j l t V o y a g e a u L e v a n t ,'
le lon g , & il paroifloit aufli blanc que la toile
même, tellement qu’on avoit de la peine ale
difcerner d’ avee elle. Ce lu t - là le changement
le plus furprenant que j ’eufle encore vu*
l ’entends par rapport a prendre les couleurs
des cbofes fur quoy on les met.
Je n’en ay j amais pu conferyer en v ie plus
long-te ms que cinq mois, & la plupart meme
moururent dans l’elpace de quatre,
J’avois la curiofit.é. de l'avoir ep quoy con-
fiftoient leurs entrailles ; y en ouvris un , & j ’y
trouvay trente-un oeufs de la: grofteurde ceux
des petits oifçaux ^ ils ctoient tous attachez
les uns auprès des autres à un efpece de fil ;
mais je n’y vis point d’entrailles ni rien qui
y reffemblât, Ce fut le plus beau de mes «Caméléons
où j ’én trouvay ce nomhr-e > dans les
autres je n’en trouvay pas plus de v in g t,
La langue eft ce qu’ ils ont de plus remarquable
y car elle eft auffi longue que tout leur
Corps, C ’eft a vù cé lie qu’ils prennent Jfes m ouches
y ce que les Naturalises ont aufti remarqué
j v o ic y comme cela fç fait. Le Caméléon
te tient fans fe rem net 3 & lors qu’il v ien t une
mouche il tire fa langue extrêmement v i t e ,
prend la mouche de là pointe , 1 avalle » fagueule
qu’ il a fort g ran d e , & qu’il tient toute
o u v e r te , lui eft fort propre pour cela. On en
peut juger par la peinture que je donne icy
E ô Ÿ Ë T.t J S Y R I Ë y f t ÿ
d’ un qui a la gueule ouverte. On croit qu’il y
a au bout de cette langue une humeur yüqueu-
% , à Laquel l e la mouche demeure a tta ch é e ,
mais ma penfée eft qu’i l l’ attrappe de la pointe
de fa lan gu e , de laquelle il l’enveloppe ôç
la porte ainfi dans fa gueule. Ils. ont encore
une ..autre maniéré de prendre les mouches,
comme je l’ay oüy dire à d’autres j mais fans
que je l ’aye expérimenté v c ’eft de fe tenir
comme s’ils dormoient, &c d ’étendre la lan-
gue-toutle long de leur corps jufqu’à la queuë.
Les mouches , qui comme chacun fç a it , aiment
tout ce qui a quelque humidité , v ien -
nent fe pofer defiüs y cependant le Caméléon
demeure toujours immobile ; mais quand il
fent qu’il y en a un aftbz grand nombre,il retire
fa-langue d’une telle vîteft'e qu’il n’en échape
pas une*
Quand ces petits animaux Veulent defeen-
dre d e quelque endroit haut y. dans un pliijÿ
ba s, ils avancent avec une grande eirconfpe-
«ftion, premièrement un des pieds de devant
vers le bas, 6z enfuite l ’autre, ce qu’ils font
après des pieds de d errière, fe prenant cependant
à ce qu’ils peuvent avec leur queuë, afin
d e -marcher plus* ferme * ils la lailfént ainfi
couler jufqu’à ce qu’ ils dolent au b o u t., ôc
quand ils ne peuvent encore après ce la atteindre
à terre , ils fe Laiftent tomber toutd
’un