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pmidrc cn (pLcl«|Uc sorte place sur rOlynipe; ¡1 eut des fcles , des poii-
lilos ( i) ; on bn'doit sur ses bords renccns consacre aux dieux; on bu
oiiroit des victiiiics, cl l’on scmbloil craindre de souiller la ünipidilc de
ses eaux (■>.) ; mais au milieu dc tous ces honiniages que lui decernoit la
rcconnoissancc jjublicpio, il eu rcccvoit un (»lus ilatleur encore. Par un
usage antique (juc consacroil la religion, on loignoit dc lui ollrir avec
des clianls d’all('gressc cc tribut dc rinnocencc et de la jeunesse, qui
n’apparticiU qu’a rainoui'. Cc droit du Scamandre Cul, dit-ou, usurpii
la veille des noces dc la belle Caliirlioë, j»ar le jeune Cimoii, qui avoit
accompagné dans la Troade^, roratcur Eschine, lianni de sa jialric; ei la
iiaïvc sim]>îicil(' de Callirhoé ayant publié c(;l attentat, les deux voyageurs
l'ureiil contraints de chercher leur salut daus ntic prompte fuite.
Si ccLLo anecdote, rapportée avec des délails dans les lettres (jui portent
le nom d’Eschine, el raconlce depuis avec tant dc grâce j>ar notre inimitable
fabuliste, csl véritable, on a pcut-('lrc à regretter (juc le délire
d’un jeune homme nous ail jirivés des lumières qu’cùt ¡»u répandre sur
riliado un dos jilus beaux giaiies dc la Grèce. Sans doute Escliiuc n’cùt
jias foulé avec ijidilTércnce les lieux chantés par le princc des poètes;
et jniisiju’ii est vrai que tous les Athéniens instruits savoient flliadc
par c(cur, n’cst-il pas vraiscmblaljlc que f orateur, qui avoit tant dc ibis
puisé ses grands moyens (l’élo(|ucncc dans ce divin poème, cn auroit
éclairci quelques obscurités, à une cjkhjuc où les lieux (doicnt plus
faciles à rcconnoîtrc, et où les événcmens dc la guerre dc Troie éloient
encore conservés dans le pays par une tradition religieuse? el de (picl
prix nc seroicnt pas anjourd’liui des remarques sur Homère, faites dans
la plaine dc Troie par le contemporain cl le rival dc Démostlièncs !
T.c Scamandre rc(:oit ses eaux dc jilusicurs sources, ou plulêit dc
plusieurs groupes dc sources dont les jets nomlircux ct rajijirocliés sc
(lirigciiL vers une jientc commune, ct se rcunissenl ])i('iil()t cn iin seul
courant.
Les jircmicrcs sources (juo l’on rencontre cn venant d’Erkcssi-Keni à
f)Ounar-Ba(‘h i, s’ccliajipent à travers les fentes et l(!S caviu/s d’une ancienne
maçonnerie, Ibniiée de cailloux Ibrtcment unis jiar un ciment
( 0 lliad. I.ib. V , V, 7«.
(a) Ou jetuil dans le Xiinthe des chevaux v .. lliad. Lib. XXI, V. i 3 i.
rougeâtre, et (jue le Lcmjis a rendu aussi dur que la pierre nu'nic. Celle
construction usée jiar les siècles, cl arasée prcsiju’au niveau du terrain,
no priiscnte j)lus qu’un large talus dc i 5 j)icds d’i'paissenr, sur environ
100 pieds d’étendue. C’cloil une digue destinée à retenir l(?s eaux, et â
former ainsi nn réservoir supérieur, toujours rempli, jiour l'usage des
lialnlans.
En loiirnanl vers la gauche cl LravcrsaiiL le courant, on arrive à un
bocage charmant qu’enrichissent ct varient (jucbpies terrains cultivés ct
il’agiaâibles vergers. .Au milieu est une petite métairie, et tonlaujirès un
job kiosque, (pic l’Aga de B onnnr-lia chi a (fievé dans celte ravi.ssantc
position; il sc jilaltà couvrir d’arlmstes el de lleurs cette eiieeinte, qu’en-
lourent cl coupent en tous sens des liaics de roses, de myrtbcs, et do
grenadiers. Ees seules beauK's de la nalure suffisent â cet b(‘uroux mu-
suiniaii; il cn jouit sans avoir besoin de savoir le prix (juc (ranli(jucs
souvenirs ajouloroient pour nous aux charmes dc son paisible st'jonr;
mais doit-on regretter pour lui ces savantes jouissances? 11 (’'toit entouré
de jolis enfans cmjircs.scs à j'.artager les soins dc l'hospitalité (ju’il se
b;\la dc m’offrir. Lui-mème me conduisit près des sources les ¡»lus
cievccs; elles sortent du pied dc la colline de Bounar-BacJn par une
multitude de jets, cl sourdenl de lous Cüt(7s cuire les arbres ct les
licurs. Une jjartie de ces eaux argentées circule dan.s les vergers; le reste
est rciui dans un bassin carré, (jui, peut-être, bien des fois ix'jiaré, semble
se montrer encore tel qu’il fut, il y a tant do siècles.
Nous venons donc de retrouver successivcmciil ces deux bassins
(æ?.u'.ol), où les filles de 7 /-oè<? venoient laver leurs belles robes pendant
la jiaix, ct autour desquels sc poursuivirent Achille ct Hector ( i) . Le
plus grand de ces bassins, qui ju'obablcmonl servoit d'a])rcuvoir aux
troupeaux, n’offre que dos vestiges de son ancienne existence; faulrc,
I>lus voi.sin d’un lien qui ne doit jamais avoir été sans quelques babi-
lans, a di'i sa conservation à leurs besoins ct à sou utiliuè
L ’on peut ici recueillir une nouvelle ju'ciivc dc fcxactitudc d'Homère
cl de la fubdilt- de sc\s pcinlurcb 11 nc dil jvoiiU, comme le traduit jien
correcLomciiL madame Dacier, (lu'Hcctor cl Vcliillc arrivèrent jircs des
» deux canaux d'où coulent deux sourccs du Scamandre ».
(1) lliad. Lib, XXll, V. j/17 et scqq.
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