V o y a g e au L e v a n t ; «
non pas même la toucher , jufques - là que.
leurs Cordonniers ne fe fervent point de leurs,
foyes , ce qui eft caufe qu’ils ont beaucoup
de peine à coudre leurs PapoUches. Les Turcs»
ne mangent auÆ jamais avec les Chrétiens *
- fans demander auparavant s'il n’y a point de
chair de Pourceau mêlée parmi les viandes
ou dans l ’a p p r ê t &. lors qu’on leur a répondu
que non , ils mangent en toute confiance
parce que , comme ils ne font pas trompeurs
ils ne croyent pas non plus que les Chrétiens
les voulurent tromper. Ils ont aüiu en horJ
reur les.grenouilles , les tortues ,. les limaçons
, &c autres lemblables animaux défendus,
chez les Juifs , ôc ils portent h loin Lwerhoni
qu’ils en o n t , qu’un dévot Mahometàn fouf-
friroit plutôt la mort que d’en manger. ,
L ’ufage du v in leur eft aufli défen du ^ ou du
moins on les exhorte à n’en point boire ,. Ôc
v o ic y quelle.fut l ’occafton de cette défenfe^
Raifonde Mahomet palfant un jour par un certain Vil^
lu vin.D 6 l ag e y v it une grande réjoüiftance.a une No*
cè j comme c ’étoit le v in qui caufoit ce tteb e l-
le humeur il fit grand cas d’une liqueur qui
étoit
pieds & attachez à de grof
fes chaînes de fer dans le
Puits nommé Babil. Telle
eft la gravité de la plupart
des livrés Mahometans >
dont leurs Doreurs explt
quent lés.prétendus Mifte-
res par des allégories for-
i cées*
E N" E G Y i? T E ', ‘S Y R I E &C. 37^
'■ etoit fî propre à é^â^er hèfprit : mais repaf-
fan t le loir ouïe lendemain par le même lieu,
il v it de tous cotez-du fang répandu, U comme
il apprit que c ’étoient ces gens qu’il avoit
yûs .fi g a is , qui s’étoient b a ttn s^ entre-blef-
f e z , iit méprifa bien plus le v in , qu’il ne l’a-
Vo it loué d’abord, ôc confeillâ aux liens de
n’en boire jamais. Mais les Turcs en trouv
e n t le g o û t li d é lic ieu x , qu’ils ne fe mettent
pas en peine de cette défenfe de leur Prophèt
e , pourvu feulement qu’ils le puilfent faire
en cachette Sc fans faire p a rlefte monde. Et
iorfqu’ils fe. trouvent; chez des Marchands
C h ré tien s , de la difcretiôn defquels ils font
afturez, ils paftent quelquefois tellement la
mëfure qu’ils ont délia peine a s’en retourner
chez eux. Cependant quand il|tombe feulement
une goûte de v ln far leurs h a b its , quelque
goût qu’ils ayent d’ailleurs pour cette l i queur
, ils rie laüTerit pas d é j’efluyer.kvéc tout
le foin imaginable , d’où il eft aifé de çon^
clure que. la> différence que les Mahométâns
mettent.entre le pur ôc l ’impur çon fiû e plus
dans l’%térfeurtq^p dans l ’intérieur , .& qu’ils
-ne craignent pas tant de fafir leur a me que
leur corps* , .
Entre le s 'chofes qui leur font défendues ;
il n.e faut oublier l ’ufuije ., ou pour mieux dire
,1a défenfe de.prêter de l ’argent a in térêt ,; çe
B b b ij qu’ils