Aussi, jamais un re])roclie ni nn blâme ne sortiront
de ma plume ; je [)artirai de ce principe accepté de
tout le monde, que tous ces bommes avaient le désir
de bien faire ; et que ceux-là qui ont le moins bien
réussi, tout en travaillant beaucoup, sont plus à plaindre
qu’à blâmer.
Jamais surtout on ne trouvera, dans ce travail, une
critique sévère et cauteleuse, une expression ambiguë
ou dérisoire plus ou moins bien déguisée, par la forme,
sous l’apparence de la plus exquise urbanité ; un mot
amer ou dur cacbé sous des paroles douces et onctueuses
; e t , pour tout dire enfin, une intention de
blesser ou de nuire, sous le masque trompeur d’une
affectueuse bienveillance. Je donnerai aux bons travaux
la valeur et tout le relief qu’ils méritent et laisserai
dans l’oubli ceux qui ne valent pas la peine d’être cités
ou qu’il serait dangereux de remettre en mémoire ; et
j ’en connais beaucoup de cette dernière catégorie.
Je dirai la vérité partout et pour tous et ne m’exposerai
jamais à m’entendre dire « que je n’indique pas
toujours le but où se dirigent mes coups (1 ). »
Mais enfin, le savant qui, en 1843 et 1844, a si sé vèrement
attaqué mes travaux, reconnaît aujourd’hui
que les végétaux monocotylés se développent et s’acnaturellement
celles qui se rattachent à cet être de raison connu
sous le nom de cambium, nom funeste auquel il faut attribuer toutes
les erreurs qui se sont commises, et les entraves qui, depuis
bientôt deux siècles, ont incessamment arrêté la marche de la
science.
(I) Aubert Dupetit-Thouars, Treizième E s s a i,\i. .
croissent comme les Dicotylés, et dès lors sont exogènes;
c’est un aveu capital qu’il faut se hâter de constater,
tout en regrettant seulement que, sous ce rap-
])ort, il soit arrivé le dernier.
Le nouveau travail de notre savant confrère n’étant
(|ue la continuation de celui qu’il a publié en 1843,
ses idées, à quelques modifications près, étant les
mêmes, nous pourrions nous en référer à nos notes
de 1843 et 1844, et surtout aux anatomies que, dès
ce temps, nous vous avons montrées ; anatomies qui
conserveront toujours, tant qn’on ne les aura pas brûlées,
leurs puissants caractères, et qui aujourd’bui
sont suffisamment connues de tous les botanistes, et
tellement positives, tellement claires, tellement concluantes,
qu’on n’osera jamais les attaquer en face !
Nous pourrions aussi nous abstenir de vous fournir
de nouveaux faits et de nouveaux arguments, si le hasard
n’avait fortuitement on, pour mieux dire, providentiellement,
mis dans nos mains une tige du même
Cordjline australis, qui a servi de base au dernier
mémoire de M. Mirbel, et que nous allons pour ainsi
dire charger de répondre pour nous, de contester et
détruire, une à une, toutes les assertions avancées par
ce savant sur l’organisation de cette plante; si, de
plus, le zèle éclairé d’un honorable et très-savant botaniste
étranger, ami passionné de la vérité, ne nous
avait déjà fourni quelques-unes des expériences que
nous l’avons prié de faire sur les Dracæna, qu’il s’est
empressé d’exécuter, et que nous allons décrire et
faire passer sous vos yeux.