Danger
que'courut
le Rcfident
Col) ers éc
toute fWa-
mille3 par
l'imprudence
de quelques
uns dé
Tes Dome-
fiiques; .
48£ . V o y a g e au L evan*t ƒ
cto it bien eftimé à environ cinquante nulle
perfonnes; ce qui fut caufe qu’il s’écoula bean-
coup de tems avant que toute cette Cuite fut
paffée. La feule chofe qui me choqua, c ’eft le
peu d’ordre qui fut o b fe rv é , fur-tout parmi les
gens de pied ; ils alloient quelquefois pêle-»
m ê le , comme un troupeau de moutons * fans
obferver ni rang ni file , ôc fans qu’aucun O fficier
les en reprit ; La joy e démefurée qu’ils
a vo ien td e leur viéloire les avoit rendus tout
farouches, ôc peut-être qu’elle les auroit em^
pêché d’obéir aux Ordres de leurs Commandants,
L a difcipline dans ces pccafions n ’ a
point de lieu chez les Turcs,
L’imprudence de quelques-uns fies Dôme*
ftiques de ML le Réfident penfa nous
acheter bien;cher le plaifir que nous avions
eu à vo ir cette Entrée. Comme nous; allions
au lieu où nous avions laiffê nos Barques * afin
de retourner à F e ra, nous rencontrâmes dans
unexuë-où demeuroit pn de& priùpipanx des
T u r c s , quelques-uns de fes Domefliques qui
étoient devant la porte : fes gens vo y an j une
affez grande compagnie de Ffançs $ Ôc en-
tr’eux Madame la Réfidente q u iç tq it vêtue â
4a Hollandoife * nous dirent quelquesinfblen*»
pes, Deux ou trois de nos Domefliques qui
avoient un peu trop b ù , &: quipar confisquent;
avoient moins d^ tetenuë qn’ils n en ^ur oient
en
I N t E P Y P T E , S Y R I E -, r & C . 4 8 7
eù fans cela, ( car il faut dans de femblables
occafions faire la fourde,oreille f fur-tout à
Conflantinopl ë) prit ent 1 a libe rté * s’app ayant
fur- le refpêlt qu’on devoit avoir pour leur
Martre , de leur repondre fur le* meme ton..
Ces T tires entrèrent là-deffus dans lamaifon,
où ils prirent quelques bâtons, tels qu’ils en
ont ordinairement à la main , &; v in ren t fondre
fur nous. Monfieur Coljers qui connoif-
foitr le génie de la N a t io n , ôc qui fia vo it par
confisquent quelle fuite cela pouvoir avoir ,
fe mit fagement entre deux , ôc tâcha d ’ap-
paifer la côlere des Turcs , remettant la faute
fur l’ignorance de fês Domefliqués: Madame
fà femme, & Mademoifelie Claire leur fille ,
quf f^ait fort bien la Langue Turque , Sc qui
ùtoit vêtue à la maniéré du pais 1 mêlèrent
leurs paroles douces ôc honnêtes à celles de
Monfieur le R é fid en t, & firent tant qu’ils ap-
paiferent les Turcs ôc leur firent entendre raifort
, defbrte que nous continuâmes notre chemin
fort contents d e n ê t r e fortis fi heureüfê^
ment. Je vis par expérience, dans cette occasion
, que l’efeorte des Janiffaires ne fiert pas
beaucoup-quelquefois^ car les Turcs n’eurent
pas beaucoup d’égard pour ceux que nous
avions a ve c nous Ôc ceùx-cy au lieu de fe Tern
ir de leurs bâtons, employèrent les parolès
les plus douces qu’ils purent trouver : Mais
auflt