'37^ V oyage aü. 'Le v a n t g
jufqu’ à'y y ô u lô k faire de la dépenfe. Audi
11’eff-ce pas i’u fa ge ch e z eux d’en avoir dans
les maifons pour fervir d’ornement , h’ ayant
en general nulle inclination pour les beaux
arts ni pour les ouvrages curieux.
J’ ay pourtant fait voir à plufieurs perfon-
•nes de diftindion quelques portraits de Dames
de cês païs-là, à quoi ils fembloient prendre
grand plaifîr , ajoutant en même - tems
■ que leur Loy ne leur permettoit pas d’en
avoir, f l m’ a rr iv a , étant au C a ir e , quelque
chofe d’aflez plaifant fur ce fujet. Un homme
de confidération me demanda quelques
portraits que pavois peints e n p e t it , de qui lui
plaifoient beaucoup , afin de les faire vo ir a
lés Femmes , à quoi je lui répondis que s’i l
me vouloit mener chez elles > je les porte-
rois avec moi pour les-leur montrer $ il me d it,
en me regardant avec quelque étonnement,
que cela étoit contre leur Loy j il efl aufïi contre
la mienne , lui répondis ^ je , de donner
ces chôfes pour les faire voir avant que. d’en
être payé. Il le mit à foûri-re , vo y an t bien
que je ne me fiois pas trop a lui ; de de fait je
craignois qu’il ne me les rendit pas, de que les
retenant il ne fût trop difficile d’en tirer le
payement.
: Comme Mahomet, aidé du Moine Sergius,
a fabriqué fon Alcoran de quelques* compila^
. . rions
• e n E g t p t e , S y r i e 7 3 7 7
tions qu’il a faites du Vieux de du Nouveau
T e ft ament, les mêmes viandes que les Juifs
regardent comme impures, font auffieflimées
telles que les Mahometans: C ’eft ce qui efl
caufe p ar pour rien du monde ils ne you-
droient manger de la chair de Pourceau. faî
(a) H efl bon cependant
de remarquer ici que la défende
de manger de la chair
de Pourceau n ’eft pas un
précepte de l’Alcoran : Elle
n’efl fondée que fur l ’au-
thorité du Tatilim» qui efl; un
.de leurs Livres Saints j cependant
ceux qui violent
cette Loy font maudits j &
-elle efl: obfervée avec autant
d’exaétitude que les
. préceptes les plus formels
de l’Alcoran. Il en efl de
même de la défenfe déboire
du vin , qui efl: contenue
»dans le même Taalim ; &
l ’Auteur de ce Livre la fonde
fur uâe Hiftoirel>ien differente
que celle qu’on raconte
de Mahomet & que
nôtre Voyageur a rapportée.
La voicy j il y avôit au1
trefois deux Anges nommez
*Arot > | | f Maroc» qui
croient deftine^ â gouverner
le monde, ayec défen-
Tom* L
non
fe de boire du vin. Une femme
parfaitement belle f les
invita un’ jour de venir dîner
chez elle, afin d’être les
médiateurs d’un différend
qii’elle avoir avec fon mari.
On leur fervit du vin, & les
deux Anges le trouvèrent fi
bon qu’ils en burent un peu
trop. Echaufez par les vapeurs
de cette liqueur, ils
commencèrent à en conter
k leur hôteffe , qui fe
trouvant embàrraffée, leur
demanda de quelles paroles
ils fe fer voient pour aller au
Ciel, & les ayant apprifes,
elle difparut à leurs yeux ;
& s’étant transportée juf-
qu’au Ciel >.où ayant expo-
lé fes plaintes devant le
Trône de Dieu » elle fut
métamorphofée en étoile,
& les deux Anges prévaricateurs
furent çpndamnez
à demeurer jufqu’au joue
du Jugement pendus par les
B b b
Viande*
impures.