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Eo vainqueur (l'Arislonicus cnricliit Rome dos magnitiqucs dépouillés
dc Pergame. Alors , dit Justin ( i) , TAsic devenue romaine nous livra ses
richesses ct scs vices. Cc fut répoquc dc la naissance des arts en Italie ;
mais il est pins facile dc ravir des chci's-d'oeiivrc que dc conquérir le talent
qui les produit ; et sous ce rapport , ces mêmes Grecs , tout dc'gradés
qu'ils étoient, dictèrent encore des loix à leurs orgueilleux oppresseurs.
I.e royaume dc Pergame, réduit en province romaine sous le nom de
province d'Asie , l'ut gouverné par dus proconsuls : la ville di; Pergame
obtint quelques formes démocraliipies ; elle eut scs magistrats civils ct
sacrés, connus sous le nom de Piytanes.
Pline dit que Pergame etoit la ville la plus ilorissanlc dc l’Asie : Longé
clarissinium A s ioe oppidum (2). Tout concouroit en effet à lui donner
celte prééminence ; la grandeur de son enceinte , sa citadelle , le palais
de ses rois, lu multitude et ia beauté de ses édifices, donl nn .seul, dit le
rhéteur Aristide , jiüuvoil illustrer une ville; la solemuité de ses jeux,
ses temples, sa superbe bibliothèque , son commerce dc tapisseries et de
parchemins : enfin sou opulence, qui avoit passé en proverbe ( j ) [lariiii
toutes les nations.
Les habitans de Pergame paroissent avoir été lorL religieux ; <ln moins
leurs fêtes avoient beaucoup d’éelat, et les ministres dn culte y etoicnt
nombreux ct révérés. Ils honoroieiit principalement Jupiter Nicéjihore ,
Apollon, Minerve , et sur - tout Esculape. Ils décernèrent aussi dans
iu suite les honneurs divins à des empereurs; et les mêmes inmislres
jirésidoient à l’un ct à l'autre culte. Ils dédièrent un temple superbe
à Auguste et à la ville de Rome. Celui qii'îls érigeront en riionneurdc
J'rajan , n’offrit jias la même magiiificcncc ; un si bon prince étoit
moins exigeant. Au reste , la permission de construire un temple et
de ic consacrer ainsi à un empereur de Rome , étoit une faveur insigne :
les peuples étoient tenus dc la solliciter , ct ils la recevoicnt avec
de vives démonstrations de rcconnoissancc. Tacite l'ait dire à Filière
devant le Sénat , ip f Auguste avoit daigné ne pas s’opposer à ce v(en de
Pergame : D ivu s A ugus tus sibi atque urbi Romoe lempLum apud
Pergamum sisti non prokibuit ( 5 ) : et ce qui étonneroit, si l’on ne
(1) Jusl. Lib. XXXVI, cap. 4- Lib. I , OU, i. Mèai. de Liu, T. XXXVlll ,
(2) rliii. Lib .V, cap.3o. P- 157.
(3) Aristid. orat, de concord. Lrb -, p. 3o3. (5) Tacit. Annal. Lib, IV , cap. 3y.
(4) Cicer. Verr. IV , cap. 12. Plin. Lib. VII, cap. 4.
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connoissoit la marche loujours croissante de l’adiilatioii, si l’on ne savoit
que la servitude est encore plus empressée que la tyrannie n’est avide ,
c’est que onze villes de l’Asie aspirèrent à rhonneur dc bâtir an temple....
à Tibère ! I.cs Pergaménéciis disputèrent vainement la préférence. On
repoussa leurs prétentions , en leur opposant qu’ils devoienl se trouver
a.ssez hononis ]>ar le temple d'Auguste ; Pergamenos oede Au.gusio ibi
sitâ sutis adeptos creditum (i).
L(' [»lus magnifujuc des temples dc Pergame étoit celui d’Esculapc ,
donl nous allons hionlôl rechercher les vestiges : une foule innombrable s’y
portoit sans cesse ; on se flaltoit d'y trouver la guérison de tous les maux.
Esculape enseignoil, dit-on, les remèdes par des songes; il ne prudigiioÎL
pas sans doute ses faveurs, puisque l’empereur Caracalla vint le consulter,
eut beaucoup de songes , el que le dieu s’obstina à ne point lui révéler de
remèdes. Ce temple jouissoit du droit d’asylc ; ses titres parurent si
anciens et si imposans , que ce privilège lui fut conservé lorsque Tibère
l’abolit dans plusieurs autres villes.
La province d’A sie, dont Pergame étoit la ville principale, commença
à être démembrée cL divisée sous Diocléticn. Une autre riqjaiTitiou eu
dé|)artomcns appelés diocèses , eut lieu sous Conslanlin. L ’ancienne province
d’Asie ne fut plus alors qu’une partie du nouveau diocèse d’Asie ,
dont Ephèse , ct non Pergame, fut la métropole. Après Héraclius , l’empire
fui partagé eu thèmes., ©hmata , et la ville de Pergame fut comprise
dans le thème des Thraciens. Elle devint un des boulevards de l’empire,
lorsque les empereurs de Constantinoplc uc possédoient ]>lus qu un jx'lit
nombre de provinces en Asie (2). Elle fut prise une ])rcmière fois par les
Sarrasins en 718 , et enfin pur les Turcs sous la conduite dOrcan , en
i 336 (3).
A une demi-lieue de Pergame , ct sur la plaine la plus unie , les chemins
de Smyrne et dc Tliyatirc passent entre deux masses coniques d’un
énorme volume , évidemment élevées par les hommes. Spoii et A3 licier
supposent que ces éminences factices avoient porté des forteresses destinées
à défendre les approches de la ville. Celte idée n’étoit nulle-
uicnl vraisemblable ; mais leur erreur est démontrée , depuis que l’on a
reconnu ce genre de tombeaux , dont il se trouve un grand nombre en
(1) Taoil. Aiiii. l.ih. IV . cap. 55-
(2) .Ami, Coimiu-n. Uisl. Lib- XIV.
(3) Demetr.Canlcmir, Hist. clel’Emp-Otloin.Liv.I,
ohap. 3.
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