
puis(juc nous sommes assurés que l’on donnoiL souvent des objets dc
sculpture pour prix des jeux , ainsi que l’a prouvé M. Visconti (i).
On peut même avec assez de vraisemblance, rapporter cc moimmenl
à rc{)oquc où Caracalla lit quelque séjour à Pergame. Celui que la terreur
appela tant qn’il vécut , pieux , divin , ct toujours auguste , venoit dc
faire massacrer son frère dans les bras de rinfortunée qui leur avoit a
tous doux donné le jour (2). Gela , attaque par des soldats que son assassin
conduisoitlui-même , s’étoil jeté dans le sein de sa more , et la pressant,
s’écrioit: Orna mère , ma mère , vous qui m’avez donné la vie, sauvcz-raoi,
ils vont m’égorger ! \aiiiemeiil elle le couvrit dc son corps , ct reçut le
premier coup qu’on lui portoit : elle le sc'ntil poignarder ; et baignée dans
le sang d’un fils , n’eut que la foiblc consolation d’y avoir mêlé le sien. Cc
ne fut pas assez pour Caracalla ; il la força de dissimuler son désespoir, ct
de paroîtrc heureuse dc son malheur; il voulut ([u'on remerciât les dieux
de ce crime : il leur consacra dans un temple le for qui avoit servi sa
fureur ; et après avoir déclaré Gcta ennemi de la patrie , il permit qu’on
le plaçât dans le ciel, disant : « Qu'il soit au rang des immortels, pourvu
» qu'il uc vive plus ». Atteint par le remords, ou plutôt tourmenté dc cette
sourde frénésie , lout-à-Ja-fois le bcsoiti ct le supplice des tyrans , il crut
être malade. 1! imagina d’aller consulter le dieu de la médecine dans son
temple de Pergame ( 3 ). Esculape y repandoit ses bicnfails , et dévoiloit
par dos songes mystérieux la nature des maladies , ct le moyen de les
guérir. L ’empereur, resté seul maître du monde , fil: céliihrer des jeux
asclépiens, donna dos fêtes soraptnenses , prodigua de riches offrandes;
mais il ne reçut du dieu que d’inutiles avis conLre le mal qui le lour-
mcntoit : il quitta Pergame pour aller dans la 'J’roadc , où bientôt nous
retrouverons des traces dc son passage.
Nous avons vu renouveler de nos jours cette médecine surnaturelle ,
donl les mystères ne se dévoilent (juc dans un sommeil divin. Les miracles
d’Esculapc ont repris leurs droits antiques , ct retrouvé des adorateurs
plus fcrvens que jamais. Il existe des erreurs permanentes , toujours les
(i) ExplicatioQ d'uii bas-relief en l’honneur cl'.Uc-
xandre , insérée dans l'exanii-n critique des Historiens
de ce conquérant , par M. de Sainte-Croix ,
pag. 777-
Parmi les marbres conservés à Oxford, on remarque
un bas-relief avec une inscription, qui apprend que
cet ouvrage avoit été donné comme prix gymnastique
à Athénée, fils deSaipedon d'Eleusis; il consacre ce
bas-relief d’iiercule qu’il avoit obtenu pour prix dc sa
victoire , AnOTHZÊN EAET2IKI NIKHE. Mann. Uxon.
n” XV,
(2) llerodian. Lib. IV, cap./j. Dion. Lib. LX-KV!!,
cap. 2.
(3) llerodian. Lib. IV, cap. 8.
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