Au nombre de ces dernières, il en est une qui mérité
peut-être l’attention de l’Académie. La voici :
Au mois de février 1842, je fis, avec une scie, trois
entailles profondes sur une racine de peuplier ([ui
avait été dénudée par l’action des eaux. Ces entailles
étaient ainsi disposées : une supérieure vers le sol, une
moyenne extérieure, et une inférieure encore vers le
sol et au-dessous de la première.
Vers la fin du même mois, il y eut, dans la localité,
im très-fort coup de vent. L’agitation de l’arbre s’étendit
jusqu’à la racine, et celle-ci se brisa de la seconde
entaille à la troisième. De cet accident il est
résulté que la partie inférieure de la seconde entaille
s’est éloignée de la supérieure, et que la partie supérieure
de la troisième s’est rapprochée de l’inférieure.
Les tissus ligneux se sont arrêtés au bord supérieur
de la première et de la seconde entaille ; mais arrivés
à la troisième, dont les bords étaient en contact, il
les ont greffés. Nous trouvons ici, comme partout ailleurs,
la preuve évidente de la descension des tissus
ligneux qui tendent sans cesse à franchir, de haut en
bas, tous les obstacles qu’ils rencontrent, et qu’on voit
ici s’étendre latéralement sur la base de la racine.
S’ils remontaient, cette partie inférieure de la seconde
section en serait recouverte, car elle était très-vive ef
couronnée par un bourrelet cellulaire assez considérable.
Une expérience, que je connaissais déjà, et qui
m’avait été indiquée par notre savant confrère M. De-
lile, professeur de botanique à l’École de Médecine de
ET LA PHYSIOLOGIE DES MONOCOTYLÉS. 413
Montpellier, me restait à faire sur les racines, et je
l’ai opérée avec le plus grand succès.
Elle consiste à couper transversalement et entièrement
une racine, à maintenir, au moyen d’attelles, les
deux parties en rapport, et à les couvrir de terre après
les avoir convenablement enveloppées de plusieurs
doubles de papier, afin de les préserver de l’action
immédiate des corps étrangers.
J’ai l’honneur de montrer à l’Académie une de ces
greffes complète, une seconde qui ne l’est qu’en partie,
et une troisième qui, sans attelles, sans enveloppes
et sans aucune précaution, a été abandonnée à l’action
de l’air.
La première provient d’une racine de frêne ; elle
offre cela de particulier, que les tissus ligneux arrivés
au bord de la partie supérieure ont pénétré dans la
fente, l’ont comblée, et en sont ensuite sortis pour
passer sur la partie inférieure.
La seconde m’a été fournie par une racine de peuplier.
Dans celle-ci, la fente est restée vide. Les tissus li
gneux arrivés au bord supérieur, y ont formé un
bourrelet qui, de proche en proche, a, sur plusieurs
points, gagné le bord inférieur.
Elle est incomplète.
La troisième vient également d’une racine de peuplier.
Elle montre que, malgré la déviation des parties et
les circonstances défavorables dans lesquelles elle a
été abandonnée, la greffe a commencé à s’établir sur