t i4 V oyage au Levant,'
che fui van te. Trois enceintes de muraille^
environnent la M ontagne, dont il n’y a que
la plus b a lle , qui eft à r?feu près à moitié che-1
min, qui l ’environne entièrement, ôc pour
les deux autres, elles ne le font qu’ en partie*
A main g au ch e , au pied de la Montagne*
on a une vue très-agréable fur le vieux Ser-
rail du Grand Se igneur, où il tenoit la Cour
avant qu’il l’eût tranlportée à Brufa*
La V ille eft railbnnablement grande ôc peti*
plée. Elle a plufieurs belles Mofquées , ôc
quantité de boutiques qui font toutes de bois*
comme dans les autres V ille s de la Turquie .
A v an t que d ’entrer dans la V ille on trouver
les C îm e tie re s , au-deffus defquels il y a quantité
de morceaux de colomnes , où font grav
e z des Turbans, tels que les portoient ceux
qui font enterrez là autour^
Cette V ille eft une des trois qu’Artaxerxèi
donna à Thémiftocle pour fon entretien. Ces
trois v ille s Croient M agn e lîa , Myus & Lam-
p fa q u e , dont la première devoir le fournir
de pain , la fécondé de viande , ôc la troifié-
me de v in . Ce fut-là que nous paftames la
n u it , après a v o ir fait ce jour-là environ iix
lienës.
Le lendemain m a tin , qui étoit le froide-
me jour de notre v o y a g e , nous palfâmes dev
an t quelques maifons ôc par un aftez beau
p aïs.
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p a ïs , qu i n ’cft pourtant point habité ni même,
cu ltiv é . Après avoir fait fept lieues de chemin,
nous vînmes à un Bourg appelle Vdemmr P»temouu
où nous nous repofâmes,
Le jour fuivant nouspaftames à Corme Ar-> Catmtc-
bory y qui eft un Bourg allez g ra n d , feitué dans ktbotr-
une Plaine près de la Montagne , ôc après
lept lieues de chemin nous vînmes coucher
À un autre Bourg appelle Batfilemme.
Le cinquième jour nous rencontrâmes un
>Bourg fans habitans , auprès duquel s’étend
aune P la in e , dans laquelle il y a huit Bourgs
allez près les uns des autres. C ’eft un fort beau
p a is , mais qui n’eft point cu ltiv é . Nous avançâmes
encore fept lieues , ôc nous allâmes
coucher à une petite Bourgade.
Le iixiéme jour nous mena jufqu’â Mander-
keUy qui en eft â dix lieues. Les Turcs que
nous avions avec nous alloient toujours la
nuit dans un Çaravanjèrai c ’eft ainfi qu’on appelle
dans Je Levant les Hôtelleries publiques
,bâties pour la commodité des V o y ag eu rs , où
l ’on a le logement pour r ie n , & où l ’on trouv
e pour de 1 argent toutes les choies dont on
a aftaire.. Pour nous, nous allions toujours lo-
g e r chez des Turcs , où l ’on eft reçu avec tou-
ite forte de c iv i l i t é , ôc même ou y eft lè r v i
fdè matelas , d’oreillers , de couvertures ,
&P* & P neu eft quitte au matin pour u n p e -
P ij riî