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defends, pour qu’il ne soit plus nécessaire d ’y revenir.
Cependant, qu’il me soit encore une fois permis de
dire que M. de Mirbel considère un végétal comme
un individu simple, et que je le regarde, moi, avec
Aubert Dupetit-Tbouars et cent autres botanistes,
comme un assemblage d’individus.
En effet, pour M. de Mirbel, si j ’ai bien su l’inter-
preter, un végétal monocotylé, par exemple un Dracæna
australis ( Cordjline australis), est un être unique,
d’où sortent des feuilles et naturellement des
rameaux, des fleurs, des fruits et des racines; un individu
à part, homogène, sans type organique possible,
jouissant seulement du pouvoir de former dans
son sein des tissus cellulaires, et qui, au moyen d’un
phyllophore, d’un tissu générateur (qui probablement
est destiné à remplacer le cambium), d’une périphérie
interne (qui me parait digne d’entrer en ligne de
compte, quoiqu’elle soit encore problématique), d’un
collet, et parfois de racines auxiliaires, etc., etc., a la
faculté de donner naissance à des filets q u i, quoique
de plusieurs origines ou sources, sont partout de nature
identique, et dont par conséquent les uns pro-
viennent de la péripbérie interne du phyllophore et
montent dans les feuilles, et les autres du collet et
peut-etre aussi des racines auxiliaires ; ceux-ci ne différant
des premiers qu’en ce qu’ils jouissent de la
double faculté de s’allonger par les deux bouts, c’est-
a-dire de monter, d’un côté, depuis le collet jusqu’au
sommet des tiges ou stipes, dans le phyllophore et de
ÉTABLIES PAR M. DE MIRBEL. 237
là dans les feuilles ; et, de l’autre, de descendre de ce
collet jusqu’à l’extrémité des soucbes et non dans les
racines (1).
En sorte que ces derniers filets, qui sont partout de
même nature, ont leur point de départ au collet, s allongent
simultanément ou alternativement par le haut
et par le bas (2).
11 est bien clair, d’après cela, que si M. de Mirbel
faisait un peu descendre les filets qu il fait naître dans
le pbyllopbore, il ne ferait que reproduire les premières
idées de l’illustre Aubert Dupetit-Thouars,
idées que, fort heureusement, ce digne savant a eu le
temps de rectifier lui-même.
Nous sommes en mesure de prouver q u e , sous le
rapport organographique, le collet est un etre imaginaire.
Constatons cependant que M. de Mirbel fait
descendre, à partir de la limite du s o l, les filets jusqu’à
la base des soucbes; nous avons ainsi l’explication
des causes produisant les racines ; il ne nous
reste plus qu’une tâche à remplir, vis-à-vis des per-
(1) L’Académie se souvient queM. de Mirbel, dans son mémoire
sur le Dattier, fait monter des filets de toutes les racines auxiliaires
sur le stipe. Il est regrettable qu’il ne nous ait rien dit des facultés
quelconques de celles du Cordyline australis.
(2) Mais si les filets du Cordyline a u s tra lis , dont nous connaissons
maintenant toutes les origines, sont partout de même nature,
comme dans le Dattier {Comptes ren d u s , t. X V I, p. 1 2 3 0 , 1. 28
à 31 ), pourquoi ceux qui partent de la péripbérie interne du pbyl-
lophore ne descendraient-ils pas aussi un peu par leur extrémité
inférieure, ainsi que Font primitivement pensé Aubert Dupetit-
Thouars et beaucoup d’autres anatomistes ?