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5 res. On ouvrit done une porte à double gril*
J^yijiaute d’environ trois' p ieds y où jl falloir
que nous p a flaU io n s en nous courbant Ôç en
mar ch ant des p i e d s d e s mains ; -ce qui pen-
i'ajfaire^perdre courage a macompagnie , Sc
•ÿâ.rciçnliérement àImon camarade de v o f a*
, qui demeuroit depuis quelques in n é e s
jayec moi & qui étoit un homme fort fage.
V o y an t q u ’il' fe laiffôit tropcabattre flne per-
xle? pas courage, lui dis -je, nous ne courons
pas rifque .d’ être pendus, ôc nous en ferons
quittesipour paflfer unemauy^fèmuit s j e pa£r
fetay mêméde bon coeur le premier, pour vous
montrer le cheminy En disant cela je me
courbayj, f &c màrchant des mains des piedsy
je paiTay pâr cje trou, ôù mes camarades mè
fuivirent 'dela même ittaftierey Nousnfy ftp-
mes pas têt entrez , quenous noüs trouvarmes
dans un lieu fa le , 6c fi plein de yermine,
que pendant toute la nuit nous ne pûmes té-
pofer un moment, quoique nous euffions fait
apporter un lit pour nous, ainfi nous fouhaiT
jâmes mille fois que le jour vint. Un peu
après minuit notre
prifon, où Ion amenoit une personne qui fe
fçût bien mieux accommoder que nous de
cette trille demeure, car il pritaulfi-tôtune
y al ife qu’ il avoir, ôt l’ayant mife fous fa t e te,
pour lui fervir d’oreillier, il % mit a dormir
EN E G Y Y T E ^ 5 Y R lE .i ' ( ÿ è 3^
fort tranquillement. V o y e z i,;,d is - je ,â mon
camarade, qu’il n’eft rien tel que de s’accommoder
de tout: çe qui nous arrive. Lal coû-
èume,. me répondit-il ,s eft une fécondé nature.
Ce dr;ô|c connoît fans doute le lieu &&
fçait la langue du Eajs, & c ’eft pour cela qu’il
n’en a pas, pl.us de ch a g r in . En,effet , après
avoir examin l fa mine &c fa contenance ,
nous jügeâniesr qu’il'a v o it déjà été plus d’une
fois, dan s ce même lieu. Le lendemain ,
.dès, qu’il fit adez grand jour , on nous mit
dehors.'^ i j i l ’on nous mena à.Capouë , au logis
du; G ouverneur, qui eft pjrès de 1 a p rifon.
Nous nous tinmes dans une petite chambre
qui efl yis-a-vis ies;,cachotis des prifonniers,
de forte que nous pouy ions nous en tr e-r e garder
les uns les autres au travers d’une grille
de ferd La porte était cependant ga-rdee par
deux- Huifliers y avec leurs fulîls chargez;
A près deux greffes heures, nous fûmes menez
devant le Gouverneur, àq u i je donnay mon
l^afle-port, Ôc des qu’il l ’eut lu ,, il comman-’
da qu’on' nous donnât la liberté ,, & qu’on
nous iaiflat aller où nous voudrions,»::
Lors que je me vis en liberté, je propofay â
mes Compagnons de voyagede retourner fur
ftos pas^pour voir ces curiofîtez que je m’étoi»
propofé d’examinerjmais n’ayant pu les y fai--
fe confentir, nous continuâmes nôtre route.