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12 A O Y A G E P I T T O R E S Q U E
Au reste , des pertes causées par uu malheur général commandent la
résignation : clic est facile alors. Combien dc malériaux plus précieux que
les miens ont été anéantis ! Mais ou su]qiorte dilficilcment un dommage
qui nctoit pas la suite nécessaire des événcmens , cl qu il eut
paru injuste de prévoir. C'est doue avec regret, je favouo , <|uc je me
suis vu privé du plaisir d'annoncer le premier la partie la plus heureuse
de mes roolicrcbes; celle qui du moins par la nouveauté, et par les idées
que réveille le seul nom dc Troie , eût jeté queliju éclat sur le reste de
mes travaux. Aurois-jc pu voir avec indifférence enlever ainsi la fleur dun
sujet que je rcgardois depuis long-temps comme une do mes plus précieuses
propriétés ? Je inc trouve toutefois encouragé , ou si Ion veut,
entraîné à en reprendre possession , par un intérêt d habitude pour un
ouvrage commencé dès ma première jeunesse; il est devenu pour moi la
source des plus doux souvenirs : ct après tout, n’esl-ce pas uu sentiment
bien naturel d'aimer à retracer les objets f[ui, dans nos courses lointaines,
ont le plus excité , le mieux récompensé notre curiosité ? On doit seulement
ne pas oublier qu'il n’est permis (renlrctenir les autres que de ce
qui a droit à les intéresser ; devoir ircs-reconnii sans doute , mais quil
arrive si rarement, à nous autres voyageurs , dc remplir dans toute son
étendue.
P L A N C H E P R E M I È R E .
P la n de la ville de Pergame.
J ’ a i fini le premier volume dc cet Ouvrage par quelques détails
beaucoup trop superficiels sur la ville de Smyrne et sur son commerce.
Je devrois peut-être , avant de passer à d’autres objets , réparer ces torts
d’une Instruction trop jeune et trop légère ; mais que pourrois-je dire
aujourd’hui dc ce commerce des Français , alors si riche , et qui n’est
]-)lus ? Ne seroit-cc pas exciter d’inutiles regrets ? Los évcnemens n’ont que
trop fait clisparoîtrc les motifs , el jusqu’au prétexte de me reprocher cette
négligence. Je vais donc continuer ma route sans céder , pour cette fois,
au désir de retourner sur mes pas.
J’avois visité le plus grand nombre des îles de la mer Egée , et traversé
la Carie ci l'ionie, depuis Rhodes jusqu’à Smyrne. Je résolus d’aller par
terre à Pergame et jusqu’aux Dardanelles : pour éviter quelques heures
I.I.r, DE l'KUG.AMr,.
liiiino.-. il\iii ('.vmii;.80 à 1*0