
Imbros contieuL aujourd’hui trois mille habitans, dislribucs dans qna-
trc villages : celui qui porte le nom dc l’ilc est situe sur la côte orientale,
et près d’une anse où l’on mouille par quinze et vingt brasses. La petite
rivière s’appclolt autrefois Ilissos, el l’on reconnoît encore les ruines de
faiicicnne ville, ct les vestiges d'uu temple.
Des balcaux prêts à exporter quelques productions do file ou que
!c mauvais temps a forcés d’y relâcher; le bruit dos ouvriers qui eu radoubent
ou ou coiistruiseut d’autres ; ct les pêcheurs reiilranl avec une
riche recolle de rougets, de dorades, et dc coquillages, dont chaque
enfant vient solliciter sa part, répandent un peu de mouvcmcnl dans lo
petit port d’Imbros. Le voyageur repoussé dc sa patrie, ct qui Iule
contre dc douloureux souvenirs , nc peut encore s’y croire devenu lout-
à-fait étranger aux mallicurs du monde; il distingue les côtes dc l’Asie ct
celles dc fEurope ; il compte les navires qui cinglent vers la superbe
Bysance, et y portent peut-être fannonce de nouveaux désastres. Mais
qu’il s’éloigne du rivage ; qu’il so réfugie dans fintéricur dc l’île , il cn
trouvera toutes les hauteurs couronnées de bois où abondent des animaux
dc toute espèce ; il parcourra des vallées délicieuses ct dc fraîches
prairies qui pourroieiit nourrir de nombreux bestiaux ; do telles solitudes
sont un asyle que le sort semble ménager à l’infortune contre
ses propres rigueurs : de toutes parts, des abris solilalros sont offerts à
celui qui, fatigué des cvcncmens, voudrait oublier l’univers. Si des devoirs
impérieux le rappellent parmi ces agitations auxquelles il avoit un instant
cru pouvoir sc soustraire, du moins le souvenir de ces paisibles lieux lo
suivra par-tout où sa destinée va le conduire; et alors même qu’un accueil
généreux console ses douleurs, son imagination lui retrace encore
ces lacs où se rcflcchissont des forêts de figuiers charges do fruits, ces
masses de myrlhes ct de lauriers-roses, ou ces vieux ceps qui, embrassant
lo tronc et les branches des plus hauts platanes, sont parvenus
déjà depuis un siècle à leurs sommets, les cliargoiit et les décoroiil de
superbes raisins, et n’eu ressortent que pour passer sur les cimes voisines
; il regrette sur-tout le calme et le repos, dernier terme dc l’espérance,
ct dont l’ambition elle-même nc désavoue pas le dcsir.
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