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Le lendemain matin nous retournâmes &
nôtre Saïque, & comme nous allions le long
tuë de la R iv ie r e jüfqu’au bord de la M e r , nous
couPs yîmes for tir de l’eau une fort greffe tortue
Nous y courûmes aufli-tôt-, & après l’a v o ir
tournéé für le dos;',? nous la: tuâmes avec nos
fabres. Nous penfions même la porter dans
nôtre barque , afin d’en garder l’écaille & d’en
faire aprêter la chair qui eft un fort bon manger
; mais comme nous aperçûmes que l ’écail-
le étoit eafiee, à caufe des coups que nous lui
avions d on n e z , nous laiflâmes là, tant l ’écaiU
le que la chair.,
. Je vis aux en viron s, un peu avant dans les:
terres , quelques endroits qui paroiffoient
Comme des lacs , où fe tenoient à grandes
trôupés plûfieurs fortes d’oifeaux de riviere*
A main droite ?, en venant de d eh ors, les
T u r e so n t un Château près duquel il y a deux
grades pièces dèf fonte , dont l ’une porte
livres de balle , ôc l’autre quatre-vingt. Il y
a v o it , vis-à-vis ce Château, deux Arabes ocr*
cupez à drefier deux Tentes , dont la figure
n ’avôit rien de fingulier.
Le 6 . nous fîmes la Pâques fur nôtre vaifi-
feau, avec les trois Religieux dont nous avons
parlé, Ôc dont l’umétoit F lo rentin, ôc les deux
autres Efpagnols. Ils avaient attendu v in g t -
quatre jours avant nôtre arrivée iwte occafion
e tt m g y f t ê , S y r i e ^ g t e 5 %
pour.aller à Jaffa., ôc der-là à Jeruialem. Ils
etoient de l’Ordre de S. François, &. avoient
afiez d’efprit.
Le 18. comme il ne fe prefentoit point ent
■ Gore d’occafion pour partir , nous, retournâmes
à Damiette ,; Ôc nous allâmes loger dans
la maifon de nos Francifcains , où nous en.
trouvâmes encore, cinq, autres , qui avoient
aufil attendu, long - tems une occafion pour
T r ip o li. Ils nous prièrent fort civilement de
demeurer chez eux , ayant deux; chambres
qu’ils y tiennent to u jo u r s , parce q u e .p lu sieurs
Religieux de leur Ordre paffent ic y
pour aller à Jerufalem & 'ailleurs, Nous y demeurâmes
trois ou quatre jopts •; nons allions
ordinairement après le: repas nous afleoir fur
le haut de la maifon , ou nous y promener ,
car elles font,toutesrplattes, ôc nous prenions
plailir à jetter devant nous quelques relies de
nôtre repas que nous avions apportez , Ôc que
nous voyions incontinent enlever par les Faucons
dont il y a grande quantité.
Je n’ ay jamais yû d’oifeâ'ux fi hardis, puis’ Hardlef&
qu’ils yenoienéxbndrfe milieu de nous ave^c F#dleurs
fe r re s , ôc s’envbloient en fui te avec leur C0X1S’
proye fur la maifon voifine ou ils alloient
manger à leur aile ce qu’ils avoient pris,, ôc •
dès qu’ils l ’avoient dévoré ils reve noient
voir s’il n’y avoir plus rien à prendre.