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\ O Y A G E P I T T O R E S Q U E
Dcmcd'ius dc Magiicsie, cilc par Diogciic dc Lacrcc ( i) . CoL liisLorien,
ainsi qiflïarpocralion, ajoute qu'aussi-Lot il s'empressa tic faire venir
auprès de lui Aristotc cl Xcnocrale, ses iiislilulcurs, et (ju'il donna au
premier sa soeur, d’autres dÎseuL sa nièce, en mariage. Cc qu il y a de
plus certain, c’est que, s’cUiut cusuilc laissé surprcudrc par le Rliodiou
Memnon, général au service de la Perso cL gouverneur dc la province
voisine, il fut envoyé au grand roi qni lo fil ¡)érir.
M. Larehcr vient, au rosie, trenLrcpreiidre la défense d'IIermias,
t(ui l'uL, suivant lui, calomnié par les délraclcurs d’Arislole, dans l'es[)oir
dc faire rejaillir sur cc philosophe la honte dont ils couvriroieiit sou
élève (2). Jaloux dc sa gloire, et plus encore peut-être de sa forlunc,
ils inventèrent contre le célèbre insliUiLcur d'Alc.xandrc les accusations
les plus invraisemblables, ct qui furent réfutées par des auteurs eoii-
Lcmporains. On pourra doue croire, avec JM. Larehcr, qu’Euhitlo
acheva IranquillemeuL sa carrière; qullemiias, loin d’avoir conlrihué a
sa mort, montra des vertus qui repoussent un tel soupçon; qu’il rogna
après lui avec honneur sur les mêmes états, justpfau inomonL où il
tomba dans le piège qui lui fut tendu par les généraux perses. 11 paroît
même qu’Arislole n'épousa Pythias, soeur ou nièce d'IIermias, qu’après la
monde celui-ci, par attachement pour sa mémoire à laquelle il ne cessa de
rendre des hommages ¡mbiics. On ne peut guère en effet supposer qu uu
tvran, assassin de son bienfaiteur et de son maître, ait élé ainsi l’oljjct
des regrets el des éloges d’Aristote. Nous avons encore l’iiymnc (¡uc
ce philosophe a composé en son honneur; nous savons qu’il lui fit clcvor
près d’Alarnce un cénotaphe, et qu’il lui consacra à Delphes une slaluc
avec une inscription qui nous a été conservée (3).
Depuis le golfo dc Sandarli jusqu’à la mer Noire, on va suivre sans
iuLerruption ma roule ct apprendre à connoître ces contrées, par des
cartes levées avec une exactitude qu’à peine on auroit osé espercr. Cc
langage m’est permis : j’ai dirigé ces importans travaux : le principal
méri tec’s là ceux qui les onLexccuLcs; cLpourmoi, c’est un devoir d’avcrlir
la rcconnoissancc publique.
ConUuuanL dc naviguer avec un veut favorable, je passai devant uuc
(1) Diogcn. Laort. Lib. V , onp. r , § 3 . p- 270.
(2) Alêm. de L itl., lom. XLVIII, p. 208 et suiv
(3; Two's T.i-é oix ¿«'»S. r.aoTSxi usriàpwi Ijiiuj orpvr.x,
Ëzt-'ivsv ütpaw |3aoi>.£v;.
Oà i-iy/Ti çovïoi; h cr/üsi xftxzrjx-,,
À5à‘ àvàjoo; ;;iVs‘ ffXTiunii ioXïov.
Epig. apud Diociji. Laebt. ibiJ , S 6 , p. b;
langue dc sable, qui forme une jetée naturelle : dans la petite anse dont
elle assure le mouillage, les navires viennent charger les huiles que fou
recueille sur ces fertiles rivages, et que les habitans apportent à Agiasma-
Ivcui, rancieimc Alléa. Bientôt nous nous engageâmes au milieu des
llécatonncsi, ct nous mouillâmes en face du bourg bâti sur la plus grande
dc CCS îles. On la nomme aujourd’liui Mégalo-Mosco-Nisi, la grande
île Mosco ( i) . Les anciens la nommoicnl Pordo-Sélènc, ou Poro-Sélcnc;
clic conLcnoit une petite ville du même nom; c’est probaldcment la ville
éoliennc qu’IIérodoLc indique dans les llécatonncsi. Ptolémcc place une
ville dc cc nom sur la côte d’Asie : elle en est si rapprochée que cc scroit
une bien foiblc erreur. Il est, au reste, possible que filc fit alors partie
du continent, ct ne fut pas encore séparée dc eclLe pointe, qui ne laisse
entre les deux plages qu’un foible passage aux eaux.
Il n’cxislc que peu dc médailles de la ville de Poro-Sélène; encore
sont-elles récemment découvertes. Ünc d’elles fait partie tic la précieuse
collection rassemblée par M. Cousinery. Près dc celte île, au rapport de
Slrabon (2), étoit une autre île plus grande encore, sur laquelle on voyoit
les ruines d’une ville ctun temple d’Apollon : elle est aujourd'hui jointe
à la côte d’Asie par des sables qui se sont amassés près de Gluaour-
Kcui. Les llécatonncsi sont au nombre de trente-deux. Les anciens, en
les appelant ainsi, ont-ils voulu indiquer leur grand nombre par une
expression indéfinie, les Cent-lles? Ou faut-il supposer, at^ec Slrabon
ct Etienne dc Bysancc, qu’elles liroient celle dénomination du culte
d’Apollon ct dc son surnom le plus liabiluel, g/caro;, qui lance
au loin scs traits ?
Un peu plus au nord, et sur le rivage du même golfe, on Irou-
voit une ville d’Ilcraclce, aujourd'hui Kidonia. Cette petite ville, peu
connue même des anciens, et dont l’existence étoit depuis loiig-temjrs
oubliée, renaît depuis quelques aimées par l’industrie dc scs nouveaux
habitans, ct la protection dc la famille de Kara-Osman. Kidonia continuera
de s’accroître pour le boubcur du pays, si sa prospérité naissante
n’est pas dénoncée aux ministres turcs, donl les vues fiscales et loujours
(i) Ce nom moderne a été probablement donné à
ces îles, i\ cause de la grande quantité de polypes
qu'on y pèciie, cl dont le plus grand nombre est de
l’espèce appelée en grec Mosk-Oclapoda , polypes
musqués, parce que leur odeur n’est pas satis quelque
Tome I i .
rapport avec le musc. Malgré la prodigieuse abondance
de poissons que l'on pécbe sur ces rivages, on
mange ces poÇvpcs ; on les sale, on les sèche, ainsi (|ue
les calmars, et on eu exporte une grande quantité.
Q) Strab. Lib. X l l l ,p . 619.
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