r é f u t a t io n d e s t h é o r ie s
ques de Vellosia aloifolia, que voici encore, dont un
disséqué par macération dans l’alcool, vous présenté
neftement sa lige grêle et ses racines libres.
Mais je ne vous ai pas dit de quelle nature sont les tiges
de ce Vellosia et comment elles croissent en bauteur
(.es tiges sont tout à fait analogues à des bulbes qui
se développeraient d’une manière continue, régulièrement
et uniformément les unes au-dessus desaufres
fconiine celles d’un Allium porrum qui serait vivace)
et se confondraient ensuite en une seule tige cvliiv
dnqne; souvent aussi elles se développent les Îines
après les autres, non au sommet, mais dans l’aisselle
des feuilles plus ou moins rapprochées de ce sommet,
comme nous le remarquons dans une foule de Monocotylés
herbacés, qui se multiplient par caïeux ou
bulbilles.
Le Vellosia aloifolia, selon qu’il produit des rameaux
a feuilles ou des rameaux à fleurs, paraît offrir
ces deux modes de développement (1).
Dans le premier cas, la tige centrale est droite reguliere,
cylindrique; dans le second, elle est mo’nili-
forme, un peu sinueuse et composée de bulbes arrondies,
presque distinctes et en quelque sorte alternes
c est-a-dire situées tantôt à droite, tantôt cà gauche.
Dans ce dernier cas, dont j ’ai l’honneur de vous
(1) Cette opinion est celle d’un célèbre anatomiste qui a aussi
(:itu(he C e fait important.
Je reviendrai plus tard sur cette interprétation et sur une autre
que J avais provisoirement adoptée, et à laquelle je n’ai pas entièrement
renoncé.
montrer un exemple, chaque bulbe représente la végétation
d’une année, laquelle se termine au sommet
organique par une ou deux fleurs (1).
La plante serait donc herbacée, annuelle et réellement
bulbeuse, si chaque bulbe n’avait la faculté de
produire des bulbilles ou des caïeux. Un bulbille naît
dans Faisselle d’une feuille, repousse la bulbe mère
vers la droite ou vers la gauche, et, en assurant ainsi
la végétation de l’année suivante, perpétue l ’existence
du végétal.
Vous connaissez, messieurs, un grand nombre
d’exemples de plantes de tous les groupes, dont les
tiges vivaces, ordinairement couchées ou rampantes,
meurent par leur extrémité inférieure au fur et à mesure
qu’elles croissent par leur extrémité supérieure
(tous les anatomistes sérieux connaissent les causes
de ce phénomène); et vous savez tous que la plupart
des plantes bulbeuses (2) perdent leurs bulbes anciennes,
épuisées par la floraison et la fructification, à mesure
qu’elles en produisent de nouvelles.
Eh bien, j’ai tout lien de croire (3) que c’est à un
phénomène de cette dernière nature qu’il faut attribuer
le manque de tige que nous remarquons dans ce
nouveau Vellosia, et qu’au fur et à mesure qu’il se
produit de nouvelles bulbes au sommet, les anciennes
(-1) Il est bien mutile de dire que c’est dans l’aisselle des deux
dernières feuilles du sommet de ces bulbes que naissent ces fleurs.
(2) Les véritables tubercules sont dans ce cas.
(3) Si je m’exprime a in si, c’est que je n’ai pas été à même
d’étiidier cette plante et que je n’en connais pas le bourgeon.