Mais il ne faudrait pas conclure de là que l’effet de
l’allongement des filets se produit de leur base respective
à leur sommet, car c’est précisément le contraire
qui a lieu.
Ce qui nous le prouve b ien , c’est que les ondulations
que nous venons de signaler, et qui ont également
été observées par M. de Mirbel ; ondulations qui
démontrent, d’une part, une grande force de traction
produite par le développement du tissu cellulaire, et,
de l’autre, une grande résistance produite par l’adbé-
rence des filets au corps ligneux, sont parfois situées
au milieu de la longueur des filets. Ces filets ont donc
résisté un certain temps à l’effort qui les poussait eu
quelque sorte vers le centre et qui a produit les ondulations;
ils se sont donc ensuite allongés naturellement,
sans effort, en un mot, normalement.
Je ne puis, sous ce rapport encore, m’accorder
avec M. de Mirbel qui, après avoir parlé une première
fois de ces ondulations, dont ii n’a pas fixé la position
[Comptes rendus, 7 octobre 1844, p. 595, lig. 4),
dit (p. 696, lig. 32) : « On aperçoit déjà dans bon nom-
(I bre de filets naissants les replis en zigzag que j’ai
« signalés dans la région centrale. «
Dès que M. de Mirbel voudra bien nous dire d’une
manière précise où il a vu ces filets naissants, nous
lui soumettrons quelques-unes de nos observations
sur ce p o in t, ainsi que sur celui des filets du centre
de la soucbe des jeunes Dracæna [Cordjline australis)
qui, selon lui, se portent incessamment vers la
circonférence (p. 699, lig. 30). Disons pourtant d’avance
q u e , pour nous, ces deux pbénomtaies sont
également impossibles (1).
Le décollement des filets intérieurs, et leur passage
de la région intermédiaire à la région centrale, est
un fait nouveau très-remarquable, très-important, et
qui jettera un grand jour sur les phénomènes qui se
rattachent à l’organisation interne des tiges des Monocotylés,
ainsi que sur les fonctions physiologiques
de ces végétaux, et de leurs parties prises aux diverses
périodes de la vie.
Des considérations physiologiques sur ce sujet nous
conduiraient trop loin ; nous y viendrons forcément
un peu plus tard.
Ce transport des filets de la région intermédiaire
dans la région centrale est très-abondant, à tel point
même que si cette tige de Cordjline, qui n’a maintenant
que trois à quatre centimètres de diamètre, pouvait,
comme je le crois, en acquérir trois ou quatre
fois plus, il arriverait un moment où presque tous les
filets qui, en ce moment, forment sa région intermédiaire
ou ligneuse, feraient partie de sa région centrale.
De tout ce que je vous ai dit jusqu’à présent sur le
(1) L à , encore, ligne 30 et suivantes, se trouve une énorme
contradiction. « Remarquons, dit M. de Mirbel, que, dans le stipe
u et la souche des jeunes Dracæna {CordyUne australis), les filets de
u la région centrale se portent incessamment vers la circonférence
« et contribuent à former ainsi la région intermédiaire. >>
C’est précisément ce que je soutiens pour les tiges (stipes) ; mais
je le nie pour les souches !