
le [)orL Pa rad is , e t q u e ce lu i d c M o u d ro s , le p lu s b e a u d c Lous, c s l
diidié à saiiiL Antoine.
C e p o r t im m e n s e , si v a s t e , si p ro fo n d , où la fu reu r des v en ts nc
p eu t jamais [» cn éu c r , se roit fa c ile à d é icn d r e par des for ts e t des b a t teries
, q u e l’on c o n s lru iro it sur les liauLeurs q u i en d om in eu l r cn lr é c :
il o ffre dans son p ro lo n g em en t les s in u o s i té s , les î l o t s , tou te s les c ir -
eoiis taiiccs lo c a le s , toutes les fa cilites de sirable s [»our fo rm e r u n g ran d
établissemeiiL de marine. U n e des anses in térieure s n ’est séparée que
pa r u n is thm e de h u it cen ts toises , d ’u n au tre p o r t moins v a s t e , mais
s û r , e t ou v e r t au seul v en t de s u d - o u e s t , d o n l il se roit même facile de
le d é fen d re pa r u n e cou r te je té e . C e t is thm e , p re sq u ’au niveau de la
m e r , n’a pas tou jou rs existé : fo rm é p a r les terres q u ’a ch arrié es la r iv
iè r e , il p o u r ro it sans d e g ran d s Lravaux être co u p é [;ar u n c a n a l; c t
l’on cLahliroit aijisi une com m u n ic a tion en tre le g ran d p o r t de M o u d ro s
et le p o r t de K o u d iu . A u re s te , tou te s les côtes d c l’île o ffran t cg a lcm cn t
des rad es et des p o r t s , les b à lim en s y p eu v en t ab o rd e r p a r tou s les
v en t s , c t trou v e r ainsi Loujours des ab ris co n t re la Lcnqiêle, ou contre
u n en n em i su p én e iu '.
La montagne de Therma doit son nom à une source d’eau chaude
qui sort de sa base du côté du nord-est; son sommet, le plus élevé de
file , est cent soixante-quatorze toises et demie au-dessus du niveau dc
la mer : les eaux Uiermalcs ont fait monter 1c iliermomètre de Reaumur
à Ircnlc-un degrés; elles ne paroissent point contenir do principes
sulfureux, mais scuienient du 1er, dont tous les terrains voisins sont
abondamment charges, et qu’on pourroit même exploiter avec succès.
L ’aiguille aimantée décline sur le sommet du mont Therma, dc vingt-
deux degrés plus à l’oucsL, que sur le bord de la mer à l’est du port
Saint-Antoine; obser\ation répétée dans deux voyages différcns, ct donl
le résultat a toujours été le même.
Du somnicl du mont Therma, la vue s’étend sur toutes les îles du
nord dc la mer Egée, ainsi que sur la cote de Tlirace, ct plonge sur lo
port de la ville de Myrina, qui dans les tem[)s modernes a pris le nom
de Lcmnos , ou plutôt n’u retenu (|ue celui-ci ; car il [»aroîl que celle
ville éloit également désignée [>ar ces deux noms ( i) . Fondée par ie roi
Thoas, elle avoit reçu le nom de Myrine sa femme, fille dc Crclliéus,
( I ) J.c |>octc I’rijipcllc T.oinnos, ville bien Imlic , Muta-j vAxIacm T.-.iiWiwi. Ocly<is. l.ib. V l l l , v. vHS.
princesse qui ne doit pas être confondue avec la reine Amazone dont
nous avons déjà rappelé la mémoire. C’est à Myrina qu’abordcieut les
Argonautes après leur départ do Thcssalie. .lason, invité à descendre
dn vaisseau qui les porte, est introduit daus la ville ct conduit
au palais dTIypsipylc ; il traverse dc supcrhcs portiques , cl s’assied
près de la reine sur un siège richement orné. Le poèlc qui chaule
les exploits do cos hardis navigateurs, étoit aulorise par les expressions
d’Ilomcre a supposer quelque magnificence aux édifices de la ville dc
Myrina ( i) .
Les Argonautes arrivoicnt à Lcmnos dans une circonstance où cinquante
deux héros nc pouvoicnl manquer d’clrc accueillis ; les Loin nicnnes
pûmes par Vénus dont elles avoient négligé les autels, ct abandonnées
dc leurs cpoux, avoieul dans leur fureur immolé le même jour tous ceux
qm so trouvoieut daus l’île. A l’approche des Argouantes, elles crurent
d’abord voir cn eux do redoutables vengeurs; mais après un léger combat,
revenues de leur erreur, elles surent faire oublier à ces étrangers les fatigues
dc la mer, et même quelque temps le but de leur brillante entreprise
: ils restèrent deux années entières à Lcmnos, ct y laissèrciU des
gages dc leurs amours, assez nombreux pour former une nation distincte
sous le nom dc Myniens. Quatre générations après, ceux-ci furent chassés
do Lcmnos par les Pélasges, et allèrent chercher un asylc chez les La-
cédémouicns, qui les rceurcul par respect pour la mènioirc de Casior
et Pollux; mais ces étrangers ayant donné dc justes sujets do mécontentement
à leurs hôtes, furent obligés dc quitter cette contrée : ils s’établirent
dans file de Callisté, nommée ensuite ïlié r a , cl aujourd’hui Sanlorin.
L Ile dc Lcmnos est imc des mieux peuplées dc f Arcln'])cl, en raison
dc son étendue; ct d’après des renseignomens assez ¡irobables, si je no
puis dire parfailcmonl sûrs, il ¡laroît que l’on peut porter jusqu’à trente
mille lo nombre de scs habitans.
Le port dc Myrina, ou de Lcmnos, offre tons les avantages que l’on
peut désirer; la ville l’entoure, ct un fort avancé le prolègc. Ou y cons-
Irtiit des bâtimcns dc toute espèce, ct même des vaissc.inx de guerre,
avec des bols apportés des côlcs dc la Thrace el dc la Macédoine. Le fort
csl m-diiiaircracut occupé par une Irès-foiblo garnison Hirtpic : le reste
<lc nie jouit assez paisiblement des abondantes productions du sol le jilus
( '} Apollon. Khotl.Lib. I. Arpon «i
Tome I I .
tt(uni02 iTToXisSfiov. iiom. Oilyss. Lib. V lll, v 28J. SopLücl, ill l’Iiiloct. V
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