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La savante pratique de M. Vinson vient donc confirmer
et fortifier même la tlu'orie, et prouver, ainsi
qne nous l’avons déjà fait, que la saccharification
est progressive et marche avec les développements
successifs des phytons, de leurs organes, de leurs tissus
; et enfin qu’elle agit toujours de bas en haut,
ou, ce qui revient au même, du cenlre à la circonférence.
Supposez, en effet, qu’à la place de ses longs méritballes
articulés, la canne à sucre en ait de très-courts,
non articulés, et que les vaisseaux radiculaires de tous
les phytons descendent successivement les uns au-
dessus des autres, de manière à former des couches
concentriques, comme on le remarque dans certains
Dracæna, Cordyline, Yucca, etc. ; les couches du centre
inférieur (1 ), qui seront réellement les plus anciennes
de tout le végétal, seront aussi naturellement chargées
d’une plus grande quantité de matière sucrée.
La démonstration exacte de ce fait nous est donnée
par le Phoenix sjlvestris, dont les habitants des Indes
orientales retirent le vin et le sucre de palme, au
moyen de fortes entailles alternes qu’ils pratiquent
successivement et annuellement de la base au sommet
des troncs.
Plus les entailles voisines de la base de ces stipes
sont profondes, plus les produits liquides qu’on en
retire sont abondants et riches en matière sucrée ; tan-
(1) Les couches centrales d’un point quelconque de tige de Monocotylé
et de Dicotylé sont toujours les plus anciennes.
dis que celles du sommet, que l’on pratique souveut
jusque dans le bourgeon terminal, donnent des résultats
inverses.
Tels sont du moins les renseignements qui nous ont
été donnés et qui s’accordent parfaitement avec les
principes d’organographie et de physiologie qne nous
avons exposés et que nous venons de reproduire pour
la canne à sucre; puisque les parties centrales de la
base de ce palmier ( 1 ) représentent exactement, selon
nous, les mérithalles inférieurs ou les plus anciennement
formés de la canne a sucre, etc.
Ce ne sont donc pas les feuilles qui, dans les betteraves,
les maïs, les palmiers, la canne à sucre, e t c .,
sécrètent les principes sucrés, mais bien les tissus tigellaires,
radiculaires ou concentriques, el particulièrement
les plus anciens de la base, comme dans la
canne à sucre (2 ), ou du centre inférieur, comme dans
les betteraves, les palmiers, etc.
(t) On peut voir ce palmier dans les grandes galeries phytologiques
du Muséum. Nous le devons à l’extrême obligeance de notre
savant confrère, M. le docteur Wallicb, q u i a bien voulu nous l’envoyer
de Calcutta, pour nos prochains travaux de physiologie.
(2) Il ne sera pas inutile de remarquer ici q u e, dans la canne a
sucre, l o r s q u e les phytons du sommet se développent encore, ceux
de la hase, dont les mérithalles tigellaires sont de plus en plus
chargés de sucre, ont leurs feuilles épuisées, jaunies, souvent complètement
flétries ou mortes.
La saccharification marche donc en raison inverse de la vitalité
des phytons, de leurs organes, de leurs tissus.
Nous reviendrons sur ce sujet important en traitant de la maturation
des fruits, du phénomène de l’étiolement natusel et artificiel, etc.