a i 4 V o y a g e a u L e v a n t ,^
mander une fois le jour un peu de pain & de
légumes , cuits au fel ôc a 1 eau. D .autres > qui
font plus âgez 3 fe font accoutumez, a force
de jeûner, à ne manger qu’une fois en deux
.ou trois jours, pendant tout Le tems de leur
jeûne : ôc il y en a meme quelques-uns, a ce
qu’on d ft, qui ne mangentque fept lois dans
les fept iemaines que dure leur Careme9 ce
qui neanmoins me iemble incroyable.
Agréable Quand on a paflfé les Ifles dont je viens de
c^'ftanâ parler > & qu’on commence à approcher de
noplepar la Coiiftantinople, qu’on voit a rhain g.auche,
Mer Elan- faut t irçr long de fes murailles, qui liifej
ten d en t depuis le Château des Sept Tours, ju b
q u ’a la pointe du Serr.ail » apres-quoi fl fauç
prendre fon cours vers le Nord-Bit pour doubler
la pointe du Serrai!, a$n d éviter le coura
n t continuel des eaux du Bo.fphorp, qui fp
déchargent avec.impétuosité d,e la Mer Noire
dans la Propontide, &: qui feroient fans doute
que le Vaideau iroit brifer contre l'Jcrofolif
ou pointe du Serrail,
Qn laifle dpnc le Serrail à main gauche, ôC
to u rn an t îe VaiiTe.au du .côte de Sputari, 04
xire tout droit vers un Rocher , fur lequel il
Tout de y a une Tour quarrép .environnée d une mur
Leandre. râilfe dp la mçaie figure 3 au bas de laquelle pn
-yoit plufieur? pièces de canon, qui paroidenp
^ux embrafur,es, .BLes Tvues appellent cette
T p p ?
É K ËGYPt iE; S Y R I E 7 & & tfi/f
Tour Kfes - calafi, ou le Château des Vierges, ôc
les Européens la TourdeLcandre, mais fans aucun
fo n d em en t, car ce ne fut pas dans cet
endroit que Leandre traverfa la Mer à la
nage pour aller voir Hero fa Maîtrefle mais
ce fut aux Dardanelles} comme nous le dirons
dans la fuite.
On ne fauroit rien v o ir , ni même s’imaginer
rien de plus charmant que cet abord de
Conitantinople. On fe trouve au milieu de
trois grands bras de Me r , dont l’un vient du
Nord -Eli, l’autre va vers le Nord-Oüeft, &
le troiiîéme, qui eil produit par les deux autres
, fe va décharger au Midy dans ce grand
fiafïlnde laPropontide. Cestroisbras de Mer
arrofent de côté & d’au tre , tan t que la vue fe
peut étendre , des Campagnes qui aboutirent
infeniîblement à pluiieurs ColTines, qui toutes
font couvertes de maifons de plaifance,
ide Jardins & de Kioskj. Et plus ces trois grands
Canaux ou bras de Mer approchent d e là Ville,
plus eft grand le nombre des maifons qu’on
•y apperçoit. Elles paroiffent toutes élevées
les unesifur les autres en forme d’Amphithéâ-,
t r e , comme fi elles vouloient elles-mêmes ,
pour ainïi d ire , avoir leur part du plaifir que
donne unefi belle vûë. Parmi toutes ces mai-
fons, qui font peintes en une infinité de faisons
differentes, on voit un nombre incroya-
Tom. J. E f ble