Cel ouvrage, qui va paraître, n’est encore conmi
que par quelques exemplaires d’un tirage à part.
J’ai dû naturellement en offrir un à M. de Mirbel.
Depuis ce temps, il ne m’a jamais rencontré sans
me dire, affectueusement il est vrai, qu’il allait m’attaquer.
Je m’en réjouissais, messieurs; car, si je me suis
trompé, mon voeu le plus ardent est de sortir d’erreur ;
je l’ai déclaré précédemment et je le déclare encore.
Malbeureusement, M. de Mirbel ne s’est pas borné
à des menaces; il m’a vivement critiqué dans des
lieux où il ne m’était pas permis de me défendre.
Que pouvais-je faire, sinon attendre ?
Le 3 juin dernier, M. de Mirbel, que j’eus l’bonneur
de rencontrer, me prévint que ses attaques devaient
avoir lieu le surlendemain lundi, ici, à l’Académie, où
je l’attendais depuis longtemps. Je ne pouvais donc
me méprendre sur ses intentions, puisque j’étais si
positivement averti ; puisqu’il ne s’est occupé au fond
que de mon travail, dont il n’a fait d’ailleurs que
transposer les éléments.
Je ne pouvais non plus me méprendre sur les
expressions jetées dans tout son mémoire avec la
grande habileté qu’on lui connaît.
Ainsi, les préoccupations d'esprit, les influences d’i-
dées préconçues, les faute de mieux savoir, les observateurs
novices, etc., sont autant de qualifications qui
m’étaient directement adressées, mais que rien n’autorise
et ne justifie, et dont je laisse la responsabilité à
M. de Mirbel.
Je fus surpris toutefois de sa détermination, d’autant
plus que je m’étais figuré que le retard qu’il avait
apporté à l’exécution de son projet d’attaque, était dù
à celui que le huitième volume des Savants étrangers
avait mis à paraître, et qu’il attendait généreusement
que cet ouvrage fût remis à tous les membres de l’Académie,
pour commencer, pièces en main, une discussion
d’où pouvait jaillir quelque lumière (1).
Mes recbercbes sur l’organograpbie et la physiologie
ont, comme on le sait, été faites en très-grande
partie sur les végétaux des régions tropicales, au Chili,
au Pérou, et plus particulièrement au Brésil. Elles
m’ont conduit aux faits généraux et très-positifs d’où
sont nées mes théories et mes fortes convictions.
De retour en France, j’ai renouvelé ces recherches
sur les végétaux indigènes, spécialement sur ceux qui
sont le plus communs, et qu’on a toujours sous la
main, et ceux-ci m ’ont donné des résultats, sinon aussi
beaux, du moins aussi complets.
Je m’attendais donc à voir les attaques de M. de
Mirbel reposer sur des expériences contradictoires
faites sur des plantes indigènes, puis appuyées de
preuves puisées dans d’autres végétaux tels que le
Dattier (Phoenix), le Chamærops, le Xanthorrlwea.
Rien de tout cela n’a eu lieu ; il s’est présenté devant
vous avec un grand ouvrage dont les matériaux n’ont
rien de commun avec ceux que j’ai employés, mais
(1) Grâce à l ’obligeance de MM. les Secrétaires perpétuels, cet
ouvrage est depuis huit jours en distribution.
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