingénieuses ct d’bcurcux ra|pprochemens (2). On a dû
toutefois regretter que celui qui sert si bien la gloire du pcre dc la poésie,
qui semble même ajouter à sa renommée, en le montrant tour-à-tour
comme poète, comme jihilosophe, comme historien,comme géographe,
sc soit borné à tracer, d’après la seule inspection du terrain, une carte,
ou {»lutôt une esquisse nécessairement incorrecte, de la contrée qu’il
parcouroit, au lieu d’opérer avec la précision géométrirjue qui peut seule
donner des résullals certains. Mais il faut observer à la louange de ce
modeste ct judicieux écrivain, que, loin de sc iàire aucune illusion sur
( i ) A Description of llie F.nst and i
i
(2 ) An Essay on the original Genius of Homer
1775. ïradnit en français, 1777, chez Uehure, 1 vol
le mcrilc d’un travail irop Bopcrfidd, d n’avoil public, ni la carie, m
le rlcmicr cliapilrc cnticrcmenl consacre à la topograpbie de la Troade.
Celle espèce dc supplément condamne par l’auteur lui-mcmc à rester
dans son portc-ieuilic, n’a etc imprimé quo dans une seconde édition
laite après sa mort, ct par le zèle indiscret de ceux qui en onl ètè
cliargés.
Le dessin tracé par Wood servira seulement aujourd’hui à démontrer,
que, si les noms que j’assigne aux objets déterminés sur la nouvelle carte
sc trouvent jusliliés, le voyageur anglais n’avoil retrouvé, ni les sources
du Scamandre, ni l’cmplaccmcnl d’iliou, ni ces laineux tombeaux décrits
dans l’Iliade, el que cependanl Richard Pockockc lui avoit indiqués.
En 1765, uu voyageur non moins célèhrc de la même naliou,
x\I. Richard Chandier, à qui l’on doit une description de l’Asie mineure
et de la Grèce, qui m’a guidé toujours utilement, s’arrêla sur le rivage de
Troie : il vit les ruiues d’Alexandria-Troas, cl monta sur le cap Sigée; mais
on hii fil craindre de s’avancer dans l’intérieur de la contrée ( i) . fl se
home a dire qu’en desceiidanl pour se rembarquer à Koum-Kalé, il passa
cuire deux tombeaux situés dans des vignes; puis il ajoute sans hésiter,
que lun csl celui d’Achillc et de Palrocle; l’autre celui d’Antiloque, fils
dc Nestor : il est uu peu moins décidé sur un troisième lombeau qu’il
présume pourlant être celui de Péuclée i il vil et reconnut de loin celui
d Ajax. On a pu s’étonner que le docteur Chaiidlcr, reiicontraiit des objcls
si propres à exalter l’imaginatiou, en parlât comme de la rencontre la
plus naturelle, ct saus appuyer son opinion d’aucun raisonnement; mais
l’assertion d’un homme très-cclairc, et, comme on voit, étranger â tout
enthousiasme, n’cn esl pas moins pour moi une autorilé dout il m’est
permis de me prévaloir.
S i m . Chandier a depuis comhaltu, el même avec chaleur, d’autres
niées auxquelles je ne crois pas devoir renoncer, je puis dire que
jusqu’à présent elles no lui éloient parvenues que bien défigurées,
sans mon aveu, et long-temps avant que je les eusse reclifiées : si j’étois
condamne à le trouver aujourd’hui parmi mes propres adversaires, ne
me scroit - il pas permis de soupçonner qu’il ciitre dans sa résistance
quelque regret d’avoir été desservi par le hasard, ou même un peu
(1)1
! !
m
itt ;
/