Bababar-
JiOttë.
r51o V oyage au L e v a n t ÿg&
y ont bâti iong-tems depuis la ruiné de cette
ancienne ville.
Il étoit cinq heures après- midy lorfque
nous partîmes de T ro y e , prenant nôtre cours
vêts Bababarnouë } comme qui diroit JSfe% dit
Perd e ’eft une Pointe de terre en A ïîe, fur laquelle
eft le Château de Molva, yis-à-vis du
bout de rifle de Mitylene. La plupart des
y aideaux y v iennent, comme dans une re tra ite
affûtée pour y paCer la nuit pendant les
mauvais terns; ; Il y a à ce Bababarnouë un de
leurs Saints qui y efl: enterré | on le nomme
Baba , qui fignifiePere. Les Barques y je tten t
touj ours quelque morceau de pain : mais les
Plongeons , qui y font en grande quantité ,
en emportent la meilleure partie.
Nous paflames la n u it en c e t e n d ro it, ou
nous fumes joints par un autre vaifïeau q ui
venoit aufli de Conftantinople & par quelques
barques de: pêcheurs , qui nous donne*
x en t À t> on .mar c hé le s plus bel les B arbonnes quoi
j ’aye jamais vues. C’efl: un poiflon qui fe
prend dans la M e r, mais qui en bonté ne le.
eede point aux.Perches, Ôc qui s’apprête de lai
même maniéré. Il é ta it encore environ une,
heure & demie ay ant Soleil couché,mais corn-*
me tout le monde avoit grande faim ,, chacun
fe mit en devoir pour apprêter nos Barbonnes#-
& nos Matelots mirent la main à l’ouvrage
d ’une
e n Eg yp r é :p S yTti e J 'wmi yrt
d*une maniéré fi agréable & fi bouffonne ,
qu on ne pouvoit s’empêcher de rire y ajoutez,
à Cela que le Cuifinier, qui avoir grand mai
aux dentsqétoit bridé d’un torchon à deriii ufé
qui lui faifoit une plaifante mine. Nôtre poif-
fon fut rôti à une broche faite d’un cerceau,,
Sc telle qu’étoit la broche, telle fut aufli la che*
minée & tout le refte des uftenfiles de la cuU
finei Mais tout ee bizarre appareil ne nous
empêcha pas de fouper avec grand appé tit, ôc
de trouver un goût délicieux au poiflon qu’on
nous fètvit..
pi Le lendemain, à neuf heures du m atin, nous,
remînrês â la v o ilé , ôenous tirâmes vers. l’Ifle
de MityleiiC. Cependant il ' fe leva un v en t
te rrib le , &; la mer commença à être fi agitée,
que quelques-uns de nos Matelots ne p u re n t
s’empêcher de verfer des larmesecar les Greçs^
qui fo n t de grands caufeurs lors qu ils font &
terre , mais de fort mauvais Marins, & qui fé
eroyent perdus dès qu’ils ne voyent plus la
Terre , nefachant pas où les vagues lés doiv
e n t j etter. C1*efl: ce qui nous oblrgeade nous
offrir à leur aider à fa ite 'la -manoeuvre , & à
leur faire honte de leur peu de courage,par
de fi fortes raifcns qu’on leur remit le coeur
au ventre. Ainfi chacun fe remit à faire*fa fonction
, & une heure demie apres Soleil
couché nous arrivâmes au Port de Mitylene*.
Cetroe