Par des expériences nombreuses faites sur le tilleul,
le peuplier, le frêne et tous nos autres végétaux ligneux,
expériences que je décrirai dans ma Phjsiolo-
gie, j ai constaté que, depuis les premiers jours du
printemps jusqu’à la fin d’octobre, on peut, à l’aide
de circonstances favorables et par un procédé aussi
simple que facile, obtenir à part des vaisseaux radiculaires
distincts; en un mot, que ce phénomène a lieu
tant qu’il se développe des bourgeons et des feuilles.
Dès que les vaisseaux radiculaires cessent de descendre,
ils sont enveloppés par les fluides cellulifères
descendants et rayonnants précités, au sein desquels
ils finissent même par disparaître entièrement. En
sorte que, de. striées et rugueuses que sont ces tiges à
la circonférence du corps ligneux pendant le cours de
la descension des tissus radiculaires, elles deviennent
unies et parfaitement lisses dès que les feuilles cessent
de se développer.
Ces détails, dans lesquels j’aurais désiré ne pas entrer
encore, parce qu’ils seront reproduits en détail
dans une autre partie (ma. Physiologie), pourront,
tout superficiels qu’ils sont ici, servir à l’intelligence
des phénomènes offerts par l’expérience qui m’en a occasionnellement
fourni le sujet, et à laquelle je reviens.
En coupant la tige principale, puis une branche
près du tronc, puis enfin la seconde branche au-dessus
de deux rameaux et même l’un de ces rameaux, j’ai
privé la tige principale de tous les vaisseaux radiculaires
qui eu seraient descendus. Il y a donc eu un
moment d arrêt, pendant lecjuel le rayonnement des
ET LA PHYSIOLOGIE DES MONOCOTYLÉS. 121
fluides cellulifères a eu lieu. Ces fluides ont plus ou
moins complètement enveloppé tous les vaisseaux formés,
avant l’opération, par la tige, par la branche et
même par le rameau conservé.
De nouvelles feuilles se sont alors formées sur le
rameau iso lé, et leurs vaisseaux radiculaires sont descendus
le long de ce rameau, de sa branche et du
tronc, à la circonférence de tout ce qui s’était antérieurement
produit.
Mais le rameau, relativement à la branche et surtout
au tronc, est fort petit. Comment les vaisseaux
radiculaires qu’il a produits ont-ils pu recouvrir la
branche et surtout le tronc principal? C’est, comme
on peut s’en assurer d’après cette pièce, en s’écartant
de plus en plus les uns des autres au fur et à mesure
qu’ils descendaient.
En effet, on voit très-distinctement que ces vaisseaux
, qui sont fortement pressés les uns contre les
autres dans le rameau, s’écartent de plus en plus sur
la branche, et qu’ils sont réellement très-espacés sur
le tronc.
Comme vous le voyez, messieurs, les vaisseaux radiculaires
forment, pour ainsi dire, la chaîne des tissus
ligneux, et les fluides cellulifères, dès qu’ils sont solidifiés,
la trame.
On me contestera certainement l’origine de cette
trame, comme on me conteste avec plus ou moins de
forme celle des tissus tubuleux radiculaires; mais,
dans ce cas comme dans to u s, je répondrai par des
fails.